NEGOCIATIONS
ISRAELIENS/
PALESTINIENS
LAPAIXDESFEMMES
Source : vivreensemble.libre.bl
en ligne le 9 octobre
Des femmes pour faire avancer
le processus de paix israélo-palestinien
Par Carla Koppell*
et Rebecca Miller*
Washington
Comme les pourparlers israélo-palestiniens stagnent, les Etats-Unis devraient en profiter pour reconsidérer plus largement le processus de négociation. Les pourparlers précédents avaient souffert d'un manque de transparence et de complétude: pendant la majeure partie de ces vingt dernières années, un tout petit groupe de hauts dirigeants politiques s'est réuni à huis-clos, cherchant rarement à échanger des informations avec les parties prenantes. Si les négociateurs sont sérieux quant à une paix durable, ils doivent engager ceux qui importent le plus – leurs peuples, et les femmes en particulier, qui se sentent peu impliqués dans les discussions précisément parce qu'ils sont rarement consultés.
En août dernier, nous sommes rentrées d'un voyage à Ramallah, Tel Aviv et Jérusalem où nous avons travaillé avec d'exceptionnelles responsables de sexe féminin pour établir des recommandations visant à faire progresser les discussions israélo-palestiniennes. A cette époque, le président américain Barack Obama était sur le point d'obtenir les engagements pour une nouvelle série de négociations. Pourtant, des salles remplies de dirigeants intelligents aspirant à la paix ignoraient tout de la position ou des plans de leurs représentants. Du fait de ces secrets, une bouffée de pessimisme a obscurci les réunions. Ce pessimisme persiste.
La meilleure façon de donner aux populations concernées plus de poids dans le processus est d'ouvrir les discussions aux femmes. Les recherches montrent que lorsque les femmes sont intégrées aux négociations, elles soulèvent régulièrement des questions clé qui, sinon, seraient négligées par les négociateurs de sexe masculin. Parmi ces questions: la sécurité sur le terrain, la réconciliation à long terme et les droits de l'homme. Les femmes facilitent souvent les discussions croisées en marge de négociations officielles qui cultivent un investissement public dans les négociations. Quand elles sont officiellement impliquées, les femmes contribuent souvent à faire avancer les discussions.
George Mitchell, envoyé spécial américain pour la paix au Proche-Orient, a compris la valeur ajoutée d'une masse critique de femmes lorsqu'il est intervenu, en qualité de médiateur, pour trouver une solution au conflit en Irlande du Nord dans les années 90. Là-bas, la Coalition des femmes d'Irlande du Nord, un parti de femmes protestantes et catholiques, a fait en sorte que les discussions favorisent la réconciliation, a reconnu les besoins des victimes et des jeunes et a garanti le respect des droits de l'homme pour les prisonniers. En outre, elle a créé une structure pour une consultation soutenue de la société civile et construit des passerelles entre les parties en négociation.
L'inclusion des femmes a également porté ses fruits dans le cadre d'autres pourparlers pour la paix. Dans les négociations au Guatemala, les femmes ont assuré un équilibre entre le pouvoir de la police et le pouvoir civil et préservé les droits des travailleurs et ceux des indigènes tout en encourageant le dialogue et la tolérance. Dans les négociations de paix sur le Darfour, les femmes ont centré leur attention sur la protection civile et les droits des femmes.
Les leaders de sexe féminin de la société civile en Israël et en Palestine ont souligné que si elles avaient été consultées lorsque certaines zones étaient délimitées – comme indiqué par les Accords d'Oslo, le cadre pour les négociations à venir entre le gouvernement d'Israël et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) – , elles auraient suggéré de légers changements au tracé des frontières qui auraient pu considérablement améliorer l'accès à la terre et à l'eau et mieux conserver l'intégrité des communautés. Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a judicieusement annoncé il y a peu que, conformément au droit israélien qui autorise l'inclusion des femmes, la délégation israélienne en comptera une.
C'est un pas vers des processus moins discriminatoires mais un premier pas seulement. Les négociateurs palestiniens comptaient plusieurs femmes lors des premières séries de négociations à la conférence de Madrid et des pourparlers de Washington en 1991; elles ont eu de l'influence mais la délégation n'a désormais plus de femmes dans les plus hautes instances.
Les partisans de négociations secrètes soutiennent que le partage de l'information peut offrir des opportunités tactiques ou diminuer la confiance entre les parties impliquées dans les négociations. Ironiquement, c'est le contraire qui se révèle être le cas le plus souvent: la transparence peut entraîner les forces vers une résolution pacifique du conflit et contribuer à amener les parties adverses à s'entendre. Des recherches menées par Darren Kew, professeur associé spécialisé dans le règlement des différends à l'Université de Boston (Massachusetts) et Anthony Wanis-St.John, professeur assistant en matière de paix internationale et résolution des conflits à l'American University montrent un lien direct entre le caractère non discriminatoire des processus de paix et la probabilité de voir les accords perdurer.
L'hôte des prochaines négociations, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, a clairement saisi la nécessité d'une consolidation de la paix plus inclusive. En août 2009, elle soutenait que « les questions prétendument propres aux femmes étaient des questions relatives à la stabilité, à la sécurité et à l'équité. »
S'appuyant sur leur propre expérience, Mme Clinton et M. Mitchell devraient faire en sorte d'engager les femmes et la société civile dans le processus de paix au Proche-Orient en leur demandant des sujets à inscrire à l'ordre du jour des négociations; en organisant des consultations publiques avec des femmes et des organisations de la société civile pour entendre leurs points de vue sur les questions centrales; en créant un mécanisme consultatif officiel pour les groupes de la société civile afin d'apporter une contribution indirecte aux négociations; en nommant des conseillers ou des agents de la société civile pour prêter assistance aux délégations officielles; et en offrant aux groupes de négociation des sièges supplémentaires autour de la table des négociations pour le cas où des femmes viendraient se joindre à eux.
Les sondages montrent que la majorité des Israéliens et des Palestiniens sont las de la guerre et qu'ils aspirent à la paix. Il est temps de se servir des négociations pour faire pression dans ce sens et renforcer ce désir de paix. Il est temps de revoir le processus afin que les discussions s'avèrent fructueuses. Ainsi, la prochaine fois que nous nous rendrons au Proche-Orient, nous verrons que le pessimisme existant aura fait place à un optimisme contagieux et que les femmes, dans les deux pays, encourageront un large soutien du public pour des négociations couronnées de succès et inclusives.
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* Carla Koppell est directrice de l’ « Institut pour la sécurité inclusive » et du bureau à Washington de la Fondation ''Hunt Alternatives Fund'' (www.huntalternatives.org).
*Rebecca Miller est spécialiste de programmes principal à l’ « Institut pour la sécurité inclusive ».
(CGNews) avec l'accord de l' « Institut pour la sécurité inclusive ». Une première version de cet article est disponible sur www.inclusivesecurity.org.
9/10/2010
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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