"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, janvier 21, 2013

GUERREAUMALI
LESRAISONS
DECETTEGUERRE
Source : la newsletter de jolpress.com diffusée
le lundi 21 janvier 2013


OPÉRATION SERVAL AU SAHEL




.Général Vincent Lanata*:
«Intervenir au Mali,
c'est défendre l'Europe»



Un peu plus d'une semaine après l'ordre donné par François Hollande, l'armée française poursuit, seule, aux côtés des forces maliennes, son intervention contre les forces islamistes qui menaçaient la sauvegarde même du Mali. Quelles sont les spécificités de cette intervention en milieu désertique et face à un ennemi, pour l'essentiel, nomade ? La France a-t-elle les moyens militaires et financiers de conduire cette guerre ? Comment comprendre la passivité de nos partenaires occidentaux ? Le Général Vincent Lanata, ancien chef d'État-major de l'armée de l'air, partage régulièrement ses connaissances du monde militaire avec les lecteurs de JOL Press. Il a bien voulu répondre une fois de plus à nos questions. Entretien.



JOL Press : La France devait-elle selon vous intervenir au Mali dans les conditions dans lesquelles elle a été amenée à le faire ?

Général Vincent Lanata :
Non seulement il fallait intervenir au Mali mais, de mon point de vue, il aurait sans doute même fallu intervenir plus tôt.


La preuve des capacités de projection
de l'armée française

JOL Press : L’intervention au Mali a été engagée le vendredi 11 janvier. Concrètement, au regard de votre expérience à l’État-major, comment se prépare une telle opération ?

Général Vincent Lanata :
D’une manière générale, l’État-major travaille toujours à la préparation d’opération en fonction des tensions et des crises qui agitent le monde.

À chaque instant, la cellule opération de l’État-major travaille en liaison avec les différentes armées aux différents scénarios au cas où le contexte international amenait le pouvoir politique à décider l’engagement des troupes françaises sur un théâtre d’opération extérieure.


JOL Press : Combien de temps faut-il entre le moment où le président de la République donne l’ordre et le début des opérations ?

Général Vincent Lanata :
Tout est prêt, a fortiori lorsque la crise dure et que la question de l’intervention se pose depuis un certain temps. Concrètement, il est possible de se référer à la crise libyenne. Lorsque le 19 mars 2011 la France a engagé des frappes en Libye, il ne s’est écoulé que trois heures entre l’ordre donné par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et les premiers bombardements contre le régime de Kadhafi.



JOL Press : Quels sont les moyens aériens mobilisés ?

Général Vincent Lanata :
D’abord, des Mirage 2000 – depuis la capitale tchadienne N’Djamena. Mais aussi des Mirage 2000B spécialisés dans les attaques au sol. Ces appareils disposent de la vision nocturne et d’un système de bombes guidées. Des bombes guidées avec une précision métrique – au sens propre du terme puis qu’effectivement les bombes explosent dans un rayon d’un mètre autour de la cible.
Ensuite, il y a des Rafale, disposant du même type de capacité. Partis de France, ils ont traversé l’Algérie. Et des hélicoptères équipés de missiles antichars – ou anti-4x4, en l’occurrence, puisque les forces islamistes ne disposent pas de chars. Ces appareils sont très efficaces, mais aussi plus vulnérables.

Les spécificités du théâtre d'opération
et de l'ennemi

JOL Press : On imagine, compte tenu du caractère essentiellement désertique du terrain et de la très grande mobilité des adversaires, que les hélicoptères ont un rôle particulièrement important à jouer dans cette opération…

Général Vincent Lanata :
Oui, effectivement, les hélicoptères joueront sans doute un rôle considérable puisqu’ils prolongent très directement l’action du fantassin.
Tandis que les avions sont essentiels pour viser des dépôts logistiques ou des concentrations d’hommes ou de matériels.

JOL Press : Vous mentionniez la Libye, une opération essentiellement aérienne. D’autres opérations, par le passé, ont débuté par de longues campagnes de bombardements. Et là, nous avons envoyé des troupes au sol quasiment dès le lancement de l’opération. Ce n’est pas aller trop vite ?

Général Vincent Lanata :
Bosnie, Kosovo, Irak, Libye… L’ennemi était de nature différente et disposait d’un armement différent. Nous avions donc été contraints de diligenter des frappes avec l’objectif de réduire sa force.



Là, face à un ennemi très mobile et à l’offensive, il était important de tout faire en même temps et de poser des verrous au sol, de verrouiller les points sensibles pour interrompre la progression des islamistes.



JOL Press : Vous avez mentionné le survol du territoire algérien par les Rafale venus de France. C’est la première fois que les autorités algériennes donnent leur consentement, n’est-ce pas ?

