"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mardi, juin 26, 2012

DEBAT
NETHANYAOU
RENTRERA-T-IL
DANSLHISTOIRE
D'ISRAËL?
Source : lemonde.fr en ligne le 24 mai 2012




Le roi "Bibi" et son énigme


Par
Alain Frachon
(International)




Time le sacre cette semaine "roi d'Israël". Depuis la mi-mai, Benyamin Nétanyahou est l'un des premiers ministres les plus puissants de l'histoire du pays. 63 ans, épaules de costaud, éternel sourire de politicien en campagne, "Bibi" est à la tête d'une majorité aussi confortable que sa ceinture abdominale.

Il est l'un des responsables les plus expérimentés d'Israël : il dirige le gouvernement depuis 2009 après avoir occupé ce poste une première fois de 1996 à 1999. D'ores et déjà, il est assuré d'être celui qui a exercé cette fonction le plus longtemps derrière David Ben Gourion, le fondateur de l'Etat. Le "roi Bibi" aimerait bien rester dans l'histoire lui aussi. Mais à quel titre ?

Au chapitre de l'intelligence tactique, le chef du Likoud, la droite traditionnelle, est un maître. Il vient de rallier la principale formation d'opposition, Kadima (centre-droit), à la coalition d'ultra-droite religieuse et laïque qui appuie son gouvernement. Il commande une majorité de 94 députés sur 120 à la Knesset, le Parlement israélien. Du jamais-vu ou presque.
Dans un pays où la durée de vie d'un premier ministre dépasse rarement deux ans et où le mode de scrutin favorise l'émiettement des forces politiques, la situation de Benyamin Nétanyahou est exceptionnelle. Sa marge de manoeuvre est unique. Il n'a pas, comme la plupart de ses prédécesseurs, à s'épuiser dans d'interminables parties de pilpoul - discussions théologiques - pour garantir son maintien au pouvoir. Il peut aller "à gauche" avec Kadima ; il peut rester à droite avec ses alliés de 2009. Il a l'Histoire à portée de main.

Il n'a pas eu de mal à convaincre Kadima. En cas d'élections anticipées, les sondages promettaient une débâcle au centre-droit. Le patron de Kadima, Shaul Mofaz, ancien chef d'état-major, devient vice-premier ministre. Il ne demande rien ou presque en échange. Benyamin Nétanyahou, dont le mandat court jusqu'à l'automne 2013, a la voie libre. Mais pour faire quoi ?

La plupart des commentateurs ont évoqué l'Iran. S'alliant Kadima, le chef du gouvernement aurait constitué une majorité d'union nationale pour météo de tempête. Il disposerait de l'appui politique nécessaire à une décision aussi grave que celle d'entreprendre des frappes contre les installations nucléaires iraniennes. Peut-être.

On peut soutenir le contraire. Comme la plupart des chefs militaires et du renseignement israéliens, Shaul Mofaz, juif d'origine iranienne, n'est pas du tout enthousiaste à l'idée d'entraîner le pays dans une aventure aux résultats aussi peu garantis. Sous la pression conjuguée des menaces du gouvernement Nétanyahou et des sanctions économiques occidentales, Téhéran a repris le chemin de la négociation. Personne ne veut exclure un compromis intelligent.

Reste la deuxième "grande décision" possible : la paix avec les Palestiniens. Déjà appuyé par Kadima, "Bibi" disposerait aussi de l'appui des travaillistes, donc d'une majorité, s'il voulait aller dans ce sens. Il est sans doute aujourd'hui le seul homme politique israélien à bénéficier d'autant de crédit personnel et de capital politique. Tout ne dépend pas que de lui. Les Palestiniens auraient un bon bout de chemin à faire : ils sont en pleine négociation interne pour présenter un front uni.

Benyamin Nétanyahou a dit une fois - une fois seulement - qu'il était partisan de la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël. Mais il s'est toujours attaché à prouver le contraire. Il a développé les implantations israéliennes en Cisjordanie. Il a agrandi celles qui existaient déjà, il a légalisé les implantations dites "sauvages", celles des colons les plus extrémistes. Il a fait la part belle dans son équipe aux représentants du groupe de pression des implantations. Israël exerce aujourd'hui sa tutelle sur 62 % du territoire de la Cisjordanie, et le premier ministre n'entend pas s'arrêter là.

Il y a un paradoxe Nétanyahou. Elevé aux Etats-Unis, brillant diplômé du Massachusetts Institute of Technology, archi libéral en économie, il cultive volontiers un côté "américain", moderne, efficace. Mais sous le costume en alpaga de bonne coupe se cache un homme profondément marqué par son milieu d'origine. Pour comprendre le fils, il faut aller au père ; il faut en revenir à ce personnage adulé et admiré mort ce 30 avril à l'âge de 102 ans.

Historien de l'Espagne de l'Inquisition, Benzion Nétanyahou fut l'un des collaborateurs d'une des personnalités les plus hautes en couleurs de l'épopée sioniste moderne, Vladimir Jabotinsky (1880-1940). Né à Odessa, polyglotte d'immense culture, traducteur de Dante, "Jabo" créa le courant minoritaire - dit "révisionniste" à l'époque - dans le mouvement national juif.

Celui-ci était dominé par son aile socialiste qu'incarnait David Ben Gourion. Le premier chef du gouvernement d'Israël prônait un accommodement territorial avec les Arabes. Les révisionnistes le refusaient. Le Likoud, la formation de Benyamin Nétanyahou, est l'héritier de ce courant.

Il y avait chez Ben Gourion, à la fois visionnaire et réaliste, une manière d'optimisme historique : le sionisme allait tordre le cou à ce noeud de préjugés racistes qu'est l'antisémitisme. Rien de cela chez les "révisionnistes" pour qui l'antisémitisme, comme le disait Jabotinsky, est "une perversion congénitale de la nature humaine".

L'entretien que Benyamin Nétanyahou accorde cette semaine à Time est empreint d'un pessimisme historique typiquement "révisionniste" : scepticisme sur l'évolution du monde arabe, conviction de la permanence de l'antisémitisme et de l'hostilité à Israël. "On a pu penser que l'antisémitisme ne survivrait pas à l'Holocauste, dit-il, mais il est là depuis des millénaires..." Il s'insurge quand on le soupçonne de n'avoir pris aucune initiative pour la paix avec les Palestiniens par désir de ne pas contrer son père du vivant de celui-ci : "psychologie de bazar", lance-t-il. Le voilà libre de le prouver, et, pour un an et demi au moins, libre de toute contrainte politique, libre de manifester qu'il est vraiment partisan de la solution dite des deux Etats.

Que va faire le "roi Bibi" de sa liberté ?

frachon@lemonde.fr

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