"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

samedi, mai 11, 2013

UNEAUTORITE
PALESTINIENNE
AUBORDDELACRISE
DENERF
Source : rue89.com en ligne le samedi 11 mai 2013



La Palestine après Fayyad :
un choix cornélien
entre coopération et conflit




Nathan Thrall,
International Crisis Group.



Lorsque le Premier ministre de l’Autorité palestinienne a démissionné samedi dernier, agacé par les attaques politiques du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, certains analystes ont craint le « début de la fin de l’Autorité palestinienne ».

Pour les Occidentaux, Fayyad, un homme intègre, était un acteur indispensable, à la fois soucieux des intérêts occidentaux et suffisamment indépendant du Fatah pour contrebalancer son manque de légitimité électorale en Cisjordanie.

Malgré son impopularité, puisque son parti a obtenu seulement 2,4% des suffrages aux élections législatives de 2006, Fayyad était un technocrate compétent, capable d’administrer les territoires morcelés de Cisjordanie. Cet ancien représentant du Fonds monétaire international auprès de l’Autorité palestinienne entretenait par ailleurs de bonnes relations avec les bailleurs de fonds.

Il était respecté à Washington pour son style transparent, ses efforts pour réformer les forces de sécurité palestiniennes et son étroite collaboration avec Israël. Le soutien affiché d’Israël et des Etats-Unis a suffi pour le discréditer auprès des Palestiniens, le mettant face à un dilemme qu’Abbas a également connu.

Tout comme Fayyad, Abbas est devenu Premier ministre grâce à l’appui des Etats-Unis, sans être élu ni même soutenu par la population. Il a été le premier à être nommé à cette nouvelle fonction, destinée, sous la pression de Washington, à affaiblir Yasser Arafat, alors président de l’Autorité palestinienne.

Satisfaire les responsables américains

Les relations houleuses entre Arafat et Abbas rappellent étonnamment les tensions récentes entre Fayyad et ce dernier. A l’époque, Abbas était en désaccord avec le président et le Fatah, ce qui avait entraîné des mobilisations populaires le qualifiant de marionnette d’Israël et de Washington, et finalement abouti à sa démission.

Des télégrammes diplomatiques américains ont révélé qu’Abbas avait déclaré peu après qu’être considéré comme le Karzaï palestinien, en référence au président afghan, serait pour lui un compliment. Fayyad affichait la même volonté de satisfaire les responsables américains lorsqu’il affirmait son « engagement sans limites » d’écarter tout membre d’associations islamistes qui déplairait à Washington.

Il avait également exprimé son hostilité envers le Hamas, qu’il décrivait comme « un problème palestinien plus qu’israélien ou américain ». Enfin, il entretenait de « meilleures relations avec la Banque centrale israélienne qu’avec [l’Autorité monétaire palestinienne] ».

Fayyad et Abbas ont appris que les Occidentaux les appréciaient non en dépit de leurs désaccords avec les deux grands partis palestiniens, mais justement pour cette raison. Dans son dernier discours en tant que Premier ministre, Abbas a critiqué Israël et les Etats-Unis pour l’avoir leurré et avoir fait de fausses promesses.

Il en a été de même pour Fayyad : plus que n’importe qui d’autre, ce sont ses alliés israéliens et américains qui l’ont trahi. Sa démission était en grande partie liée aux mesures de rétorsion financière prises dernièrement par les deux pays contre l’Autorité palestinienne, qui ont donné au Fatah l’occasion de lancer des manifestations contre la politique économique de Fayyad.


Un juste milieu entre Occidentaux
et soutiens locaux

Les Etats-Unis et Israël ont également fait payer à Fayyad la tentative d’Abbas d’élever le statut de l’Autorité palestinienne à l’Assemblée générale des Nations unies en novembre 2012. Les deux alliés n’ont pas su convaincre les Palestiniens qu’une coopération étroite avec eux pourrait servir la cause de l’indépendance.

Le successeur de Fayyad devra de la même façon trouver un juste milieu entre plaire aux alliés occidentaux et obtenir des soutiens locaux, particulièrement s’il ou elle n’est pas en bons termes avec le Fatah. Les clés de sa réussite sont entre les mains du Fatah, qui reste, malgré ses divisions, suffisamment uni pour affaiblir ses ennemis.

