QUESTION
DANTISEMITISME
Source : lemonde.fr en ligne le 17 septembre
Edito du Monde
Fait divers et politique
Chacun se souvient de l'histoire de Marie L., en juillet 2004. La jeune femme avait raconté avoir été sauvagement agressée dans le RER, avec son bébé, sur fond de propos antisémites. Pendant deux jours, le ministère de l'intérieur, l'Elysée, les parlementaires, les médias s'étaient indignés, dénonçant la montée du racisme en France. Avant de reconnaître, honteux et confus, que cette histoire n'était que l'invention d'une mythomane. Et qu'on ne les y reprendrait plus.
La leçon n'a guère été retenue. Toutes proportions gardées, c'est en effet un mécanisme similaire qui s'est déclenché après l'agression de trois jeunes juifs dans le 19e arrondissement à Paris, le 6 septembre. Le début de l'enquête de la police invitait pourtant à la prudence : elle signalait qu'aucune insulte ou aucun propos antisémite n'avaient été entendus par les trois victimes, et le seul élément mis en avant par la préfecture de police était que celles-ci portaient des kippas.
Sans précautions, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, se sont pourtant livrés à une compétition de communiqués. Cette dernière a évoqué des "violences antisémites", le premier a parlé d'"agression à caractère manifestement antisémite" et d'"actes inqualifiables". Quelques semaines après le tabassage d'un jeune juif, Rudy H., le 21 juin, quasiment au même endroit, cette affaire a provoqué de vives réactions des associations, des élus et des habitants du quartier. En réalité, l'enquête démontre qu'il ne s'est agi, en l'occurrence, que d'une bagarre entre bandes de jeunes.
Cet emballement politico-médiatique n'est pas anodin. Autant l'indignation est justifiée et nécessaire lorsque les faits de racisme ou d'antisémitisme sont avérés, autant elle peut avoir des effets pervers lorsqu'ils se révèlent fantaisistes ou fantasmatiques. Dans un contexte de concurrence victimaire, le risque est évident que des extrémistes récupèrent ce type d'événement soit pour nier la réalité de toute agression antisémite, soit pour alimenter des théories du complot. La situation actuelle du 19e arrondissement appelle plus de rigueur tant le climat y est tendu. Si l'agression des trois jeunes juifs n'était pas antisémite, tout les témoignages mettent en évidence le durcissement des rapports entre communautés.
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