PASSERELLE
Source : rue89.com en ligne le 5 août
Célia Surget, femme rabbin
Par Ophélie Neiman (Rue89)
Quand on la croise dans le métro, Célia Surget ne dépareille pas des autres voyageurs. Une jeune femme toute simple de 29 ans, en jupe et pull noir, chaussures à talons bobines. Dans la synagogue où elle a pris ses fonctions le 1er août, elle a pourtant déjà l'air chez elle. Elle officie avec sa kippa et un taleth (châle de prière), comme les hommes, mais garde la jupe. A l'entendre, ce qu'elle est n'a rien, absolument rien d'extraordinaire. Pourtant, des femmes rabbins, en France, il n'y en a que deux. Elle comprise.
C'est Pauline Bebe, nommée rabbin en 1990, qui a ouvert la voie dans l'Hexagone. "Elle a essuyé les plâtres, raconte Célia Surget. Pour moi, ce sera sûrement plus facile." Celle qui officiera désormais à la synagogue libérale du XXe arrondissement de Paris avoue ne s'être jamais posé la question de savoir si rabbin et femme étaient deux mots qui pouvaient aller ensemble. Peut-être parce qu'elle a fréquenté toute son enfance une synagogue libérale de Genève et a vécu et étudié aux Etats-Unis, où les femmes rabbins sont bien plus nombreuses.
Car tous les mouvements de la religion juive n'acceptent pas que les femmes montent à la Torah. Seuls les mouvements reconstructionnistes, massortis et libéraux permettent l'accession des femmes au rabbinat. Le courant orthodoxe, largement majoritaire en France -alors que le judaïsme libéral rassemblerait près de 90% des juifs aux Etats-Unis- n'y est pas du tout disposé. Au total, elles seraient 800 dans le monde, dont 500 appartenant au courant libéral.
"Ce sont des mouvements différents", explique très tranquillement mademoiselle le rabbin. "Les orthodoxes ne permettent pas que femmes et hommes soient assis côte à côte à la synagogue, alors que le mouvement juif libéral ne fait aucune différence entre les deux sexes. Je n'ai pas été nommée pour envoyer un message au mouvement orthodoxe mais pour servir le judaïsme libéral."
Si aucune fierté féminine ne se dégage de ses paroles, le fait de voir une femme accéder à de telles fonctions religieuses n'est pas anodin. Certaines associations catholiques aimeraient que l'Eglise emprunte elle aussi le chemin de la modernité. Lucienne Gouguenheim est membre de NSAE (Nous sommes aussi l'Eglise), un réseau d'associations catholiques désireuses de faire évoluer leur institution. Tout en saluant la nomination de Célia Surget, elle craint que le nouveau pape ne soit pas disposé à suivre cette orientation:
Dans trois semaines, avec la réouverture de la synagogue du XXe arrondissement, Célia Surget officiera pour ses premiers shabbats. Elle se rendra également dans les deux autres synagogues du Mouvement juif libéral de France -MJLF-, dans le XVe arrondissement et à Sceaux. Et puis le quotidien: préparations de mariages, du nouvel an juif, visites dans les familles. Comme tous les rabbins. Homme ou femme.
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