Le Premier ministre est toujours dans une position délicate : il ou elle porte la responsabilité de percevoir les impôts transférés par les Israéliens et l’aide occidentale dont dépend l’Autorité palestinienne, qui sont tous deux régulièrement retenus pour des raisons qui échappent au contrôle du Premier ministre.

De plus, Fayyad n’était pas responsable de la stratégie palestinienne globale, puisque certaines décisions sur l’opportunité de combattre, saisir la justice, négocier ou coopérer avec Israël dépendaient de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et de son président, Mahmoud Abbas.


Fayyad, bouc émissaire

Finalement, Fayyad est tombé car il a servi de bouc émissaire pour des problèmes plus profonds au sein du mouvement national palestinien, notamment le malaise politique causé par les tergiversations incessantes de l’OLP.

L’OLP a désormais le choix entre deux stratégies : la confrontation ou la coopération. Selon la première option, les dirigeants palestiniens adopteraient une stratégie plus agressive contre Israël, qui serait populaire mais potentiellement dangereuse.

Cette approche pourrait impliquer davantage de manifestations populaires, qui pourraient déboucher sur des violences. Elle pourrait également pousser les dirigeants palestiniens à ignorer la volonté des Occidentaux d’exclure le Hamas du gouvernement palestinien afin de promouvoir la réconciliation, ou encore à internationaliser davantage le conflit, par exemple en accédant à la Cour pénale internationale pour tenter de poursuivre Israël.

Chacune de ces mesures pourrait faire pression sur un Etat d’Israël complaisant et une communauté internationale inefficace afin de modifier le statu quo. Mais cette approche risquerait aussi d’entraîner des représailles israéliennes et de réduire considérablement l’aide étrangère.


Les dirigeants palestiniens
entre le marteau et l’enclume

Selon la seconde option, les dirigeants palestiniens pourraient resserrer la coopération avec Israël et les Occidentaux, notamment à travers une restauration progressive de la confiance sur laquelle s’est construit le processus d’Oslo. L’Autorité palestinienne pourrait envisager de participer au dialogue sans qu’Israël s’engage à cesser l’expansion des colonies ou à reconnaître les frontières de 1967 comme base de négociation.

Elle pourrait également lancer des discussions au sujet d’accords qui ne résoudraient pas le conflit, mais donneraient aux Palestiniens plus de territoires, davantage de souveraineté et une reconnaissance internationale, comme par exemple la création d’un Etat avec des frontières provisoires.

Cependant, Abbas craint que cette voie relâche la pression sur Israël pour parvenir à un accord final, l’expose aux sévères critiques des Palestiniens, et affaiblisse davantage la légitimité de l’OLP et du Fatah. La démission de Fayyad constitue sans doute pour Abbas un rappel du danger que comporte une coopération trop étroite avec l’Occident.

Pris entre le marteau et l’enclume, les dirigeants palestiniens ont tenté de trouver un juste milieu, moins dangereux. Ils menacent de s’engager vers une confrontation, trop timidement pour risquer quoi que ce soit, mais sans obtenir de soutien populaire.

Ils ont soutenu les manifestations à demi-mot, ont pris des demi-mesures en faveur de la réconciliation avec le Hamas, ont feint d’adhérer aux organisations internationales à travers lesquelles ils pouvaient ensuite poursuivre Israël, et ils ont refusé de négocier sans un gel des colonies et la reconnaissance des frontières de 1967, tout en maintenant des réunions « préparatoires » et des négociations secrètes.

Cependant, ménager la chèvre et le chou a aussi un prix. En choisissant de ne pas choisir, l’Autorité palestinienne s’est constamment affaiblie, accentuant le mécontentement des Palestiniens et laissant des éléments et des acteurs extérieurs influencer le cours des évènements.


L’approche actuelle ne satisfait personne

En effet, la contestation de ces derniers mois, des grèves de la faim de prisonniers palestiniens aux manifestations contre le gouvernement et les colons israéliens, a cherché à combler le déficit d’autorité et relancer un mouvement national au point mort. En l’absence d’une stratégie clairement définie, les appels en faveur de la confrontation ne feront que s’intensifier.

L’inertie de l’OLP donne au peuple palestinien l’opportunité de pousser, progressivement et à contrecœur, le mouvement vers l’affrontement, ce qui mettrait Abbas dans une position particulièrement peu enviable : il paierait le prix de la confrontation sans obtenir le soutien populaire lié à une aggravation du conflit.

