"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, mars 16, 2009

PREMIERETATDESLIEUES
DELAPOLITIQUE
DOBAMA
Source : lesechos?fr en ligne le 16 mars


DOMINIQUE MOÏSI


L'heure des interrogations

Il faut un peu plus d'une heure d'avion pour aller de l'université d'Harvard près de Boston à Washington. Mais la tour d'ivoire académique semble si éloignée de la
« jungle washingtonienne ».

Comme Versailles au temps de sa splendeur, Washington est une ville qui vit de et par la politique, par le pouvoir et la critique du pouvoir. Et comme l'on est en démocratie, la critique s'exprime en toute liberté.Vu de Washington, il est plus facile de comprendre le contraste qui peut exister entre la confiance personnelle dont bénéficie toujours le président Barack Obama et les doutes que suscite sa politique. Autrement dit, les Américains aiment ce qu'il « est » - et, à travers lui, eux-mêmes -, mais ils s'inquiètent de ce qu'il fait, pas assez pour les uns, trop pour les autres. « Il entrera dans l'Histoire au Panthéon des plus grands présidents des Etats-Unis ou il échouera très vite », me confie un de mes interlocuteurs, proche du Parti démocrate et du président lui-même.

Les « doutes » de Washington commencent avec la sélection et l'organisation des hommes. Barack Obama est un homme libre. Il ne doit son élection à aucun groupe, religieux, ethnique ou économique. Il a réuni sur son nom une coalition trop diverse pour qu'il en soit autrement. Mais a-t-il bien profité de sa liberté ?

Sur le front de la politique étrangère, les personnalités choisies ne sont-elles pas trop fortes avec cette multiplication de super-sous-secrétaires d'Etat, Richard Holbrooke en particulier, et leur coordination par le conseiller à la Sécurité nationale, le général James Jones, trop faible, avec un risque que tout ne doive « remonter » vers un président qui n'a ni le temps ni la compétence nécessaires pour maîtriser les détails ?

En matière de politique économique, le risque est inverse. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, comme le héros du film « Les Incroyables Aventures de Benjamin Button », paraît toujours plus jeune et toujours moins rassurant au fil des semaines ! En dépit de ses quatre-vingt-deux ans, Paul Volcker conforterait sans doute davantage les marchés. Au-delà du choix et de l'organisation des hommes, il existe une contradiction certaine entre les deux lectures possibles de la personnalité du président Barack Obama. Est-il avant tout pragmatique ou idéologue en dépit de sa démarche centriste ?

Le Parti républicain s'est enfermé dans une posture idéologique qui, au nom de « la défense du marché », le conduit à appeler de ses voeux, parfois ouvertement, l'échec de Barack Obama. De son côté, le Parti démocrate se comporte de manière plus partisane que ne le souhaiterait sans doute le président. « On ne saurait gaspiller une telle crise », laisse entendre Rahm Emanuel, le secrétaire général de la Maison-Blanche, pour justifier le lien établi entre les réformes de structures indispensables, en matière d'énergie, de protection sociale, de santé et d'éducation, et la lutte contre la crise financière. En voulant profiter de la crise pour faire passer son agenda de réformes, le Parti démocrate tout comme le Parti républicain ne sont-ils pas en train de sous-estimer le caractère unique de la crise financière ? Les trois priorités du nouveau président des Etats-Unis ne doivent-elles pas être « les banques, les banques et les banques », comme le pensent de nombreux économistes à Washington et ailleurs ?

Un programme trop vaste et donc trop dilué, une coordination des hommes trop faible... la rumeur de Washington n'est pas nécessairement encourageante. Sur les chaînes de télévision américaines, la carrière politique puis l'élection de Barack Obama sont déjà traitées en clefs de lecture historique. Son discours de Chicago dans la nuit du 4 au 5 novembre 2008 semble appartenir à un passé déjà si lointain, alors que moins de six mois nous séparent de cette nuit triomphante, apothéose du rêve américain.

Mais l'Amérique ne se résume pas à Washington, ni bien sûr à Harvard. Il existe en profondeur dans la culture américaine des ressources d'espoir et de rêve, très supérieures sans doute à celles existant en Europe. Il est bien trop tôt pour porter un jugement définitif. Les débuts sont certes difficiles, mais la crise est d'une ampleur et d'une gravité exceptionnelles.



Dominique Moïsi,
conseiller spécial de l'Ifri,
est professeur invité à l'université d'Harvard.

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