"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, octobre 19, 2009

VIVREJERUSALEM
PASSIONNEMENT
Source :lemone.fr rubrique "OPINIONS"
en ligne le 19 octobre


Du mont Ararat à Jérusalem

par av Aleksandr,
prêtre orthodoxe (Israël)



Il n'y a plus de saison ! 37° à Jérusalem avec un vent sec du désert. Il faut s'interroger. Les pluies sont rares alors que l'on attend des eaux abondantes après les fêtes d'automne. Avec pragmatisme, il est plus prudent de conjurer le sort en rappelant que la prière pour la pluie est ajoutée à partir du 7 cheshvan (25/10) et peut être complétée en cas d'absence de précipitations après le 17 cheshvan (4/11). Un mois de "(mar)cheshvan" qui commence ce lundi 19 octobre par une sorte d'interrogation sur cette chaleur et une torpeur qui semblent s'attarder, un été indien aux confins du désert d'Arabie...


C'est un mois où il ne se passe rien ! Cela depend comment on considère les choses. Pas de fêtes, pas de jeûne. Un long fleuve de sable tranquille... Enfin presque. La violence de meurtres inexpliqués, les décisions dilatoires sur le permis de séjour à accorder à des enfants philippins nés dans le pays, parfaitement inculturés en Israël. Ils posent la question de l'insertion des "autres", appelés à partager la vie de la société israélienne et juive. Beaucoup n'ont pas connu d'autre langue, pays, culture, voire d'armée (!) et risquent d'être expulsés vers l'inconnu d'un Orient lointain. Tous les pays du monde agissant de cette manière, le plus souvent injuste et injustifiée. Dans le cas d'Israël, le problème est quasi théologique : l'Etat hébreu répète avec ténacité et constance qu'il a droit à l'existence et la reconnaissance. C'est exact.

Il y a un élément supplémentaire: si l'Etat des Juifs "rassemble les exilés", cela comporte aussi une clause biblique très bien formulée par le prophète Zacharie: "Pour tout homme juif montant à Jérusalem, dix hommes des nations le tireront par les franges/le manteau en disant: nous venons avec vous car nous avons entendu que le Seigneur est avec vous" (Zacharie 8,23). La citation est prophétique, procède de l'annonce du Règne de Dieu et du rassemblement eschatologique célébré à la Fête des Tentes (Sukkot).

Un mois sans fête et pourtant il concerne précisément toute l'humanité. Souvenez-vous! Le 17 cheshvan 1656 (- 2105 av.E.C.), Dieu se fâchait violemment contre la nation humaine et seul Noé entra dans une arche en compagnie des représentants de tout ce qui est vivant. Le Déluge s'arrêta un an plus tard le 27 cheshvan, voici 4123 ans. Ne chipotons pas sur quelques milliers d'années. Et alors, il a plu, des fleuves et des fleuves d'eaux, bien pires que nos tsunamis, hurricanes ou la fonte des glaces arctiques et antarctiques.

Le judaïsme va lire ce shabbat la portion biblique sur Noé. On la lit chaque année. Chaque année l'être humain est appelé à prendre conscience qu'il est un rescapé: en effet, Dieu a regretté d'avoir voulu anéantir le genre humain! (Genèse 8,21). Nous n'agissons jamais ainsi! Cheshvan est un mois akkadien et le Déluge ressemble à s'y méprendre au récit de Gilgamesh ou du Machu Pichu.

Mais il est évident que l'arche de Noé se posa au sommet du mont Ararat, pic national de l'Arménie (Gen. 8,4). A chacun son "népotisme", ici spirituel. Nous avons à Jérusalem et en Israël-Palestine-Jordanie un nombre important d'Arméniens. Initialement un peuple post-diluvien comme vous et nous. Il était devenu zoroastrien. Le peuple arménien fut souvent en contact avec le monde juif, comme tout le Caucase. Il fut christianisé par Saints Bartholomée et Thaddée/Jude dès l'époque apostolique. L'Arménie fut la première nation officiellement chrétienne dès 301 de notre ère.

Justement, ce samedi 24/10, l'Eglise apostolique arménienne célèbre Saints Mesrob, créateur de l'alphabet arménien et les traducteurs des Ecritures en 404. L'Eglise orthodoxe de Jérusalem commémorera Abraham et Lot, les ancêtres qui virent passer un petit feu destructeur sur Sodome. Mais, depuis Noé, Aram et la famille, jusqu'au génocide de 1915-1917 et aujourd'hui, les Arméniens ont nourri de sève culturelle et spirituelle de la foi par sa survie quasi miraculeuse face aux invasions les plus diverses venues d'Asie.

A Jérusalem, nous avons précisément ce "look rescapé-ressuscité". L'actuel Patriarche Torkom des Arméniens de Terre Sainte est né "quelque part" dans le désert du côté de Bagdad, voici 90 ans. La communauté arménienne est vaste et reste importante par la langue, d'ailleurs aussi présente à Venise, l'architecture des églises (jusqu'en France romane). A Jérusalem, le clergé arménien mérite respect de la part de tous. Avec nos Tsiganes qui squattent entre la Porte de Damas et celle de Jaffa, Israël offre constamment l'image d'une survie hors normes. Elle unit juifs et chrétiens au-delà des haines et des horreurs, des lâchetés récurrentes des uns et des autres.

Il est sans doute aussi difficile d'être et devenir arménien que juif. Des diasporas mondiales aux traditions et cohésions fortes conjuguant exclusivité et universalité. Cette Terre d'Israël rappelle cette semaine que Dieu s'est reposé (c'est le sens de Noah) sur un mont du Caucase, ce qui est en soi une gageure.

Pourrions-nous faire de même?

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