"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, mai 27, 2009

LEPROCES
DESMEURTRIERS
DILANHALIMI
Source : lenouvelobs.com en ligne le 26 mai


La police à la barre

Il est arrivé tendu, pas à l'aise le monsieur, avec même un beau bouton de fièvre au bord des lèvres. Il a dit à la cour : « J'étais très impatient de venir devant vous ». Noël R., patron de la BRB à l'époque de l'affaire, a fait le point ce mardi matin sur l'enquête, et la manière dont elle a été menée. Il a estimé que c'était un dossier qui ne relevait pas du grand banditisme. Il a évoqué les rapprochements faits pendant l'enquête avec d'autres affaires. Dont une, concernant des médecins, qui n'a pas été jointe à la procédure aujourd'hui examinée par la cour. Fofana envoyait des personnes chez le docteur pour des arrêts de travail. Elles revenaient avec le certificat médical, et lui faisait chanter les médecins. Il voulait de l'argent, là encore. Sauf qu'à chaque fois, il restait incapable d'aller au bout de son projet. Youssouf Fofana mettait tout en place en amont, l'inactivité des portables pour ne pas se faire repérer, la mise en scène de diversions sur les tentatives d'enlèvement. Pourtant, il n'est jamais parvenu à obtenir le moindre sous. A Michaël Douieb, qui, terrorisé, lui propose sa montre et 500 euros, il ne prend rien. Que recherchait-il donc au fond ? La violence d'abord, l'argent vraiment ?

Youssouf Fofana s'est trouvé entre les mains de la police en janvier 2006. Il a été contrôlé puis conduit en garde à vue de 21 heures à 6 heures du matin, avant d'être relâché. Cette nuit là il portait le fameux t-shirt « adedi », le même que celui repéré dans un cybercafé. Les policiers n'ont pas fait le recoupement. N'auraient-ils pas de même mis plus de chance de leur côté pour sauver Ilan, s'ils avaient enquêté à Bagneux?

Avant son agression, Michaël Douieb ramène une première fois Alexandra S. chez elle. A Bagneux justement. Pourquoi n'avoir alors pas procédé à des recherches sur place, un repérage des délinquants, en interrogeant par exemple les casiers judiciaires ? C'était impossible, a assuré le commissaire. Enfin, la police avait pu établir des portraits-robots alors qu'Ilan était entre les mains de ses ravisseurs. Pourquoi ne les avoir pas publiés ? Réponse: Le risque de mettre la vie d'Ilan en danger était alors trop important, la réaction des agresseurs trop imprévisible. Et puis, selon le commissaire, la presse refuse trop souvent ce genre de choses.

Enfin, le policier a regretté qu'une affaire comme celle-là, ce qui est arrivé à Ilan Halimi, puisse se reproduire, aujourd'hui, demain. En somme, s'il a été impossible pour les policiers de remonter jusqu'à Fofana à temps, c'est la faute aux opérateurs et aux fournisseurs d'accès. Et aujourd'hui, la situation à cet égard n'a pas changé, c'est même plus compliqué encore.

Après la suspension d'audience pour le déjeuner, c'est un autre policier, cette fois l'enquêteur principal à l'époque des faits, qui est venu à la barre. Olivier R. était un brin nerveux aussi. Il a raconté le cheminement de ses investigations. Et relevé que Fofana parlait le moins possible à ses partenaires. Il cloisonnait, il évitait les questions, dissimulait les infos, ne se répandait pas en commentaires. Certains ne savaient même pas qu'Ilan Halimi était juif, par exemple.

Quelques avocats de la défense ont voulu insisté sur les éventuelles violences qu'auraient subies leurs clients en garde-à-vue. Le policier, aidé de l'avocat général, a rappelé la « grande éthique » qui présidait à l'exercice de ses fonctions. Il a nié toute violence portée aux jeunes accusés, mais n'a pas exclu que ces derniers se soient cognés entre eux, ce qui expliquerait les marques de coups constatées sur les photos. Ils étaient placés ensemble dans des geôles un peu étroites. C'est Didier Seban, avocat de Nabil M., l'un des geôliers présumés, qui s'est permis de replacer « la grande éthique » des services de police dans un contexte plus global: La France est le deuxième pays le plus condamné par la cour européenne des droits de l'homme en matière de tortures en détention, placée ainsi juste derrière la Turquie. Et le dernier rapport d'Amnesty international, publié fin février, qui pointe de trop nombreuses violences de la part des forces de l'ordre, pose la question d'une police au-dessus des lois en France. L'enquêteur principal n'a pas relevé, précisant simplement qu'il trouve regrettable l'intervention des avocats en garde-à-vue. Parce qu'elle a trop souvent lieu au moment où la personne gardée à vue s'abandonne, se délivre, et ça la coupe dans cet élan.

Youssouf Fofana s'est tenu tranquille dans le box. Jusqu'à la suspension d'audience de la fin d'après-midi. Il avait des bonbons, il en a proposé à Samir A.A, en lui lançant : « Tiens, mon second ! » L'autre lui a bondi dessus. Les gendarmes sont intervenus.

Fin de l'audience, hier soir à 22h30.

Ce matin, la famille Halimi s'adressait à la Cour.

P.S : Le procès se tient à huis-clos. Aussi ce blog est-il écrit à partir d'informations recueillies auprès de personnes qui assistent à l'audience, et dont, bien entendu, nous taisons les noms.

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