"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, avril 18, 2007

TOUS
ENSEMBLE

Diasporablogj invite...


DIDIER BOURG
Fraternité musulmane
contre l'antisémitisme


Texte de son introduction prononcée devant des membres d'un atelier de réflexion tenu dans le cadre d'une renontre inter-confessionnelle réunissant juifs et musulmans qui a lieu ce week-end à Bruxelles.


Le CEJI (A Jewish Contribution to an Inclusive Europe) a organisé, du 15 au 17 janvier à Bruxelles, une conférence européenne consacrée au dialogue judéo-musulman. Une soixantaine de participants, représentant des associations engagées dans ce dialogue en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Danemark et en France, ont adopté une résolution finale invitant Juifs et musulmans à lutter côte à côte contre toutes les formes de discrimination. Le texte ci-après, du président de la Fraternité musulmane contre l’antisémitisme, Didier Bourg, est l’introduction à l’atelier consacré à l’influence du conflit du Moyen-Orient sur le dialogue judéo-musulman en Europe.

Bonjour,

J’ai pour mission d’introduire brièvement l’échange qui aura lieu au sein de notre atelier. Je dirige moi-même une association toute récente puisqu’elle a moins de deux mois d’existence, la Fraternité musulmane contre l’antisémitisme. Sa vocation première est de dénoncer et de combattre toutes les formes d’antisémitisme, entre autres celles qui se développent parmi les musulmans eux-mêmes, en déclarant que l’antisémitisme et l’islam sont incompatibles. Sachant que l’antisémitisme en milieu musulman se nourrit notamment du conflit au Moyen-Orient, nous avons fait le choix de tenir unilatéralement, en tant que musulmans, un discours fort sur la question israélo-palestinienne, en déclarant que nous reconnaissons pleinement l’Etat d’Israël et que nous reconnaissons aussi sa légitimité à défendre sa population.
D’autres, comme le rabbin Michel Serfaty ont fait un autre choix, celui de ne pas aborder la question de ce conflit pour bâtir, d’abord, un dialogue judéo-musulman fraternel. Nous soutenons pleinement ce choix car il est sage et que l’association du rabbin Serfaty, l’Amitié judéo-musulmane de France, fait un travail remarquable, en particulier auprès des jeunes dans les cités. Son action permet aussi de dépasser la confusion entre conflit au Proche-Orient et rapports entre adeptes de religions sœurs. Alors, pourquoi la Fraternité musulmane contre l’antisémitisme a fait un choix totalement opposé ? Parce que ces deux démarches sont complémentaires et elles sont, à ce titre, exemplaires de la problématique de notre atelier.
Différents niveaux de compréhension, de rencontre et d’action entrent en jeu lorsque l’on évoque la question du dialogue judéo-musulman.
Il y a par exemple la représentation que l’on se fait de son propre groupe d’appartenance, de la sphère où l’on se situe au sein de celui-ci et les mêmes éléments concernant l’autre membre du couple judéo-musulman auxquels s’ajoutent la représentation que l’on se fait du conflit au Proche-Orient et la façon aussi dont on se représente le positionnement de l’autre par rapport à ce conflit.
Cela veut dire que nous sommes en réalité dans un processus dynamique, avec beaucoup de diversité. Là où souvent nous nous représentons les choses en termes de moi et l’autre, mon camp et son camp, nous sommes en réalité dans une diversité humaine très large.
La prise de conscience du fait que ce ne sont pas des groupes uniformes qui s’affrontent mais que ce sont des individus qui sont en jeu permet de « décloisonner », d’entrevoir des perspectives nouvelles, de regarder et comprendre les choses différemment.
C’est l’une des clés pour rapprocher les points de vue ou respecter des points de vue différents. C’est notamment le travail que fait le Mouvement pour la Paix.
Pour cela il faut que, dans le dialogue, on admette qu’on puisse être un musulman ou un Arabe d’Europe critique à l’égard de la politique d’Israël sans pour autant être taxé d’antisémitisme. De la même façon, il faut qu’on puisse être un Juif d’Europe défendant des positions très dures prônées par certains responsables israéliens sans pour autant être taxé de racisme ou de colonialisme. Il faut même être capable de lutter pour que l’autre puisse exprimer son point de vue lorsqu’il est différent du sien.
