PASSERELLE
Source ; liberation.fr
en ligne le 15 juillet
Le Hezbollah divise les pays arabes
Les sunnites s'inquiètent d'un nouveau signe
de regain d'influence chiite.
Par Jean-Pierre PERRIN
QUOTIDIEN : Samedi 15 juillet 2006 - 06:00
Habituellement, la solidarité arabe, à défaut de s'exprimer par des actes, n'est pas avare de condamnations quand il s'agit d'Israël. Mais pas cette fois. Le Liban a beau être bombardé jour et nuit, faire l'objet d'un blocus aérien, maritime et de facto terrestre, les «pays frères» campent sur des déclarations prudentes. Mieux : l'Arabie Saoudite, la Jordanie et l'Egypte, ont aussi toutes trois déploré «l'aventurisme» du Hezbollah sans toutefois le nommer. La condamnation la plus sévère est venue de Riyad. «Une distinction doit être établie entre la résistance légitime [palestinienne, ndlr] et des aventures irréfléchies entreprises par des éléments de l'intérieur [du Liban] et par ceux qui sont derrière eux [l'Iran] sans recourir aux autorités légales et sans consultation et coordination avec les nations arabes, écrivait vendredi l'agence officielle saoudienne SPA. Ces éléments doivent porter la responsabilité de leurs actes irresponsables, et eux seuls devraient mettre fin à la crise qu'ils ont créée. Ils exposent les pays arabes et leurs intérêts à de graves dangers sans que ces pays aient leur mot à dire.»
«Les intérêts arabes».
Les capitales arabes étaient déjà embarrassées par l'attaque israélienne qui risque de déstabiliser la région. Elles le sont encore davantage après le communiqué saoudien contre le Hezbollah, un des principaux alliés de la Syrie. En fait, la position saoudienne est partagée par la majorité des pays de la région, hormis Damas, mais elle traduit un clivage si profond au sein du monde arabe qu'il risque de constituer un obstacle sérieux à l'adoption d'une position commune lors de la réunion, lundi, de la Ligue arabe. D'où la gêne du président Moubarak et du roi Abdallah de Jordanie, qui, à l'issue d'une rencontre vendredi en Egypte, ont dû condamner les opérations israéliennes au Liban et, en même temps, «l'aventurisme» du Hezbollah comme «ne servant pas les intérêts et les affaires arabes». Signe du malaise : il n'y a pas eu de déclaration à la presse et les autorités ont annulé une conférence de presse de leurs ministres des Affaires étrangères.
Allié iranien. Tout le malaise vient du fait que le Hezbollah est à l'origine de la crise. Or, ce parti chiite est regardé comme la cinquième colonne de l'Iran dans la région, de surcroît à un moment où Téhéran se montre très offensif sur la question nucléaire et sur Israël. Le président Mahmoud Ahmadinejad est, d'ailleurs, de plus en plus populaire parmi les populations arabes. Enfin, depuis la fin de la domination sunnite sur l'Irak, la plupart des dirigeants arabes s'inquiètent de la montée en puissance des chiites. «Nous faisons face à un jeu régional et international, contre lequel le président Moubarak avait depuis longtemps mis en garde, afin que nous [les Arabes, ndlr] ne nous laissions pas entraîner dans des pièges conduisant à des explosions redoutables», s'inquiétait vendredi le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram. Si l'armée israélienne parvient à son ambition de «casser» le Hezbollah, il est dès lors peu probable que certains dirigeants arabes le regrettent.
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