LARECONSTRUCTION
DEGAZA
ENQUESTION
Source : lefigaro.fr en ligne le 2 mars à 9h 20
sur Diasporablog à 9h 35


Conférence mondiale pour
la reconstruction de Gaza


Tangi Salaün,
envoyé spécial à Charm el-Cheikh


Quelque 80 délégations se retrouvent lundi à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour financer la reconstructionde l'enclave palestinienne, sans le Hamas.

Près de 3 milliards de dollars et un engagement fort de la communauté internationale : l'Égypte et les Palestiniens attendent d'importantes promesses financières lors de la conférence des donateurs à Charm el-Cheikh, mais aussi un soutien politique, alors que le Hamas et le Fatah viennent de s'engager à former d'ici à la fin du mois un gouvernement d'entente nationale. Un exercice de style délicat pour les Occidentaux, qui souhaitent aider les civils de Gaza et relancer le processus de paix avec Israël, sans pour autant permettre au Hamas de revendiquer la victoire.

Selon le mécanisme mis au point par l'Égypte, l'aide sera donc intégralement versée à l'Autorité palestinienne, et non au Hamas, qui n'a d'ailleurs pas été invité à Charm el-Cheikh. En outre, le président Mahmoud Abbas a annoncé qu'elle ne servirait pas seulement à la reconstruction de Gaza, où les dégâts sont estimés à 2 milliards de dollars, mais aussi à payer les salaires des fonctionnaires à Ramallah. «L'Égypte fait ainsi passer un message au Hamas : l'Autorité palestinienne reste le seul interlocuteur légitime et le but des négociations est le retour à un gouvernement unique à Gaza et en Cisjordanie», souligne Issandr el-Amrani, spécialiste de la région.

Après avoir convaincu les factions palestiniennes d'accepter le principe d'un gouvernement d'union, préalable à toute relance du processus de paix, l'Égypte veut impliquer la communauté internationale. C'est dans cet esprit qu'Hosni Moubarak a improvisé une tournée européenne il y a deux semaines pour inviter Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, président en exercice du G8, à sponsoriser la conférence. Il a tout fait pour s'assurer de la présence de Hillary Clinton, allant jusqu'à relâcher l'opposant Ayman Nour, dont Washington réclamait la libération depuis son emprisonnement après la présidentielle de 2005.

«Moubarak a bien manœuvré pour donner une portée politique à une réunion technique qui devait se tenir au niveau ministériel», souligne un diplomate européen au Caire. «L'Égypte a fait en sorte que cette conférence légitime son rôle de médiateur, ajoute Issandr el-Amrani. Alors qu'elle était très critiquée dans le monde arabe pendant la guerre à Gaza, elle a réussi à s'octroyer le monopole des négociations avec un soutien politique très fort de la France et, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, de l'Union européenne.»


«Un consensus arabe est en train de se faire»

Pour la diplomatie cairote, l'objectif est de faire comprendre au Hamas qu'il n'y a pas d'alternative à sa médiation et de dissuader d'autres acteurs régionaux - la Syrie et le Qatar notamment - de jouer les perturbateurs. «Un consensus arabe est en train de se faire pour qu'il y ait un mécanisme unique de reconstruction de Gaza et non une aide apportée à l'Autorité, d'un côté, et au Hamas, de l'autre», précise Issandr el-Amrani. Si le Hamas veut sortir de son isolement, il va donc devoir se montrer conciliant.

Au-delà, c'est l'avenir du processus de paix qui est en jeu. Le chef de la diplomatie européenne Javier Solana l'a rappelé à l'issue d'une visite inédite à Gaza vendredi, en souhaitant que la conférence de Charm el-Cheikh soit l'occasion de dire «à tout le monde» que l'objectif de la communauté internationale est «l'existence de deux États», palestinien et israélien. Un responsable du Hamas à Gaza continuait de son côté d'affirmer samedi que le mouvement islamiste «n'accepterait jamais un gouvernement d'union reconnaissant Israël».




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