NOUS REPUBLIONS CETTE PAGE A L'OCCASION DU DECES DE NOTRE AMI, ALAIN SUIED, L'UN DES PLUS FULGURANTS POETES JUIFS DE SA GENERATION.
NOUS REVIENDRONS AUSSI TOUTE LA SEMAINE SUR SES ARTICLES QU'IL PUBLIAIT DANS NOS PAGES DEPUIS LA CREATION DE DIASPORABLOG EN SEPTEMBRE 2005. IL EXPOSEE A TRAVERS SES ECRITS, DE SA POESIE, TOUTE SA FRAYEUR, TOUTE SA HANTISE A L'EGARD D'UN MONDE IMPITOYABLE QUI LAISSE PLACE, IMPUNEMENT, A LA NEGATION DE L'AUTRE. QUI TENTE D'EXTRAIRE L'AUTRE DE SA NORMALITE. L'AUTRE QUI POURRAIT ÊTRE LE JUIF. A NOUVEAU CRUCIFIE SUR L'AUTEL DES CRIMES QU'IL NA POURTANT PAS COMMIS. C'EST CETTE BARBARIE HUMAINE QU'IL NE CESSAIT DE COMBATTRE AVEC OPINIÂTRETE, SANS JAMAIS LÂCHER PRISE SUR SES CONVICTIONS. AU RISQUE PARFOIS DE PARAÎTRE EXCESSIF DANS SA FACON DE CROQUER LE PAYSAGE HUMAIN, EN MARGE DU REEL.
NOUS REVISITERONS SES POEMES, SA PENSEE TOUT AU LONG DE CE MOIS.
VOUS CONNAISSIEZ LE POETE, VOUS CONNAISSIEZ SES OEUVRES. FAITES NOUS PART DE VOTRE TEMOIGNAGE.
MERCI.
Bernard Koch
PoEtIc
Vient de paraître, aux Editions Arfuyen, le nouveau recueil de poèmes de notre ami et collaborateur, Alain Suied, "LAISSER PARTIR". Poète de l'absolu. Sondeur, jusqu'à l'extrême, du malaise de notre humanité. Guide de notre inconscience. Une voix unique à entendre.
Sortie en librairie :
juin 2007
ALAIN SUIED
LAISSER PARTIR
Editions Arfuyen
Collection « Les Cahiers d’Arfuyen »
116 p – 13 euros
Ce recueil est depuis près de vingt ans le neuvième livre d’Alain Suied que publient les Éditions Arfuyen. Rappelons les titres précédents : Le corps parle (1989), Face au mur de la Loi (1991), Ce qui écoute en nous (1993), Le premier regard (1995), Le pays perdu (1997) L’Ouvert, l’Imprononcable (1998), Rester humain (2001), L’Éveillée (2004).
On se souvient que L’Éveillée, dernier recueil paru, était placé sous le signe de la quête de l’origine familiale et spirituelle : la figure de la mère et le Nom de Jacob en étaient les témoins. Les thèmes de ce nouveau recueil, tout en poursuivant cette recherche, nous rappellent aussi combien Alain Suied a toujours nourri sa recherche personnelle de l’expérience des grands psychanalystes. En témoigne par exemple, dans la quatrième partie, Entendre, écouter, comprendre, ce poème : « Entendre, écouter, comprendre : / de pays en pays, je traverse / le monde inexploré de ton regard. / Les lieux, les sources, les seuils / se confondent et se reflètent / dans notre histoire commune. / Je touche ta blessure et j’ouvre // l’horizon de ton destin. » Ou bien, un peu plus loin : « Tu te bats contre des ombres et voilà :/ ta colère, ton cri , tes craintes / sont les seules lueurs qui te guident !/ Non , il ne peut revenir , le temps illusoire / où tu te confondais avec le désir / – tu dois chanter dans la nuit sans écho. »
Le livre
Laisser partir est composé de 80 poèmes, répartis en huit suites de dix poèmes. Les titres de ces huit suites sont révélateurs de la tonalité de l’ouvrage : De la perte au manque – Obscur est le cœur – Le blessure la plus lointaine – Entendre, écouter, comprendre – Apnée dans le vraie vie – Sortir de la fausse mort – À l’arraché – Sous le masque de la chair. En ouverture l’auteur a placé ce texte, comme une clef de lecture possible : « Je plongeai dans l’espace invisible. / La langue humaine disparut. / Une seule matière / ou peut-être un seul songe / se découpait, se refermait / à la croisée / de mon regard. / Ombres lointaines, lueurs perdues / présences, tremblantes présences / je vous ai confondues...
Une plongée dans l’inconscient de l’homme qui nous mène cependant là encore bien au-delà de l’individu : dans un passé commun, toujours à redécouvrir pour que l’homme reste homme. Il y a une fidélité à avoir, un message à transmettre, par-delà de tout ce qui nous est connu : « Quelque chose existe et transparaît. / Cela traverse le Temps. / Cela traverse toute perte. / Dans les visages, dans les regards / dans les absences, dans les cœurs / cela revient, ô fusion // dans les reflets, dans les clairières de l’amour. »
C’est ce sentiment profond d’un souvenir et d’un appel qui rend si poignante la tension que l’on sent dans l’écriture d’Alain Suied, tout à la fois comme une nécessité psychique et comme une exigence spirituelle. Écoutons ainsi les derniers mots du livre : « Nous traversons l’exil d’un autre / nous portons le masque d’un oubli // à nous même inaccessible. // Non, tu n’as pas trahi / tu saignes la blessure d’un passé / sans parole et sans retour / alors que tu dois / chanter au diapason d’un rêve // à nous-même inconnu. »
L’auteur
Alain Suied est né le 17 juillet 1951 à Tunis. Ses parents appartiennent à l’ancienne communauté juive de cette ville. Il n’a que huit ans lorsque sa famille part s’installer à Paris.
Un de ses poèmes est publié en 1968 dans la revue L’Éphémère. Plusieurs recueils suivent : Le silence, en 1970, puis C’est la langue, trois ans plus tard. En 1979 paraît un recueil de traductions de poèmes de Dylan Thomas, N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit (Gallimard). Il traduit Updike, Pound, Faulkner, Keats, Blake, Muir, etc.
Il étudie les philosophes de l’École de Francfort et s’intéresse aux grands psychanalystes contemporains. Il entre lui-même en analyse. Secrétaire de l’association musicale Le Triptyque et membre de l’Académie Charles-Cros, il a reçu le Prix Nelly Sachs pour l’ensemble de ses traductions. Travaillant en prise directe avec la misère de notre temps – chômage et exclusion –, Alain Suied poursuit une œuvre poétique d'une densité et d'une singularité qui la rangent parmi les plus fortes de sa génération. Le n° 31 de la revue Nu(e) lui a été consacré.
Éditions Arfuyen,
Lac Noir,
68370 Orbey
Adresse postale :
35, rue Le Marois,
75016 Paris –
Tél. / Fax : 01.46.51.80.39 –
Site : www.arfuyen.fr
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