"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, octobre 11, 2009

RELIGION
ETPAIX

Source : jetsetmagazi.net en ligne

le 9 octobre


Colloque international

La religion et la culture de la paix


Une vocation synonyme
d'émulation spirituelle



C'est le jeudi 8 octobre qu'a pris fin à Tunis le colloque international organisé à l'initiative de l'Université de la Zitouna et de la Fondation Konrad Adenauer et dont le thème est le suivant : Religion et culture de la paix dans le monde. Rencontre qui s'est prolongée pendant trois jours, à partir de mardi dernier.
Le choix du thème mérite assurément beaucoup d’attention. Il est en effet d’usage, dans certains milieux intellectuels du moins, de voir dans les traditions religieuses des facteurs de repli identitaire et de crispation dans les relations des peuples entre eux : un point de vue qui n’est certes pas faux et qu’on peut d’ailleurs étayer en précisant que la mondialisation et ses excès ont accentué cette tendance.

Il n’en reste pas moins que, non seulement les traditions religieuses ne se réduisent pas à ces facteurs mais, de plus, elles recèlent des ressources insoupçonnées en termes d’éthique universelle et de rapprochement entre les hommes. Le professeur Bernd Thum, de l’Université de Karlsruhe (RFA), rappelle à ce propos cette phrase du mystique allemand du XIIIe siècle, Maître Eckhart : «La religion peut anéantir même les oppositions religieuses». La notion de piété elle-même, chez les Romains, renvoie à cette dimension de respect du divin, et avec lui de l’ordre de la vie, qui est commun à tous les hommes...

Cette dimension n’est pas absente de la religion musulmane, comme le souligne Iqbal Gharbi, docteur à l’Université de la Zitouna, qui rappelle que les textes existent qui engagent le croyant dans une démarche de pédagogie de la paix. C’est en particulier le thème du pardon et des mesures de substitution qui permettent de dépasser la loi du Talion. Pour l’universitaire, le thème de l’éducation revêt une valeur stratégique du point de vue du développement de la culture de la paix. Ce thème explique, à travers sa défaillance, le fait que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on ne parvienne pas à faire respecter le mot d’ordre «Plus jamais cela !», même si la guerre prend désormais une forme «moléculaire».

L’éducation à la paix, insiste Mme Gharbi, est transdisciplinaire et suppose un «éveil à la conscience universelle». Mais aussi un apprentissage à la gestion du conflit, qui n’est précisément pas l’attitude qui nie le conflit, mais au contraire qui y fait face.
La conférence devait aussi être l’occasion de développements intéressants au sujet de l’étymologie du mot «paix». Mireille Hadas-Lebel, qui est spécialiste du judaïsme antique à Paris-Sorbonne, rappelle que le mot, qui fait référence au latin «pax», renvoie au symbole de la lance qui est fichée en terre en signe de fin des hostilités. Mais, dit-elle, les mots «shalom» en hébreu, ainsi d’ailleurs que «salam» en arabe, font plutôt référence à l’idée de ce qui est entier, sain et sauf. Le thème de la paix dans la tradition juive des prophètes correspond ainsi à cette signification particulière du mot.

Mme Hadas-Lebel indique à ce propos que, contrairement au «prophetos» grec, le prophète de la tradition biblique ne fait pas de prophéties, mais plutôt des réprimandes, et que le thème de la guerre est utilisé par lui, justement comme menace contre le peuple juif chaque fois que, à travers les pratiques idolâtres, il porte atteinte à la justice et affaiblit la cohésion de la communauté. Ce qui, logiquement, le rend plus vulnérable et l’expose aux invasions de l’ennemi extérieur: les Assyriens et les Babyloniens.

Mais si la paix est ainsi liée au thème de l’intégrité de la communauté, en tant que cette chose à quoi appellent les prophètes et pour laquelle ils déploient toute l’énergie de leurs menaces, elle n’exclut pas l’espoir d’une conciliation universelle qui est aussi bien celle du père avec son fils, du lion avec le bœuf que des différentes nations entre elles. Un thème qui a des prolongements, chez le prophète Ezéchiel, à travers la vision de la résurrection des morts à partir des ossements desséchés.

Cette dimension de l’espoir, chez les prophètes, est sans doute ce qui constitue le fond ou l’arrière-fond de l’éthique cosmopolitique, telle qu’elle s’affirmera ensuite dans la tradition judéo-chrétienne. M. Walter Lesch, de l’Université catholique de Louvain (Belgique), est précisément attentif à cette dimension. Pour lui, les religions monothéistes ont malgré tout une longueur d’avance en matière de culture de paix. Cette vocation n’est sans doute pas aperçue lorsque l’on considère les religions sous le seul angle de leurs «zélateurs» : elle ne manque pourtant pas d’être présente, comme par exemple quand il s’agit de l’accueil de l’étranger.

La possibilité pour les religions de servir, à partir de leur propre fond, la culture de la paix, suppose que, dans leurs relations les unes aux autres, se développe ce que Mme Milena Santerini, de l’Université catholique de Milan, appelle une «émulation spirituelle». Cela, toutefois, ne saurait se réaliser tant que nous en restons à deux options classiques qui sont, d’une part, l’universalisme, d’autre part, le relativisme. L’universalisme, parce qu’il ne peut s’empêcher de se muer en un ethnocentisme qui tend à son tour à assécher la diversité et à assimiler l’altérité, comme l’a montré l’expérience coloniale. Et le relativisme, car il fige les cultures dans des essences particulières et instaure l’ordre de leur incommunicabilité, alors qu’elles sont elles-mêmes, chacune pour ce qui la concerne, le fruit d’un enchevêtrement.

Raouf SEDDIK

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