LESPREJUGES
MISENPIECE
Source : lemonde.fr en ligne le 22 mars
Un feuilleton documentaire
dans la France des préjugés
La nouvelle pièce de Jean-Marie Besset, R.E.R., qui est présentée au Théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie de Vincennes, s'appuie sur un fait divers réel : l'histoire de Marie-Léonie Leblanc, la jeune femme qui avait déclaré avoir été victime d'une agression antisémite, dans le RER D, en juillet 2004. L'affaire avait fait grand bruit, jusqu'au sommet de l'Etat, avant de se dégonfler, quand Marie-Léonie Leblanc avait avoué avoir tout inventé.
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Jean-Marie Besset dit s'être inspiré d'un autre fait divers, américain cette fois : en 1988, une adolescente noire, Tawana Brawley, avait fait croire qu'elle avait été victime d'une agression raciste. Mais cette histoire-là n'apparaît pas directement dans la pièce, sinon à travers les propos racistes de la mère de Jeanne, le personnage principal.
Jeanne (Mathilde Bisson) est une fille un peu perdue, qui adore s'acheter des valises parce qu'elle rêve de voyage. Elle rencontre Jo (Marc Arnaud), immédiatement jugé arabe par sa mère (Andréa Ferréol), et vit avec lui, à Drancy. Il ne fait pas grand-chose, elle travaille comme caissière. Elle a cru au grand amour qui l'emmènerait au bout du monde. Mais elle s'ennuie.
Un matin où Jo part traîner aux Halles, à Paris, elle simule l'agression dans le RER. Herman (Didier Sandre), l'avocat qui la défend, est un bourgeois cultivé d'âge mûr, esthète, juif et homosexuel. Dans sa sphère rode un jeune ingénieur, A.-J. (Lahcen Razzougui), dont il est le protecteur et l'amoureux sans espoir. A.-J. est fou d'une étudiante (Chloé Olivères) qui se fait appeler Onyx parce que son vrai nom, Judith Bleistein, "faisait trop princesse juive".
L'universalisme républicain
Voilà pour le cadre : deux mondes socialement opposés dans une France où tout est confus, sauf les préjugés. Jean-Marie Besset tire sur ces fils, un peu comme dans un feuilleton-documentaire où l'on a l'impression de voir des cartons annonçant "Attention, racisme", "Attention, antisémitisme", "Attention, homophobie".
On ne décroche pas, parce qu'on veut savoir où tout cela mène. La pièce est bien construite, la facilité d'écriture évidente et la distribution attractive. Mais on s'interroge sur le nivellement qui tend à mettre au même plan les questions sexuelles et politiques, les bons mots anti-intellectuels et les indignations. On se demande aussi pourquoi un ingénieur de haut niveau devrait être aussi abruti qu'A.-J. et ne fasse pas le poids face à sa copine obsédée par Roland Barthes.
"L'universalisme républicain, au péril des revendications communautaires, est au coeur de la pièce de Jean-Marie Besset", écrit Gilbert Desveaux, le metteur en scène de R.E.R., dans la bible du spectacle. On aurait aimé que cela fût vraiment. R.E.R. fera l'ouverture de la saison 2010-2011 au Théâtre des Treize-Vents, centre dramatique national de Montpellier, dont Jean-Marie Besset est directeur depuis le 1er janvier.
R.E.R.,
de Jean-Marie Besset.
Mise en scène : Gilbert Desveaux.
Théâtre de la Tempête,
Cartoucherie-de-Vincennes,
Paris 12e.
M° Château de Vincennes, puis bus.
Tél. : 01-43-28-36-36.
De 10 €. à 18 €.
Jeudi, à 19 h 30 ;
mardi, mercredi, vendredi et samedi, à 20 h 30 ;
dimanche, à 16 heures.
Durée : 2 heures.
Jusqu'au 18 avril.
Brigitte Salino
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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