Il faut surtout aller beaucoup plus loin. Etre véritablement capable d’écouter le point de vue de l’autre en le considérant par principe valable. En considérant qu’en Israël comme en Palestine, ce sont des êtres humains avec des valeurs identiques ou très proches qui peuplent ces territoires, avec des besoins et des aspirations semblables à ceux des autres êtres humains qui peuplent la planète. Se dire que chacun a droit à la sécurité, au bien-être, à l’épanouissement. Et que la vie humaine n’a pas de prix. Les médias ou Internet nous fournissent tous les jours de la matière pour nourrir nos peurs, notre mépris ou notre haine. Mais on ne peut contribuer à la paix qu’en chassant ces sentiments au profit de ce sentiment suprême qu’est la fraternité humaine, que l’on soit croyant ou athée.
Alors tout devient possible. L’association que je préside en témoigne. Nous sommes musulmans et nous n’adoptons pas le point de vue attendu mais un point de vue qui peut surprendre et qui s’inscrit pourtant pleinement dans les valeurs religieuses, éthiques ou humanistes dont nous sommes porteurs, Juifs comme musulmans.
Il s’agit de mettre en avant non pas l’intérêt particulier de sa communauté mais l’intérêt général et la vérité, de s’interdire toute violence et de la condamner. Et avoir le courage de s’afficher à la fois pro Israélien et pro Palestinien. Se présenter comme musulman sioniste, défendant l’existence de l’Etat d’Israël et la sécurité pour sa population. Ou comme Juif défendant la mise en place d’un Etat palestinien viable.
On peut aller encore plus loin. Des musulmans d’Europe pourraient demander la nationalité israélienne en plus de leur propre nationalité pour manifester leur solidarité avec les Israéliens. Je fais personnellement et solennellement cette demande. Et des Juifs d’Europe pourraient faire la même chose en demandant la nationalité palestinienne. Ce croisement symbolique ne signifierait surtout pas le rejet de son propre groupe d’identification mais au contraire la mise en action des valeurs qui fondent son existence : la vérité, la justice et la paix. Dire haut et fort que ces valeurs nous sont communes et que nous voulons les vivre pleinement, les mettre en actes et non pas nous contenter de les affirmer tout en agissant dans un sens contraire.
Quand un Palestinien meurt dans le conflit, c’est mon sang qui s’écoule de ses veines et quand un Israélien meurt dans ce conflit c’est aussi mon sang qui s’écoule de ses veines.
Tout comme le Mouvement pour la Paix, les Juifs et musulmans d’Europe peuvent se rassembler, sans suspicion, sans inquiétude, en se reconnaissant mutuellement, pour s’affirmer frères et sœurs d’une même famille, unis pour la paix entre eux en Europe, au service de tous les Européens, quels qu’ils soient, et au service de la paix au Moyen-Orient. Et se rassembler contre leurs véritables ennemis : la haine qui peut s’incruster dans le cœur de chacun d’entre nous et les individus ou groupes violents, aussi bien Juifs que musulmans, qui font obstacle à la paix au Moyen-Orient et à la fraternité universelle.
C’est possible ici et maintenant. L’organisateur de cette conférence, le CEJI - A Jewish Contribution to an Inclusive Europe, ainsi que tous les experts qui l’ont aidé dans sa tâche, nous ont mis dans les meilleures conditions pour réaliser cette espérance. A nous tous, ensemble, de parler vrai, concret, en toute fraternité, avec affection et respect. Nous devons dépasser les discours polis entre gentils Juifs et gentils musulmans pour atteindre l’authentique lien fraternel. Devenir inséparables, nous rencontrer au quotidien pour que la réalité de la vie nous permette de dépasser nos représentations désincarnées, inhumaines et fausses, pour ne jamais être tentés de trahir un jour nos idéaux en trahissant nos frères et sœurs humains. En rendant concrète et vivante cette fraternité, nous ne renions pas nos valeurs, nous ne les aménageons pas mais au contraire nous les réalisons, en tant que citoyens comme en tant qu’adeptes de nos religions respectives.
C’est un système où nous sommes tous gagnants, ensemble.


Didier Bourg
Fraternité musulmane contre l'antisémitisme

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