"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, janvier 21, 2013

ISRAËL
ELECTIONS
LEGISLATIVES2013
JOURJ
ATMOSPHERESPESANTES
Source : la newsletter de jolpress.com en ligne
le lundi 21 janvier 2013



G. Kouts:
«Benjamin Netanyahou,
vainqueur d'une querelle d'ego»




Le 22 janvier 2013, les Israéliens se rendent aux urnes pour des élections législatives anticipées. À la veille de l'échéance, le Premier ministre sortant, Benjamin Netanyahou, à la tête d'une coalition de la droite et de l'extrème droite, est le grand favori des sondages. Comment s'est déroulée cette campagne ? Quelles en ont été les problématiques centrales ? Les réponses de Gideon Kouts, correspondant à Paris et chef du bureau européen de la radio-télévision publique israélienne IBA. Entretien.


JOL Press : La campagne électorale israélienne touche à sa fin. Benjamin Netanyahou conservera-t-il son poste de Premier ministre ?

Gideon Kouts :
Il n’y a en effet que peu de suspense. La liste commune que le Likoud de benjamin Netanyahou a constituée avec Israel Beiteinou d’Avigdor Lieberman est largement en tête dans les sondages. Il obtiendrait à eux seuls un tiers des 120 sièges de la Knesset – un peu moins de 40 députés. L’actuelle coalition au pouvoir – ces deux partis plus des partis religieux et nationalistes – pourraient compter sur une majorité d’un peu moins de 70 sièges.
À gauche, ce serait le recul généralisé. Le parti travailliste s’en sortirait le mieux – autour de 17 sièges contre 19 dans l’assemblée sortante. Kadima, jusque-là le principal parti d’opposition s’effondrerait. L’aventure de Tzipi Livni, qui a créé son propre mouvement après avoir quitté Kadima, aura échoué – avec deux sièges, semble-t-il.

JOL Press : Dans quelle atmosphère s’est déroulée cette campagne ?

Gideon Kouts :
La campagne électorale a été dure. Non seulement les échanges ont été violents entre la droite et la gauche, mais ils l’ont aussi été au sein des deux camps, deux camps fortement divisés.
À droite, lorsque Benjamin Netanyahou a vu apparaître la concurrence de Notre Maison, le parti créé par le millionnaire Naftali Bennett, des menaces ont été proférées. Des accusations diverses ont volé.
À gauche et au centre-gauche, le Mouvement de Tzipi Livni et le parti travailliste de Shelly Yacimovich ne sont parvenus à s’entendre pour faire liste commune. Ils n’ont même pas su sauver les apparences et les deux femmes se combattent avec vigueur. On ne peut pas parler de coalition à leur sujet. S’ils avaient été à eux tous majoritaires, ils n’auraient probablement jamais pu gouverner ensemble.

JOL Press : Des échanges, des débats vifs… Cela aurait dû faire une belle campagne, n’est-ce pas ?

Gideon Kouts :
En Israël, les débats, à l’occasion des campagnes électorales, sont le plus souvent vifs. Et ce n’est sans doute pas le meilleur critère pour juger de la qualité d’une élection.
Le problème est sans doute la faible qualité des candidats en lice. On trouve beaucoup d’anciens journalistes, comme jamais précédemment, et pour l’essentiel des candidats qui n’ont pas encore fait leurs preuves, qui n’ont que très peu d’expérience politique.
C’est surtout vrai à gauche où, hormis sur la liste de Tzipi Livni, il n’y a que très peu de candidats véritablement expérimentés. C’est un handicap pour une opposition.
Cela explique sans doute que le résultat ait semblé, si vite – et en fait dès le début -, joué d’avance. Et c’est ce qui fait dire à certains observateurs que nous n’avons jamais connu une campagne d’aussi mauvaise qualité.

JOL Press : D’un point de vue idéologique, quels ont été les principaux thèmes de campagne ?

Gideon Kouts :
Les candidats ont sans doute moins parlé de politique étrangère, de politique sécuritaire ou de processus de paix avec les Palestiniens que lors des précédentes élections. Israël est en crise et les questions économiques et sociales ont été mises en avant.



JOL Press : Puisqu’Israël est en crise, cette élection aura dû être difficile pour Benjamin Netanyahu et la majorité sortante…

Gideon Kouts :
Sans doute, mais l’opposition n’est pas parvenue à s’unir. Le paysage politique israélien est fortement morcelé. Imaginez qu’il n’y a pas moins de 34 listes qui participent à ce scrutin.
L’idéologie a été reléguée au second plan et ne constitue pas la motivation essentielle de la création d’un parti politique. Prévalent les considérations personnelles, les querelles d’ego.

