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Source : lacroix.com en ligne le 1er mars
L’Amérique annonce son retrait d’Irak
Le président américain Barack Obama a annoncé vendredi 27 février le retrait du gros du contingent américain d’Irak d’ici à la fin août 2010. 50.000 soldats resteront tout de même sur place jusqu’à la fin 2011
«Notre mission de combat en Irak sera finie d’ici au 31 août 2010 », a déclaré vendredi 27 février Barack Obama. Une force de 35.000 à 50.000 hommes restera sur place pour conduire une nouvelle mission d’entraînement et d’équipement des forces irakiennes, de protection des personnels américains et de lutte contre le terrorisme. À terme, « j’ai l’intention de retirer tous les soldats américains d’Irak d’ici à la fin 2011 », a poursuivi le président conformément à un accord conclu fin 2008 entre l’administration Bush et le gouvernement irakien. Actuellement, 142.000 soldats américains sont présents en Irak. Ce désengagement permettra de renforcer les effectifs en Afghanistan où l’administration prévoit l’envoi de 17.000 soldats supplémentaires sans pour autant « maintenir une présence militaire à long terme », a prévenu le président.
L’autorité du premier ministre irakien renforcée
Réaliste, le président a estimé que « la violence continuera à faire partie de la vie en Irak », mais que « la situation irakienne s’est améliorée ». En 2008, 6 772 Irakiens ont été tués dans les attaques ou attentats. À titre de comparaison, 17 430 personnes avaient péri en 2007 à cause des violences. 2006 et 2007 avaient enregistré les pires bilans de victimes depuis l’invasion américano-britannique de mars 2003. Aujourd’hui, la situation semble relativement stabilisée dans le pays, même si les attentats et les exécutions restent quasi quotidiens. Les élections provinciales en janvier dernier ont assuré la victoire des partis laïcs proches du premier ministre chiite, Nouri Al Maliki, et réduit l’influence des partis pro-iraniens. Toutefois, il existe encore de fortes dissensions, notamment avec les Kurdes qui revendiquent toujours la ville pétrolière de Kirkouk, au nord, et sont en désaccord avec l’administration centrale à Bagdad sur la répartition des ressources pétrolières.
L’Irak pas encore prêt à assurer sa sécurité
Entièrement démantelées par les Américains après l’invasion de 2003, l’armée et la police irakiennes ont été reconstituées à partir de rien. Aujourd’hui, la police dispose officiellement de 560 000 membres. Le ministère de la défense, qui compte 260 000 soldats, vise à créer une armée de 300 000 hommes. Pour cette politique ambitieuse, le gouvernement a alloué six milliards d’euros aux forces de sécurité, soit le premier poste du budget 2009 (12,6 %). « Nous sommes autonomes sur beaucoup de plans, mais nous avons encore besoin d’aide pour la surveillance des frontières, l’armée de l’air, la marine, les outils sophistiqués de contre-terrorisme et nous devons progresser sérieusement en matière de renseignement », a déclaré le conseiller irakien pour la sécurité nationale, Mouaffak Al Roubaïe.
Moins optimistes, les conseillers militaires étrangers estiment que les carences logistiques menacent les capacités de l’armée. Même inquiétude pour la marine irakienne, détruite en 1991 et en voie de reconstruction. Elle compte 2 000 hommes, et l’objectif est d’atteindre les 6 500 d’ici deux à trois ans. Mais elle ne devrait pas être capable de défendre les installations pétrolières vitales pour ce pays avant la fin 2011. Dans plusieurs des provinces relativement pacifiées, les forces irakiennes ont été efficacement soutenues par les 100 000 membres des « Sahwa », ex-rebelles sunnites payés par le gouvernement irakien, après les Américains, pour combattre Al-Qaida. Mais les provinces de Diyala et Ninive, deux bastions d’Al-Qaida, restent une véritable préoccupation, en dépit des opérations militaires conjointes avec les Américains.
Des Américains hostiles à cette guerre
Six ans après la prise de l’Irak , 60 % des Américains jugent que cela n’en valait pas la peine, selon un sondage publié la semaine dernière par la chaîne de télévision ABC. D’autant que l’image de l’armée américaine a été écornée par le scandale des tortures dans la prison d’Abou Ghraib, à Bagdad. Le conflit a jusqu’à présent causé la mort de 4 200 soldats américains, dont 176 ont mis fin à leurs jours, tandis que 31 000 autres ont été blessés, selon les chiffres du Pentagone.
Une guerre au coût exorbitant
L’Irak a coûté 536 milliards d’euros à Washington, selon le centre de réflexion Center for Strategic and Budgetary Assessments, mais selon d’autres estimations, le coût d’ici à 2012 pourrait avoisiner le chiffre symbolique des 1 000 milliards de dollars, soit 781 milliards d’euros. Pour les adversaires de l’intervention, ces fonds auraient pu être mieux utilisés en Afghanistan, pour lutter contre la crise économique, ou pour financer les priorités du pays en matière sociale et éducative. La guerre a aussi entamé la confiance des Américains envers des institutions qui ont induit l’opinion en erreur, elle a tendu les relations avec les alliés et abîmé l’image des États-Unis dans le monde arabo-musulman.
Agnès ROTIVEL
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