Pour Diasporablogj,
L'avis d'Alain SUIED
LE JUIF DE SAVOIR
de Jean-Claude Milner
Editions Grasset
Collection "figures"
225 pages 13, 90E
Penser l'assimiliation
Le style concis et précis de Milner s'ajuste au sujet complexe et nécessaire qu'il aborde dans nouvel essai "LE JUIF DE SAVOIR" ("Wissenschaft"), qui qui dérangera tout autant que le précédent "Les penchants criminels de l'Europe démocratique" (Editions Verdier) et qui le prolonge avec force et justesse. Cette fois, il s'agit d'une version d'un Séminaire donné par le philisophe à l'Institut d'Etudes Lévinassiennes ("Le savoir comme idole") en 2004-2005. Institut fondé par Benny Lévy et situé à Jérusalem - élément non précisé ici...
La question centrale de l'ensemble est celle de l'assimilation - en Allemagne - par le "Savoir" et en France -par la politique "Républicaine" - mais l'approche de l'auteur nous plonge dans l'étude des rouages inextricables de l'Histoire et de la Destruction...
Après 1815 et jusqu'en 1933, les Juifs d'Europe tentent -de différentes manières - d'échapper à l'exclusion, de sortir de l'effroyable et absurde stigmatisation longtemps voulue par une Eglise encore confondue avec l'Etat. En Allemagne, Lessing et Mendelssohn vont donner une première impulsion -dans la logique des "Lumières"- à leur possible "assimilation"...par le éSavoir", par l'inscription sinon dans la "société", du moins dans le discours... Avant la guerre de 1939, les intellectuels juifs Allemands ne fondent-ils pas la Modernité, n'explorent-ils pas le fond du connaissable? Husserl, alors, n'est pas encore"pillié" et "nié" par son disciple Heidegger -qui cherche à retrouver la "volonté de puissance (?) du temps d'avant...les juifs, le temps du discours obscure et déterminant de la Mystique chrétienne institutionnalisée...Adorno, Walter Benjamin ou Casirer (également haï par le penseur Bavarois)- mais aussi Freud et de nombreux artistes et savants ne font-ils pas de l'aasimilation "allié avec" le savoir, la formule alchimique de la "libération" du juif (au risque de perdre tout lien avec lz référence initiale?). En France, la Révolution et l'Empire ont voulu rendre au peuple ses droits (et non à la "nation") : les "israélites" Français espèrent devenir des... Français commes les autres... ils en ont les droits politiques - mais l'esprit d'un Maurras indique assez que rien n'est aussi... simple... (Ajoutons ici un point linguistique, qui ne choquera pas l'auteur : peu à peu, une langue "disparait" (temporairement) - l'Hébreu... mais d'autres verront la période "Révolutionnaire" comme le voilement... du latin). Pour Milner, la "société" (le "pays réel" de la terminologie Maurassienne) est contre le discours "Républicain" assimilateur...
Le "juif de savoir" a-t-il disparu? C'est ce que dit Milner -et il détaille destins individuels et mouvements historiques faisant admirablement appel aux aspects les plus secrets de la pensée de Michel Foucault et d'Hanna Arendt.
La notion de "nom juif" lui apparaît comme essentielle : on peut y lire une variation sur le "nom du père" Lacanien. Notre temps a-t-il enregistré la Destruction du "nom" et du "savoir" juif...ses propres racines...ou verra-t-on les évènements décider de leur retour? La question peut-être posée...
Alain SUIED
DANS
LEPOSTE
SAMEDI 13 JANVIER
sur FRANCE-CULTURE
REPLIQUES
La figure du Juif du savoir
par Alain Finkielkraut
Réalisation : Didier Lagarde
Avec Jean-Claude Milner et Catherine Clément.
DIASBORABLOGJ reviendra sur cette émission dans les prochains jours
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