PIEXII
LEPAPEDUSILENCE
UNPASVERS
LABEATIFICATION
Source : lefigaro.fr en ligne le 22 décembre
«Pie XII était ferme
sur la condamnation du racisme»
Propos recueillis par
Jean-Marie Guénois
Pour l'historien Philippe Chenaux, la réserve de Pie XII sur les crimes nazis et la Shoah «s'expliquait par le souci de ne pas provoquer des représailles contre les catholiques».
Philippe Chenaux, historien, professeur à l'université du Latran (Rome), est l'auteur de Pie XII, diplomate et pasteur (Cerf, 2003).
LE FIGARO. - Quel regard historique peut-on porter sur Pie XII ?
Philippe CHENAUX.
L'attitude de Pie XII pendant la guerre a obéi aux principes qui ont toujours été ceux de la politique vaticane. Avec cette règle d'or : le bien des âmes. Et la nécessité de garantir la liberté de l'Église, qui passe par une politique de concordats et le maintien de relations plus ou moins bonnes avec les États. Pie XII a été marqué par cette tradition. C'est pourquoi il a cru bon et nécessaire de signer un concordat avec le Reich pour assurer une base juridique de défense à l'Église.
L'Église a-t-elle condamné
l'antisémitisme ?
Le Saint-Siège a toujours condamné avec la plus grande fermeté le racisme sous toutes ses formes, et donc l'antisémitisme en tant que forme de haine de la race juive. Un décret du Saint-Office daté de 1928 condamne très explicitement l'antisémitisme comme forme de haine à l'égard du «peuple autrefois choisi par Dieu». Cette formulation montre qu'une tradition antijuive a subsisté dans l'Église. L'Église catholique se considérant comme le nouvel Israël. Cette tradition n'a pris fin qu'avec le concile Vatican II. On passe alors d'une théologie de la substitution, l'Église comme nouvel Israël, à une théologie de l'enracinement, fondée sur les textes de saint Paul.
Mais que pensait Pie XII ?
Il se situe dans ce cadre. Il est très ferme sur la condamnation du racisme, donc aussi de l'antisémitisme. Il sera d'ailleurs l'un des principaux inspirateurs de l'encyclique de Pie XI contre le nazisme, Mit brennender Sorge. Dans sa première encyclique, Summi Pontificatus, en octobre 1939, il reprendra largement les contenus de l'encyclique non publiée de son prédécesseur sur le racisme et l'antisémitisme, avec l'impossibilité pour l'Église d'accepter une discrimination à l'égard d'un groupe humain ou d'une race. Mais il était aussi un chrétien préconciliaire et n'avait pas vécu le renouvellement de la théologie catholique à l'égard de la théologie d'Israël. Même dans le texte de l'encyclique non publiée, des passages montrent que l'on est encore dans une tradition assez antijuive. En cela, il ne se distinguait pas d'autres hommes d'Église de sa génération.
Mais pourquoi n'a-t-il pas parlé ?
Il ne faut pas faire de cette tradition antijuive un élément déterminant qui expliquerait la raison d'un certain silence de Pie XII pendant la guerre à l'égard de la politique d'extermination nazie. La vraie raison de cette réserve a été le souci de ne pas aggraver les choses et de ne pas provoquer des représailles dramatiques et violentes contre l'Église et les catholiques.
Pourquoi n'a-t-il rien dit
après la guerre ?
La propagande communiste est alors prompte à mettre en cause l'attitude de Pie XII pendant la guerre, l'accusant de ne pas avoir dénoncé les atrocités des nazis. Il n'a donc pas voulu donner d'arguments à cette partie adverse.
Les archives du Vatican permettront-elles
de clarifier ce dossier ?
Je suis favorable à l'ouverture des archives. Mais, honnêtement, je ne pense pas que l'accès intégral à ces archives permettra de dissiper la polémique et le malaise qui entoure cette attitude de Pie XII pendant la guerre. Je m'appuie sur l'expérience acquise avec l'ouverture par le Vatican des archives du pontificat de Pie XI, qui n'ont pas bouleversé l'historiographie.
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