De même, refuser d’adopter une stratégie de coopération plus étroite revient à renoncer aux avantages que celle-ci présente, à savoir la libération de prisonniers palestiniens, l’acquisition d’armes pour les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, l’assurance du versement régulier des impôts collectés et de l’aide étrangère, un soutien plus important de l’opinion publique internationale, la diminution des incursions israéliennes dans les zones sous contrôle palestinien, et l’expansion du contrôle de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. L’approche actuelle ne satisfait donc personne.

Les dirigeants palestiniens n’ont que peu de raisons d’hésiter à faire un choix entre ces deux orientations stratégiques. S’adresser à la Cour pénale internationale, par exemple, pourrait avoir des répercussions, mais l’Autorité palestinienne ne s’effondrera que si les Etats-Unis, l’Europe et Israël le souhaitent, ce qui reste improbable.

Au contraire, ces derniers ont démontré à maintes reprises qu’ils considèrent que les dirigeants palestiniens actuels, certes intransigeants mais peu offensifs, sont préférables à toute autre alternative. Israéliens et Palestiniens ont déjà négocié en menaçant l’existence de l’Autorité palestinienne, tout en sachant que ni l’un ni l’autre ne mettrait sa menace à exécution.

Sans accord de paix, tout continuePlus récemment, en novembre 2012, le gouvernement israélien avait déclaré vouloir en finir avec l’Autorité palestinienne si Abbas maintenait la candidature de la Palestine comme Etat non membre aux Nations unies. Abbas est allé jusqu’au bout et les menaces israéliennes n’ont pas été mises à exécution.

Le mois suivant, les menaces du président palestinien de démanteler l’Autorité palestinienne suite à un nouveau plan israélien de construction de colonies autour de Jérusalem se sont également avérées être des paroles en l’air.

De même, une coopération plus étroite avec Israël et les bailleurs de fonds occidentaux susciterait des critiques au sein de l’opinion publique palestinienne, sans toutefois faire chuter le gouvernement. En janvier 2012, les opposants aux négociations directes entre l’OLP et Israël sont à peine parvenus à faire entendre leur voix.

Si les dirigeants palestiniens acceptent un Etat avec des frontières provisoires, les critiques ne seraient peut-être pas si sévères. Dans les faits, les Palestiniens vivent déjà dans un Etat, comme l’a déclaré l’Assemblée générale des Nations unies, avec des frontières provisoires définies par les accords d’Oslo. La pression que subit Israël pour parvenir à un accord final est si faible que la création formelle d’un Etat avec des frontières temporaires n’y changera probablement rien.

Sans un accord de paix, les manifestations contre les confiscations de terres et contre le mur de séparation, les efforts de sanctions et de boycott d’Israël, ainsi que l’opposition internationale à la construction de colonies, les destructions de maisons, les déplacements de population et les restrictions de mouvement ne feront que continuer.


Les Palestiniens payent le prix de l’inaction

Finalement, refuser de « négocier par amour de la négociation », selon l’expression qui résume une opinion assez répandue parmi les Palestiniens, masque le prix de l’inaction. Au cours des dernières années, pendant que les Palestiniens refusaient de participer à des négociations officielles et directes, Israël poursuivait la construction de colonies en Cisjordanie.

L’OLP n’a rien eu en retour. Si elle avait accepté de s’asseoir à la table des négociations, elle n’aurait peut-être pas pu arrêter la construction de colonies, mais elle aurait probablement pu obtenir certaines concessions.

Certes, les dirigeants palestiniens ne sont pas les seuls responsables de l’impasse actuelle. La plupart d’entre eux répondent simplement aux demandes contradictoires de leur population. Les habitants de Cisjordanie semblent vouloir tout et son contraire : mener une résistance plus efficace contre l’occupation israélienne, sans réduire leur niveau de vie ou subir les conséquences d’une nouvelle intifada.

Les dirigeants de la Cisjordanie n’ont pas fait clairement savoir, à leur population et probablement à eux-mêmes, que ces deux objectifs sont contradictoires. Mais l’opinion publique a fait son choix en dénonçant le gel du paiement des salaires et l’augmentation du coût de la vie, alors qu’elle n’a critiqué qu’à demi-mots la reprise des négociations, la coopération sécuritaire avec Israël et l’ambiguïté de l’Autorité palestinienne face aux manifestations.

Pour le moment, les Palestiniens vont avancer tant bien que mal, sans plus pouvoir rejeter sur Fayyad la responsabilité des choix qu’ils ne font pas.



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