"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, juillet 05, 2013

EGYPTE : LES FRERES MUSULMANS HORS D'ETAT DE NUIRE

EGYPTE
NOUVELLEPAGE
DESONHISTOIRE
Source : lemonde.fr en ligne le vendredi 5 juillet 2013
à 11h 39
sur Diasporablog à 12h 20



Egypte :
"L'armée sauve les islamistes
en les chassant du pouvoir"





Jean-Yves Moisseron* 


Ce qui se passe en Egypte n'est pas qu'un retour à la case départ mais l'interruption d'un processus fragile qui commençait à ancrer le pays dans une logique de transition démocratique. Celle-ci est interrompue malgré le soutien de ce coup d'Etat et l'adhésion des autorités religieuses. La fin de partie pour Mohamed Morsi n'annonce rien de bon.

La déclaration d'Abdel Fattah Al-Sissi, chef d'état-major des armées et ministre de la défense, la séquestration de Mohamed Morsi, la probable arrestation des principaux responsables des Frères musulmans et la fermeture de leurs moyens de communication représentent tous les ingrédients d'un coup d'Etat militaire qui vient briser l'espoir d'une transition pacifique.

La nature de ces événements a beau être dissimulée par les cris de joie des manifestants de la place Tahrir, et euphémisée par de nombreux commentateurs, il reste qu'il s'agit bien d'un coup d'Etat militaire contre un régime démocratiquement élu et qui vient suspendre une Constitution validée par un référendum populaire.


UN RETOUR EN ARRIÈRE

Sauf à considérer que ce début de transition pacifique n'était que pure mascarade, ce coup d'Etat signifie un retour en arrière et la destruction des espoirs mis dans le processus démocratique. Il ne s'agit pas ici de défendre le bilan déplorable des Frères musulmans qui ont réussi à créer un large consensus contre eux, il s'agit des principes revendiqués par l'Union européenne et par les Etats-Unis qui devraient conduire à condamner ce coup d'Etat.

Imaginons qu'un pareil processus se soit produit n'importe où dans le monde. Imaginons que, dans un pays qui connaît de graves difficultés économiques, l'armée ait lancé un ultimatum au régime en place et séquestré son président ? Avons-nous une autre idée de la démocratie, dès qu'elle porte au pouvoir des forces inspirées par des courants islamistes pour qui nous n'avons guère de sympathie, sauf quand elles contribuent à financer les clubs de football, investir dans les palaces parisiens ou dans les entreprises du CAC 40 ?

Tandis que l'exercice du pouvoir obligeait bon an mal an les islamistes à jouer le jeu de la démocratie et les forçait à accepter un cadre commun de règles où les conflits d'intérêts se résolvaient dans l'expression politique exprimée par le vote plutôt que la violence, le coup d'Etat détruit la confiance dans la démocratie elle-même.

Il serait illusoire de penser que les Frères musulmans vont disparaître de la scène politique. Ils demeurent la force politique dominante du pays, incrustée dans les structures sociales et soutenue par une large part de la population, qui n'est pas visible dans les dernières manifestations. Le déni démocratique les projette à nouveau dans une opposition sans moyen de s'exprimer, qui conduira à plus de radicalisation.

En face d'eux, quel projet alternatif, quel homme d'Etat a pu émerger dans les deux dernières années dans les rangs de l'opposition ? Mohammed AlBaradeï, même s'il est porté par le tout récent mouvement du 30 juin, n'a pas réussi à construire un mouvement porteur d'aspirations profondes.


L'OPPOSITION N'EST PAS ENCORE ORGANISÉE

L'opposition démocratique ou progressiste n'est pas encore organisée et ne représente qu'une portion congrue de la population. Enfin, l'armée prétend ne vouloir être qu'un arbitre garantissant le processus démocratique sans intervenir dans les affaires de l'Etat. Mais elle fait exactement le contraire.

L'armée a surtout commis une erreur de timing. Elle vient interrompre trop tôt un processus qui conduisait à terme les Frères musulmans à une forme de faillite qui aurait réduit leur influence à long terme. L'armée vient d'en faire des victimes. Les Frères musulmans pourront se dédouaner de leur incompétence ou de leur incapacité à résoudre les problèmes de pauvreté.

Leurs échecs seront occultés par le coup d'Etat, ce qui contribuera à préserver leur légitimité. Car l'armée est incapable elle aussi de trouver les solutions à ce qui motive les manifestations : la dégradation de la situation économique, l'inflation, les pénuries d'essence, les coupures d'électricité. Après les scènes de liesse de la nuit du 3 juillet, le réveil sera douloureux dans la période de jeûne du ramadan. Les probables arrestations des Frères musulmans seront mal ressenties dans cette période.

A plus long terme, lorsque l'armée aura elle aussi déçu et que le mécontentement populaire se sera retourné à nouveau contre elle, les Frères musulmans pourront sortir blanchis par le coup d'Etat et, qui sait ?, retrouver démocratiquement la place que l'armée vient de leur enlever par un coup de force.



*Jean-Yves Moisseron
Chercheur à l'Institut de recherche
pour le développement,
rédacteur en chef de la revue "Maghreb-Machrek"

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