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DELAVIANDE
Source : tvmag.lefigaro.fr en ligne le 21 février 2012
Abattage halal, les vérités de France 2
Véronique Blanc, auteur de l'enquête d'Envoyé Spécial, assure que la plupart des abattoirs français pratiquent l'abattage rituel. La journaliste dénonce le non respect de la loi et la récupération du FN
« Il est très désagréable de se retrouver instrumentalisé sur l'enquête que nous avons réalisé sur les abattoirs de France par Marine Le Pen, déclare Véronique Blanc, rédactrice en chef de Camicas, la société qui a conçu l'enquête d'Envoyé Spécial qui défraye la chronique. Notre propos n'a jamais consisté à faire le procès de telle ou telle religion mais de révéler que, par souci de rentabilité, des grandes sociétés, comme Charal ou Soviba, pratiquent l'abattage rituel et ne respectent plus la loi de 1964 qui leur imposent de tuer les bêtes en les étourdissant. »
Au départ, Véronique Blanc ne pensait pas enquêter sur la pratique halal. « Nous sommes partis d'un rapport non public de la Cour des Comptes de 2008 qui relevait que 41% des abattoirs français n'étaient pas conformes aux normes sanitaires.
L'Union Européenne avait d'ailleurs adressé un certain nombre d'injonctions à la France et le pourcentage serait retombé aujourd'hui à 11%. » Partant de cette piste de travail, Véronique Blanc a commencé, avec une équipe de journalistes, son enquête en décembre 2010. « Nous nous sommes uniquement intéressés aux abattoirs de boucherie et nous avons découvert qu'il y a un véritable problème de traçabilité de la viande abattue pour le consommateur. D'après deux rapports du Ministère de l'Agriculture, l'un dit Coperci de 2005, l'autre de 2008, 32% des bêtes abattues dans les 275 abattoirs de France le sont, de façon rituelle, halal ou kasher. Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, s'est référé à cette dernière enquête pour ramener ce chiffre à 14% mais il faisait référence au tonnage et non au nombre des bêtes abattues. Les bêtes abattues, selon un rite religieux, sont généralement plus jeunes et moins lourdes que celles qui le sont de manière traditionnelle, car les abattoirs font, là aussi, des économies sur les frais de transport ».
En ce qui concerne l'Ile-de-France et les 12 millions de Franciliens consommateurs de viande, Véronique Blanc tient à mettre les choses au point. Les trois abattoirs de l'Ile-de-France pratiquent le rite halal. Le quatrième ne le fait pas car il est consacré à l'abattage des porcs et, comme on sait, les musulmans comme les juifs religieux n'en mangent pas. Cette information peut être vérifiée auprès du conseil du culte musulman, du consistoire israélite et de la Mosquée de France qui nous l'a livrée. Nous avons ainsi appris à cette occasion que si toutes les bêtes abattues, selon le rite halal, devaient avoir la tête tournée vers La Mecque, la mosquée de Paris n'exigeait pas une prière au moment de l'abattage. « Cependant, ce n'est pas parce que trois abattoirs pratiquent l'abattage rituel en Ile-de-France que la viande commercialisée par les boucheries parisienneq ou de banlieue est halal, précise Véronique Blanc. Marine Le Pen se trompe sur ce point. La viande qu'on achète à Paris a souvent été abattue en province, en Aveyron, en Normandie, dans le Massif Central... » Quand elle ne l'a pas été à l'étranger.
« Envoyé Spécial n'a jamais cédé à la moindre pression »
En revanche, il est vrai que les consommateurs qui se fournissent dans les supermarchés ou les boucheries qui ne signalent pas la provenance précise de leurs bêtes achètent des viandes halal sans le savoir. « Quand Patrick Cohen assure sur France-Inter, ce 21 février, que cela ne change pas grand-chose, il se trompe. Car la bête abattue n'a pas été étourdie et il ne sait pas que quelques centimes perçus pour chaque kilo vendu sont reversés aux établissements religieux. » Il y a, selon Véronique Blanc, 400 sacrificateurs répartis sur tout le territoire français, qui collectent ainsi des sommes dont une partie sert à les rémunérer et l'autre à financer les établissements religieux, mosquées comme synagogues.
Tous les religieux pratiquants qui se rendent dans une boucherie kasher ou halal s'acquittent, bien volontiers, de cette dîme prélevée sur tout achat. La France qui reconnait et défend la liberté de culte se doit d'autoriser cette pratique. « En l'occurrence, ce qui pose problème, reconnait Véronique Blanc, c'est que le client n'est, bien souvent, au courant de rien quand il achète sa viande et que la loi n'est pas respectée. »
Consciente d'avoir réalisée une enquête littéralement explosive, Véronique Blanc rend hommage à François Joly et Guilaine Chenu qui lui ont donné carte blanche « et n'ont jamais cédé à la moindre pression » mais elle regrette que la diffusion de ce reportage intervienne à deux mois d'une échéance politique cruciale. « Il aurait mieux valu que l'on diffuse cette enquête il y a deux mois, ce qui aurait limité la récupération politique à laquelle on assiste mais Envoyé Spécial avait-elle le choix ? »
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