Général Vincent Lanata : Oui, il me semble bien qu’il s’agit d’une première. Lors de précédentes interventions en Mauritanie ou au Tchad, nous avions choisi des options différentes.
Là, c’est vrai que c’est indispensable, notamment pour réduire la fatigue des pilotes. Mais, nous aurions toujours pu faire sans…


Le scandale des drones

JOL Press : Des absents – ou quasi-absents – en ces premiers jours d’opération, les drones…

Général Vincent Lanata :
Sur les drones, j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer dans vos colonnes. Je tiens à dénoncer à nouveau la façon lamentable dont nous, Français, avons massacré notre programme de drones.
Les drones sont indispensables - a fortiori sur un théâtre d’opération comme le Mali et alors que nous intervenons seuls. Ils peuvent rester 20 ou 24 heures en l’air, ce qui est précieux lorsqu’il s’agit d’intervenir sur une zone aussi vaste que le Nord-Mali. Ils sont équipés de moyens de détection sophistiqués, fonctionnant de jour comme de nuit – et même, pour certains, à travers les nuages (pas essentiel dans le Sahel).
La France s’est privée de tels moyens, que ce soient des drones d’ancienne génération, pas armés, ou des drones américains comme le Predator et le Ripper, disposant de moyens de détection mais aussi de bombes, et particulièrement efficaces dans les zones désertiques.


JOL Press : Comment expliquez-vous cette erreur stratégique ?

Général Vincent Lanata :
On a préféré lancer la rénovation de vieux appareils, les Bréguet Atlantic, en vol depuis 40 ans. C’est une aberration. Le signe de la puissance de certains corporatismes.
Les drones sont totalement indispensables. Alors, désormais, on serait sur le point de débloquer une enveloppe de 300 millions d’euros pour acquérir de petites quantités de drones américains. Cela montre les difficultés françaises à anticiper et à décider.



JOL Press : La France peut-elle durablement conduire seule une telle opération ?

Général Vincent Lanata :
Oui, la France a les moyens, tant militaires que financiers, d’intervenir au Mali. D’autant plus que nous agissons sous mandat de l’ONU et devons bénéficier d’une aide financière – même si j’en ignore le montant.
Non, le vrai problème dans l’absence d’engagement à nos côtés de nos partenaires occidentaux, et européens en premier lieu, est symbolique et symptomatique.
On évoque l’Europe de la défense depuis des décennies… À quoi servirait cette Europe de la défense si ce n’est à défendre les intérêts vitaux de l’Europe ? Qu’est donc en jeu au Mali et dans tout le Sahel désormais, si ce ne sont les intérêts vitaux de l’Europe ? Que se serait-il passé si nous n’étions pas intervenus ? Un Mali islamiste, foyer de terrorisme aurait contaminé toute la région sahélienne et l’Europe aurait eu à ses portes une base arrière du terrorisme.

Les intérêts vitaux de la France
et de l'Europe sont en jeu

JOL Press : Pourquoi, selon vous, cette désunion au niveau européen ?

Général Vincent Lanata :
Un exemple flagrant que cette réunion des ministres des affaires étrangères à Bruxelles jeudi 17 janvier. La seule mesure qui en soit ressortie – hormis les encouragements adressés unanimement à la France -, c’est la nomination d’un représentant de l’Union européenne pour le Sahel. Même si l’Union européenne n’a pas de compétences en matière de défense, cette réponse parait faible. Et la mise à disposition d’avions de transports par le Royaume-Uni n’y change pas grand-chose. Il aurait fallu des forces, une force multinationale sur le modèle de la Libye.



JOL Press : Comment jugez-vous la gestion de cette crise par le président de la République, François Hollande ?

Général Vincent Lanata :
Je n’ai aucune critique à formuler. Il est normal que le président de la République, chef des armées, agisse ainsi. Il a répondu à une demande du Mali. Il y a de quoi être satisfait et honoré par cette réponse.


JOL Press : Considérez-vous qu'il soit fait suffisamment pour que les Français comprennent l’enjeu de cette intervention ?

Général Vincent Lanata :
C’est une question de pédagogie politique. Tous les partis politiques se sont déclarés favorables à cette intervention. Ce vaste soutien résiste jour après jour et les voix discordantes sont rares.
Il convient de rappeler aux Français que notre armée est engagée dans la frange sahélienne pour la sauvegarde de l’état ami du Mali mais aussi, au-delà, pour réduire à néant des forces islamiques et mafieuses, agitant la menace terroriste sur la France et les Occidentaux mais se livrant aussi à tous les trafics possibles – des armes aux drogues, en passant par les cigarettes.




*Général de l’armée, Vincent Lanata a été chef d’État-major de l’Armée de l'Air. Il a notamment commandé des unités en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Qatar ou encore en Jordanie, de 1991 à 1994. Il a ensuite été chargé de mission auprès du ministre des Transports, Bernard Pons, de 1995 à 1997. Retraité du service actif, Vincent Lanata a monté deux sociétés de conseil spécialisées dans la défense et l'industrie.



Propos recueillis
par
Franck Guillory
pour JOL Press



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