FEUILLES
Qu'ils viennent de Tunisie, du Maroc ou d'Algérie, au lendemain de l'indépendance de ces pays, les juifs d'Afrique du Nord ont toujours montré leur attachement à cette part de leur identité, tout en restant fidèle à leur citoyenneté française.
Leurs souvenirs ne périssent jamais. La lumière, les odeurs parfumées, la musique, la beauté des paysages méditerranéens, mais surtout les visages qu'on y a laissé restent intacts dans leur mémoire.
Souvenirs, témoignages, les récits de cette communauté, pleine de vitalité et de ressort, ne cessent de nous ouvrir des pans de cette Histoire mouvementée -oh! Combien saisissante- qui s'est achevée en tragédie, par l'exil. Ces récits font, aujourd'hui, de plus en plus l'objet de publications qui comblent et enrichissent les étals des librairies.
"BLIDA... ET DES POUSSIERES" de Line MELLER en est un des exemples.
Line Miller parcourt dans cet ouvrage ses années Blida, en Algérie, en mêlant contes et anecdotes. Toute la tendresse de son vécue et des photos et tableaux qui lui sont restés, enfouis dans le grenier de sa mémoire.
Nous publions, avec son autorisation, trois court extraits de son livre publié aux Editions Romillat, tout au long de la semaine à venir.
Nous espérons vous donner l'envie de vous le procurer et de le diffuser autour de vous. Pour que cette mémoire juive ne se dilue jamais.
B. K.
1er EXTRAIT
Blida et des poussières…
Une Algérie dans le miroir
de Line Meller
Editions Romillat
Souvenir
"J’aimais énormément accompagner ma tante au hammam. Pelotonnée dans ma « fouta » entre ses cuisses dodues, tout contre son ventre accueillant, je renaissais dans cette moiteur chaude dont l’odeur charnelle persisterait longtemps dans mes cheveux. J’appréciais moins le malaxage de mon cuir chevelu, brassé énergiquement, telle une serpillière, dans la mousse de savon de Marseille qui piquait mes yeux. Mais cette ardeur scrupuleuse pour une propreté sans faille trouvait sa récompense ultérieure. Une fois poussée la lourde porte de la salle de vapeur, qui se refermait sous le contrepoids du gros boulet de canon suspendu à une corde, nous arrivions dans la salle de repos, atrium doté d’un bassin-fontaine carrelé, et là, je me retrouvais pénétrée de bien-être, allongée sur une natte, le corps enveloppé dans une grande serviette moelleuse, tout engourdie de tiédeur".
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