"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

samedi, septembre 24, 2005

PASSERELLE


Article paru dans le N° de REGARDS de ce mois revue du Centre Communautaire Juif Laïc de Belgique
et sur le site www.cclj.be/regards/











Etre juif en République islamique




Les Juifs vivent en Perse depuis 2.500 ans, la révolution islamique d’Iran date d’il y a un quart de siècle. Une population juive dont les deux tiers ont émigré, principalement vers les Etats-Unis. Portrait en contrastes de cette communauté au sein de laquelle il existe un net clivage entre jeunes et moins jeunes, entre la capitale Téhéran et Shiraz, entre gens économiquement aisés et ceux qui le sont moins…
Téhéran, Parc Eram… Les autres jours de l’année, un parc comme les autres dans la banlieue nord de Téhéran. Pourtant ce premier vendredi après Pessah, c’est un grand jour pour la communauté juive : le moment de tous se retrouver autour d’un pique-nique (notre photo). Ambiance familiale, décontractée. L’occasion pour un touriste étranger de sentir le climat qui règne au sein de cette communauté, toujours très vivace, même si près des deux tiers ont décidé de quitter le pays après la révolution islamique, et de tenter leur chance ailleurs, principalement à Los Angeles. Aux Etats-Unis d’ailleurs -et en particulier sur certains sites internet-, la situation des Juifs iraniens est décrite en termes sombres : mesures discriminatoires sur le plan légal, de l’emploi et de l’éducation. Bien entendu, il n’est pas question d’afficher ouvertement un quelconque soutien à l’Etat d’Israël ou de défendre des opinions sionistes, mais cela ne les empêche pas de s’y rendre (via la Turquie), pour y faire du tourisme et saluer la famille. Comme le résume très bien Ben Hoor qui, avec ses trois frères, tient une bijouterie dans le bazar : Tu suis une ligne droite, de la maison au magasin et du magasin à la maison, pas de zigzags, et tout ira bien. Les Juifs étaient 85.000 en 1978, ils ne sont plus que 22.000 aujourd’hui, principalement à Téhéran, Shiraz et Esfahan. A l’instar de la quasi-totalité de la population, y compris musulmane, les Juifs ne sont pas -et c’est un euphémisme- enchantés par le régime en place. Tous, de l’étudiant au chauffeur de taxi en passant par les commerçants des bazars, se plaignent de l’absence de liberté, du manque de perspectives économiques et de la mainmise des autorités religieuses sur les institutions.
Esfahan, le joyau de l’Orient Il y a 2.000 Juifs à Esfahan, soit un nombre presque égal à celui d’avant la Révolution islamique. Pas d’exode massif. Sur les 13 synagogues, 7 sont encore en fonction. La place Naqsh-e Jahan, rebaptisée place de l’Imam, est la deuxième au monde de par sa taille -500 mètres sur 150-, mais certes la première de par sa splendeur et son harmonie architecturale où les coupoles bleues des mosquées contrastent avec le vert des plantations. Soleyman Sassoon est peintre et y tient une galerie d’art. Pour lui, la perpétuation de la présence juive en Iran va de soi : Cela fait 2.500 ans que les Juifs habitent la Perse! Sous les piliers du pont aux 33 arches, dans un salon de thé, les consommateurs sirotent leur thé et fument la «qalya» ou narghilé. Le président de la communauté, Mah Gereftah, qui gère une affaire d’articles de protection et vêtements de sécurité, tient des propos similaires. Il semble par contre que son fils, qui nous sert d’interprète, ne partage pas cet avis. Pour lui, comme pour les jeunes adolescents, l’avenir n’est pas en Iran, mais en Israël, le pays où l’on peut se sentir pleinement juif.
J’ai peur de vous parler A Shiraz, la ville des roses, des rossignols, de l’amour, du vin et le berceau des poètes Hafez et Saadi, règne un air agréable. Persépolis, la capitale de l’Empire achéménide, incendiée par Alexandre le Grand, n’est qu’à une demi-heure. La synagogue «Rabi Zade», en face de l’église arménienne, se trouve au fond d’une petite cour intérieure. Tous les soirs, à l’heure de la prière, les Juifs de Shiraz, hommes et femmes, y viennent en grand nombre. Pour prier certes, mais aussi pour discuter, échanger les derniers potins, bref se retrouver. Il faut dire que l’arrestation en 2000 de 13 Juifs de la ville, accusés d’espionnage au profit d’Israël -bien qu’ils aient tous été acquittés sous la pression internationale- a laissé des traumatismes au sein de la communauté. Refus catégorique du président, le Dr Bambad, et des autres Juifs de nous parler, en l’absence d’une autorisation émise par la police. Pas question de prendre la moindre photo. Seul Elie, un jeune adolescent de 14 ans, enfreint la règle et se propose de nous guider. C’est l’occasion de rencontrer -en toute liberté- les commerçants juifs sur le «Zand». Heureux de la situation en Iran? Pas vraiment, mais de là à émigrer, non, l’intention n’y est pas. Alors on espère un changement de climat politique et surtout économique. Le changement, Ahmadinejad, qui vient à la surprise générale d’être élu président de la République islamique, a-t-il la volonté -et le pouvoir- de l’apporter? C’est peu probable, en raison des positions ultra-conservatrices qu’il a défendues durant la campagne. Alors tentons un peu de prospective : au plan des mœurs, arrêt des réformes entamées par l’ancien président Khatami, sans nécessairement un retour vers l’orthodoxie pure et dure. La situation des Juifs, elle, ne devrait en principe pas changer puisque le vrai pouvoir, ce sont les mollah et l’imam Khamenei qui le détiennent, et il ne faut guère s’attendre à un changement d’attitude de leur part concernant les libertés individuelles en général et l’image négative à l’égard des Juifs qui trouve principalement sa source dans le Coran. Alors, après 2.500 ans qui ont vu des périodes de tolérance alterner avec des périodes d’oppression, rester ou partir? La réponse diffère suivant les générations, la liberté de chacun et… le bien-être économique.
QUELQUES DATES - 6e siècle : déportation des Juifs à Babylone. -539 : Cyrus le Grand envahit Babylone et autorise le retour des Juifs. Quelques milliers resteront toutefois dans l’empire achéménide. 7e siècle : L’islam devient la religion officielle en Perse. Mesures discriminatoires à l’égard des non- musulmans. 16e siècle : Les Safavides déclarent le chiisme religion d’Etat. La situation des Juifs se dégrade nettement (massacres, conversions forcées, traitements humiliants…). 1908 : Une nouvelle Constitution supprime toute forme de discrimination à l’égard des religions monothéistes non musulmanes (Juifs, chrétiens et Zoroastriens). 1921 : Coup d’Etat de Reza Pahlavi. Suite à sa collaboration avec l’Allemagne nazie, l’Iran sera envahi par les alliés et le shah renversé. Son fils lui succède. 1979 : Révolution islamique. L’Imam Khomeini prend le pouvoir. Rupture des relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël. 1997 : Election de Khatami, début d’une très relative «libéralisation». 2003 : Visite du président Khatami à la synagogue «Youssef Abad» à Téhéran. 2005 : Election d’Ahmadinejad à la présidence de la République.
Armand SCHMIDT
Sources : Brochure du Tehran Jewish Committee
et leur site internet : http://www.iranjewish.com

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