VISITEOFFICIELLE
DEBENOÎTXVI
ENISRAËL
Source : lacroix.com en ligne le 11 mai
Le pape arrive en Israël en «pèlerin de la paix»
mais le processus est en panne.
Même s’il est soigneusement présenté par le Vatican et l’Église locale comme un pèlerinage et une visite pastorale, le voyage de Benoît XVI en Terre sainte a une dimension politique
Les drapeaux du Vatican et d'Israël flottent à Nazareth
«Lorsque Jean-Paul II est venu en 2000, le processus de paix était en marche : on préparait Camp David, rencontre qui a finalement échoué, mais, à ce moment-là, on espérait, se souvient le P. Frans Bouwen, Père Blanc à Jérusalem. « Cette fois, le processus de paix est bloqué. L’ambiance n’est peut-être pas au désarroi, mais on ne sait pas où on va. »
Dans ce contexte de tensions, autorités israéliennes comme palestiniennes vont essayer de tirer à elles le bénéfice de cette visite, par une légitimation de leur cause. Les responsables de l’Église locale en sont conscients. D’ailleurs, début janvier, pendant l’offensive israélienne contre le Hamas à Gaza, beaucoup ici ont cru à un report du voyage pontifical…Finalement, le projet a été maintenu, et les organisateurs ont veillé à respecter un subtil équilibre dans les rencontres avec les autorités civiles : une « visite de courtoisie », lundi après-midi, au président israélien Shimon Peres, ainsi que la visite au mémorial de Yad Vashem.
"Tout le côté politique du voyage
est très très piégé"
Puis, comme en miroir mercredi 13 mai, une « cérémonie de bienvenue » à Bethléem avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ainsi que, l’après-midi, la visite du camp de réfugiés d’Al-Aida. « Tout le côté politique du voyage est très très piégé », reconnaît le P. David Neuhaus, vicaire patriarcal pour la communauté hébréophone.Côté israélien, les dernières élections législatives ont conduit à la formation d’une coalition gouvernementale emmenée par Benyamin Netanyahou (Likoud) à laquelle les travaillistes se sont ralliés in extremis, mais qui fait surtout la part belle aux partis religieux ou d’extrême droite. Pour l’instant, le premier ministre n’envisage ni le gel de la colonisation juive en Cisjordanie, ni l’État palestinien que l’administration Obama et l’Union européenne, tout comme le Vatican, souhaitent pourtant promouvoir.
Un appui à la thèse
des « deux États pour deux peuples »
« Les Israéliens qui s’intéressent à la venue du pape, peu nombreux, sont plutôt contents de son côté conservateur : ils préfèrent cela à quelqu’un qui serait tenté d’aborder le dossier palestinien sous l’angle droits-de-l’hommiste », observe le géopoliticien Frédéric Encel, maître de séminaire à l’Institut d’études politiques de Paris. « Surtout depuis les bourdes du début de l’année, ils ont le sentiment que le pape essaiera d’en faire au moins autant que Jean-Paul II à l’égard des juifs, notamment à Yad Vashem. »
Côté palestinien, la division règne toujours entre le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas, qui s’est imposé dans certaines villes de Cisjordanie et à Gaza en 2006, mais que les États-Unis et l’Union européenne considèrent toujours comme une organisation terroriste. Nul doute que les autorités palestiniennes espèrent de Benoît XVI un appui à la thèse des « deux États pour deux peuples », pierre angulaire de la diplomatie internationale pour le règlement du conflit israélo-palestinien.
Ils attendent aussi une critique du « mur de séparation » érigé tout le long de la Cisjordanie ainsi que de son cortège de points de passage. Jeudi, dans une lettre ouverte publiée à la veille de son départ, « la Coalition pour Jérusalem », qui réunit des associations professionnelles, confessionnelles et de défense des droits de l’homme, a appelé le pape à s’élever « contre les atrocités qui continuent à être perpétrées (par Israël) contre le peuple palestinien ».
"Entre le marteau et l’enclume"
« Placés entre le marteau et l’enclume » selon une formule souvent reprise ici, les chrétiens locaux, quant à eux, se montrent plus que circonspects. Et se demandent ce que le pape va bien pouvoir dire aux responsables politiques qu’il va rencontrer en privé, puis dans ses discours publics… Arabes dans leur grande majorité, ils souhaitent que Benoît XVI évoque leurs conditions de vie rendues difficiles par la situation politique, mais s’inquiètent du raidissement que provoquerait immanquablement toute déclaration jugée favorable au camp adverse…« Il est possible d’empêcher une certaine forme de récupération, par les discours que prononcera le pape et grâce à une ambiance de ferveur », veut croire le P. Hervé Ponsot, dominicain et directeur de l’École biblique de Jérusalem. « Nous sommes confiants : le pape est notre père, il connaît les besoins de ses enfants et il sait que nous n’avons pas besoin de problèmes supplémentaires », assure de son côté Wadi Abunassar, le responsable de la communication pour le patriarcat latin.
Anne-Bénédicte HOFFNER
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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