CESSEZ-LE-FEU
AGAZA
ETAPRES?
Source : le figaro.fr en ligne le 21 janvier
Le Hamas triomphe,les Nations unies désespèrent
De notre envoyé spécial à Gaza,
Adrien Jaulmes
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Mardi, à Gaza, Ban Ki-moon s'est déclaré «choqué» en découvrant les dommages d'un bâtiment de l'ONU bombardé par les Israéliens. Crédits photo : AP
Les cris et les chants de victoire du mouvement islamiste, fier d'avoir résisté à l'offensive israélienne, ont été scandés lors de la visite du secrétaire général de l'ONU à Gaza.
Au moment même où les militants du Hamas défilaient mardi dans la principale rue de Gaza, célébrant comme une victoire le fait d'avoir courbé la tête et tenu bon face à l'orage de feu israélien qui a dévasté le territoire, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'Onu, admettait devant les ruines fumantes d'un hangar d'aide humanitaire incendié par les obus israéliens, son impuissance à se faire entendre dans le conflit.
Les partisans du Hamas se sont rassemblés en fin de matinée, à la sortie de la prière, en provenance de toutes les mosquées voisines. Juché sur une camionnette, un jeune tribun barbu du mouvement islamiste vêtu d'un curieux trench-coat blanc, harangue la foule. «Bravo aux combattants de la résistance. En vingt-trois jours de combats, l'ennemi n'a pas réussi à rentrer dans Gaza», s'époumone-t-il dans son micro. L'assistance, quelques milliers de personnes, en majorité des jeunes gens à la barbe épaisse, taillée sur la lèvre supérieure à la façon des islamistes, lève l'index vers le ciel. Des drapeaux verts du Hamas s'agitent. «C'est une victoire du Hamas ! Hamas ! Hamas !», crie le jeune homme. On lance des poignées de chocolats en l'air, les vendeurs de limonade hurlent à l'unisson pour attirer le chaland.
Puis tout le monde se met en marche en direction du Parlement. Le cortège est encadré par des hommes armés du Hamas qui montent la garde aux carrefours. Il passe devant l'ancien sérail ottoman transformé en prison et dévasté par les bombes israéliennes, le premier jour de l'offensive. Il atteint enfin le Parlement palestinien, dont les étages supérieurs sont encore attachés par des armatures métalliques aux restes écroulés de l'édifice, lui aussi pratiquement pulvérisé.
Humilié publiquement
Les cris et les chants de victoire des militants sont audibles depuis le complexe de l'UNRWA, où le secrétaire général de l'ONU, le très policé Ban Ki-moon, est venu en visite pour la journée. Il tient une conférence de presse devant les entrepôts de l'agence, les pieds dans l'eau des lances des pompiers, devant les restes noircis des hangars et l'odeur âcre de l'incendie qui fume encore un peu. L'UNRWA est l'une des plus anciennes agences des Nations unies. Elle subvient aux besoins des réfugiés palestiniens de Gaza depuis 1949. Soixante ans plus tard, elle tient toujours à bout de bras le sort des descendants des centaines de milliers de déplacés qui avaient fui leurs maisons à la création de l'État d'Israël par une résolution de l'ONU.
Humilié publiquement par les Israéliens, qui ont bombardé ce hangar parfaitement répertorié le jour même de sa visite en Israël la semaine dernière, Ban Ki-moon s'est déclaré «choqué» en découvrant de ses yeux les destructions causées par l'«usage excessif de la force par l'armée israélienne». Il a demandé que des enquêtes soient menées là où des civils ont été tués, et que soient créés deux États, israélien et palestinien, vivant en paix et côte à côte.
Ironiquement, les débris d'un obus d'artillerie de 155 mm avec les marquages rouges qui signalent les projectiles incendiaires ou fumigènes, ont été placés juste derrière le secrétaire général, en dessous d'une plaque commémorant l'inauguration du hangar. La munition a été vendue ou donnée par les Américains. Les dégâts seront facturés aux Européens, puisque l'entrepôt avait été construit par des fonds de Bruxelles.
Malgré la simultanéité de sa visite et de la manifestation du Hamas, Ban Ki-moon s'est en revanche abstenu de faire référence au pouvoir en place à Gaza, et de rencontrer le moindre responsable du mouvement islamiste. Il a appelé à l'«unité palestinienne», concept un peu illusoire alors que le Hamas a construit son propre mini-État à Gaza, et vient de le baptiser dans le sang et les larmes.
En référence à «la victoire divine»
Car le pouvoir reste aujourd'hui à Gaza celui du Hamas. Le mouvement islamiste mis au ban de la communauté internationale se targue aujourd'hui d'avoir résisté à vingt-deux jours d'offensive israélienne.
Ce discours imite évidemment la «victoire divine», invoquée en 2006 par le Hezbollah après trente-trois jours de bombardements israéliens intensifs. Militairement parlant, ces vantardises n'ont pas beaucoup de fondement. Contrairement au Hezbollah, qui était parvenu à infliger des pertes conséquentes aux chars israéliens dans les collines du Liban-Sud, la résistance du Hamas a été balayée par le rouleau compresseur de l'armée israélienne.
Politiquement, le Hamas a sans doute raison, même s'il essaye aussi de regonfler le moral de ses troupes. Dès le lendemain du cessez-le-feu, ses policiers étaient sur tous les carrefours, réglant la circulation pour suppléer aux feux de signalisation éteints. Son appareil de sécurité opère désormais en civil et sans bureaux, mais assez efficacement.
Aucune voix ne s'est élevée publiquement à Gaza pour au moins interroger le Hamas sur sa décision de ne pas reconduire la trêve avec Israël, qui a expiré quelques jours avant l'attaque. Depuis son coup de force de 2007, toute dissidence, toute force politique concurrente, est muselée à Gaza.
Le Hamas n'a pas encore prouvé qu'il était capable de se transformer, et de parti révolutionnaire aux tendances totalitaires, devenir un gouvernement capable de coexister avec Israël. Si cela se produit un jour, il deviendra difficile à Ban Ki-moon ou à son successeur de ne plus le rencontrer.
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