"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, juin 26, 2009

GUADELOUPE
METROPOLE
UNAMOUR
DERAISONNABLE
Source : Ouest-france.fr en ligne le 25 juin



La Guadeloupe et la France : je t'aime,
moi non plus


La crise n'a pas seulement mis sur la table des revendications sur les bas salaires. Elle a aussi révélé les relations compliquées entre les Antilles et la République.



Reportage

POINTE-À-PITRE (de notre envoyé spécial). Quand il cherchait un appartement à louer, il avait beau montrer son passeport (français !!!), on lui demandait toujours une carte de séjour. Timalo a fini par revenir en Guadeloupe. À 35 ans, il a créé son entreprise d'informatique et s'est lancé dans le slam en langue créole. « Nous sommes des citoyens de seconde zone, gronde-t-il. La République ne nous a rien donné. Ce qu'on a, on l'a pris. »

Il fait partie de cette nouvelle génération qui cingle sans complexe. « Pour un smic au même niveau qu'en Métropole, il a fallu attendre 1995. L'école de la République en Guadeloupe ? Ce sont 55 % des jeunes qui sortent sans diplôme. » Quant à l'évocation récurrente que l'île serait sous perfusion, voilà qui irrite sérieusement. « La Corrèze est plus sous perfusion que la Guadeloupe, sauf que la Corrèze a donné un président à la France », ironise Patricia Blafran-Trobo, universitaire et auteur d'essais sur la société guadeloupéenne.

La crise qui a tourneboulé l'île durant quarante-quatre jours en début d'année n'a pas seulement mis sur la table des revendications sur les bas salaires ou le prix exorbitant des produits de première nécessité. Elle a aussi braqué une lumière blanche, crue, sur le drôle de noeud qui lie les Antilles à la République. Celle-là même qui, par deux fois, en 1794 et en 1848, a aboli l'esclavage, mais qui n'accordera le statut de département à l'île qu'en 1946.


« Et si j'étais préfet en Bretagne ? »

« Relations compliquées, ambiguës, confirme le philosophe Jacky Dahomay. Les Guadeloupéens ne veulent pas l'indépendance, ils veulent rester Français et, en même temps, ils veulent manifester leur guadeloupéanité. »

De 2002 à 2008, Jacky Dahomay a siégé au Haut conseil à l'intégration. Avant d'en démissionner. « L'intégration, selon moi, ne vise qu'à demander à tous les Français une culture politique commune. Mais la République doit reconnaître une diversité au plan culturel. Et ça, en France, ça passe très mal. »

Le philosophe pointe un État qui « n'applique pas pleinement ses propres lois », plutôt relâché même quand il s'agit de lutter contre la discrimination à l'embauche.

« Prenez la préfecture de Pointe-à-Pitre, tout le staff est blanc, constate Patricia Blafran-Trobo. Le premier à donner le mauvais exemple, c'est l'État. Imaginez que je sois nommée préfet en Bretagne et que j'arrive avec tout mon staff de Guadeloupéens d'origine africaine. Comment les Bretons le comprendraient-ils ? » Pendant longtemps, rappelle-t-elle, « dénoncer la discrimination, c'était tabou, on était taxé d'indépendantiste ».


« Du bruit aux Régionales »

Le mouvement de février est loin d'avoir tout réglé. Au moins, chacun s'accorde sur la « fierté retrouvée des Guadeloupéens ». Pour Élie Domota, le porte-parole du LKP (Liyannaj kont pwofitasyon, Ensemble contre la profitation), « l'idée qui a progressé, c'est que le peuple a désormais son mot à dire sur son avenir ».

Patricia Braflan-Trobo rebondit : « Ce peuple est en train de grandir, de se construire, de s'approprier son territoire, de s'identifier. Laissons lui le temps de la maturité. Dans cinq, dix, quinze ans, il donnera naissance à la classe politique qu'il faut pour conduire la Guadeloupe, qui sera peut-être toujours un département français. »

Une génération de jeunes diplômés émerge, capable de contester « nos élus qui se sont tellement tournés vers la France pour réussir qu'ils ont oublié la Guadeloupe ». Cette génération pourrait « faire du bruit aux Régionales », l'an prochain. C'est Timalo qui le dit.


Marc PENNEC.

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