JOL Press : Le mode de scrutin, la proportionnelle dans une circonscription unique, cela encourage certainement ce morcellement. Ne faudrait-il pas en changer ?

Gideon Kouts :
C’est un vieux débat. À trois reprises en 1996, 1999 et 2001, nous avons élu le Premier ministre au suffrage universel direct, et séparément – mais simultanément dans les deux premiers cas – la Knesset. Le résultat n’a pas été probant puisque d’un côté les électeurs votaient « utile » pour le choix du Premier ministre et se défoulaient pour l’élection des députés. Résultat : le Premier ministre élu se retrouvait sans majorité.


JOL Press : Est-ce que le problème, ce n’est pas la circonscription unique ?

Gideon Kouts :
Israël est un tout petit pays et cela parait difficile de le morceler.
Ce n’est pas le mode de scrutin qui est en cause… La proportionnelle peut tout à fait donner un résultat tranché, expression de différences idéologiques. Et cela d’autant plus que l’on assiste de plus en plus à une américanisation du paysage politique israélien.

JOL Press : Qu’entendez-vous par « américanisation » ?

Gideon Kouts :
Deux choses.
D’une part, la bipolarisation, la séparation entre deux camps idéologiques, l’un à droite qui correspondrait aux républicains et l’autre, à gauche, l’équivalent des démocrates.
D’autre part, la présidentialisation du poste de Premier ministre à l’américaine ou à la française d’ailleurs. Les Israéliens choisissent une personnalité. Un des principaux handicaps de Shelly Yacimovich, leader du parti travailliste et leader, de fait, de l’opposition, est sans doute à chercher dans le fait que de nombreux électeurs – y compris des électeurs de son camp – doutent de ses compétences, et notamment en matière d’affaires étrangères.

JOL Press : C’est donc là qu’il faut aussi aller chercher les explications d’un très haut niveau d’indécision – 27% à la fin de la semaine dernière ?

Gideon Kouts :
Oui, très probablement. C’est un chiffre remarquablement élevé. Et, effectivement, les indécis seraient plus nombreux à gauche. La preuve sans doute que le choix qui leur est donné ne leur convient pas.

JOL Press : Donc, Benjamin Netanyahou et Avigdor Lieberman vont l’emporter. Avec quelle coalition vont-ils gouverner ?

Gideon Kouts :
Probablement avec les mêmes partenaires que dans la mandature qui s’achève. On s’affronte, on se lance des amabilités pendant la campagne et puis après, tout revient dans l’ordre – surtout s’il y a des postes à se partager.

JOL Press : Ce sera aussi possible avec Naftali Bennett ?

Gideon Kouts :
C’est fort probable. Le parti de Naftali Bennett est un parti de religieux nationaux, sans pour autant être un mouvement orthodoxe. Son attachement à la religion est avant tout une démarche nationaliste. Par exemple, il est favorable à une procédure de conversion rapide au judaïsme. Cette mesure plaira tout particulièrement, parmi les supporters d’Avigdor Lieberman, aux émigrants russes dont la judaïté n’est pas forcément toujours bien établie.

JOL Press : Allons-nous assister à un changement de politique ?

Gideon Kouts :
Pas de changement majeur en tout cas. Il ne faut pas oublier qu’au sein du Likoud, lors des primaires, c’est l’aile droite qui est arrivée en tête et, d’une certaine manière, Benjamin Netanyahou fait figure de modéré. S’il peut se montrer un peu plus pragmatique dans son approche, il conservera le principe fondamental de sa politique, à savoir le droit des Juifs à s’installer partout en Israël.
En Israël, comme dans de nombreux autres pays, le balancier politique est à droite. Même la gauche est plus à droite. C’est une évolution profonde qui devrait se poursuivre à moyen voire long terme. Même si, à la gauche de la gauche, on voit émerger des forces nouvelles, contestataires, dénonçant les difficultés sociales et appelant à la refondation de notre modèle économique.
En réalité, la vie politique israélienne, en dépit d’un contexte particulier, ne fait pas exception.



Propos recueillis par Franck Guillory pour JOL Press



Gideon Kouts est le correspondant à Paris et le chef du bureau européen de la radio-télévision publique israélienne IBA. Il est aussi l’ancien président de l’Association de la presse étrangère (APE) à Paris et enseigne à l’université Paris VIII-Saint-Denis.



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