LESCANDALE
MADOFF
Source : lemonde.fr en ligne le 16 décembre
L'homme de confiance de la communauté juive
NEW YORK CORRESPONDANT
Dans la communauté juive new-yorkaise, la dernière histoire qui court sur Bernard Madoff, qui était à tu et à toi avec les dirigeants du judaïsme américain, est empreinte d'amertume. Il y avait un surnom : "the Jewish bond", "l'obligation juive" (jeu de mots avec bond signifiant aussi le lien). Contrairement aux célèbres "junk bonds", cette obligation-là n'était pas "pourrie", mais symbole de fraternité.
La preuve, dit-on aujourd'hui : quitte à gruger son monde, "Bernie" a d'abord visé ceux qui lui étaient proches. Sa manière à lui de rester honnête... Peu disert sur ses opérations, M. Madoff était un "makher", un faiseur d'affaires qui, avec de nombreux juifs américains fortunés, fonctionnait à l'affect, dans une relation où la parole donnée avait plus de valeur qu'une signature. "Tope là", et pas trop de traces.
Les noms de ceux qui lui ont confié leur portefeuille rempliraient un petit bottin mondain de la communauté. On y retrouve la Fondation Elie Wiesel pour l'humanité, de même que Wunderkinder, la fondation du réalisateur Steven Spielberg, ou encore celle du sénateur du New Jersey, Frank Lautenberg. Y figurent aussi le milliardaire Ira Rennert, patron de la holding financière Renco ; le magnat de l'immobilier et des médias Mort Zuckerman ; la famille Goldberg, ex-propriétaire de la chaîne de supermarchés Stop and Shop ; Carl Shapiro, fondateur de l'entreprise textile Kay Windsor, et son beau-fils, le philanthrope Robert Jaffe ; Norman Braman, l'un des premiers concessionnaires automobiles des Etats-Unis ; les entrepreneurs immobiliers Fred Wilpon et Saul Katz, copropriétaires de l'équipe de base-ball des New York Mets ; Leonard Feinstein, fondateur de la chaîne de matériel domestique Bed Bath & Beyond ; ou le producteur hollywoodien Sam Englebardt. Liste non exhaustive.
Nombre d'avocats d'affaires juifs new-yorkais dirigeaient vers lui leurs clients. "Tous les gros divorces qui arrivaient chez moi avaient des portefeuilles chez Madoff", a reconnu l'avocat Jeff Fischer, très introduit dans la communauté juive en Floride. "N'importe qui peut se faire voler. Mais l'arnaque de Madoff est bien pire, parce qu'il était l'un d'entre eux", explique au New York Times Laurence Leamer, auteur d'un ouvrage à paraître sur les juifs de Palm Beach.
Désormais, le "courtier éthique" qui faisait profiter ses amis juifs de placements supposés fructueux a un nouveau surnom : "Bernie made off". Traduction : celui qui "s'est tiré avec" ce qu'il a empoché.
Sylvain Cypel
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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