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DIMPORTATION
DUCONFLITAGAZA
ENFRANCE
Source : le quotidien LE PARISIEN daté du 13 janvier
et leparisien.fren ligne le 13 janvier
« Il ne faut pas transposer le conflit ici »
JACQUES ABOUCAYA, président de l’Association cultuelle israélite de Drancy, et HASSEN CHALGHOUMI, imam de la mosquée de Drancy
Propos recueillis
par Marjorie Corcier
et Philippe Baverel
Dans un contexte très tendu, quelques heures après l’attaque au cocktail Molotov de la synagogue de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Jacques Aboucaya, président de l’Association cultuelle israélite de Drancy (Acid) et Hassen Chalghoumi, imam de la mosquée de la ville, ont d’emblée accepté le principe d’une interview en face à face.
Leur seule condition : que l’échange ait lieu « en terrain neutre ». C’est donc à la mairie de Drancy que nous les avons rencontrés hier après-midi.
Que pensez-vous du conflit à Gaza qui a déjà fait plus de 900 morts ?
Jacques Aboucaya.
Avec la multiplication des tirs de roquettes du Hamas sur Israël, cette guerre, que je condamne, devait arriver. Nous compatissons au sort des Palestiniens, pris en otages par le Hamas.Hassen Chalghoumi. Je condamne la guerre et ses violences qui défilent en permanence sur les chaînes de télévision. Ces images qui montrent autant d’enfants et de femmes victimes me choquent. Moi qui suis l’ami de tous les juifs de France, je dis : « Arrêtez les bombardements ! »
C’est le sens du courrier que j’ai adressé au président de la République.
Craignez-vous les répercussions de cette guerre en France ?
H.C.
Oui, c’est pourquoi chaque vendredi dans mon prêche, je lance un appel au calme : il ne faut pas transposer le conflit ici. Je demande à tous les responsables de mosquées de faire de même. J’ai confiance en la religion des enfants d’Abraham pour éviter les débordements dans notre pays. Les récents actes antisémites sont inadmissibles et contraires à l’esprit de l’islam.
J.A.
Oui, les gens de mon association me disent : « Faudrait pas que ça se répercute ici. » Il faut éviter les provocations. J’ai recommandé aux jeunes de mettre une casquette sur leur kippa quand ils se promènent dans la rue. Pour le moment, nous n’avons rencontré aucun problème à la sortie de la synagogue à Drancy.
Ressentez-vous des tensions entre vos communautés ?
J.A.
Je crains des débordements en banlieue. Je redoute une reprise de l’antisémitisme en France. Voir des drapeaux israéliens brûler dans les manifestations, ça marque les jeunes.
H.C.
Les fidèles viennent me voir en me disant « c’est pas normal » et je leur réponds « c’est la guerre ». Certains jeunes, qui n’ont aucune connaissance religieuse, peuvent être emportés par la violence et s’énerver contre une synagogue. J’en appelle à la responsabilité des parents, sachant que 15 % seulement des musulmans vont régulièrement à la mosquée. Quoi qu’il advienne, rien n’entamera notre dialogue avec la communauté juive.Nicolas Sarkozy a reçu hier les représentants des religions de France.
Quel message lui adresseriez-vous ?
J.A.
Sur la scène internationale, il lui revient de tout faire pour ramener la paix. Sur le plan intérieur, je pense qu’il doit interdire toutes les manifestations ayant trait au conflit car elles mettent de l’huile sur feu. Le maire de Saint-Denis (NDLR : Didier Paillard, PC, qui a organisé jeudi une manifestation de solidarité avec les Palestiniens) excite plus les gens qu’il ne les calme. En revanche, je soutiens les rassemblements pacifiques, comme celui organisé ce soir (NDLR : hier) devant la synagogue à Saint-Denis.
H.C.
Je suis d’accord pour demander l’interdiction des manifestations qui provoquent les deux camps et favorisent les incidents et les amalgames. Nicolas Sarkozy doit prendre ce conflit très au sérieux. En effet, cette guerre n’est pas seulement un problème entre Israéliens et Palestiniens. C’est aussi une affaire de première importance en politique intérieure. Je reçois des appels d’imams qui font état de craintes et de haine. Je connais par exemple un retraité qui passe douze heures par jour à pleurer devant Al-Jazira. Que de morts ! Même moi, je n’arrive pas à dormir
Devant tant de violence, ne vous arrive-t-il pas de douter de l’existence de Dieu ?
J.A.
J’ai confiance en Dieu. Chez nous, on dit : « S’il a fait ça, c’est qu’on l’a mérité. »
H.C.
Je ne doute jamais. Même si je crains que la foi ne soit plus dans le coeur des hommes, je sais que le bon Dieu écoute mes prières et voit le sang couler pour un bout de terre. Comme je le dis souvent, la religion est à Dieu, et la terre, pour tout le monde.
J.A.
Et Dieu est grand !
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