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Source : israel-info.net en ligne
le 6 janvier 2012
FRANCE- Assemblée nationale :
Israël pratique un Apartheid hautain
et méprisant
par
Gerard Fredj
Dans un Communiqué de presse, Claude GOASGUEN, Député-maire du XVIe arrondissement de Paris et Président du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale déplore les propos tenus sur Israël dans le rapport d’information de Jean GLAVANY, déposé devant la commission des Affaires étrangères, à propos de la géopolitique de l’eau qui, pour faire court, accuse Israël de pratiquer l'Apartheid.
On ne peut pas mettre en doute la bonne foi de Claude Goasguen et la réalité de son engagement.
Il est effectivement inquiétant que des élus de la République parlent en ces termes d'Israël, d'autant que le texte intégral comprend des termes si virulents que de Gaulle - avec son Peuple d'élite, fier de lui et dominateur – se verrait rangé au rang des amis d'Israël.
Mais pour etre complet, Claude Goasguen aurait du livrer la composition de la mission d'information, ce qui l'aurait conduit ….
Non pas à dénoncer le PS mais également son propre parti.
Le texte en cause est une partie d'un rapport sur la "géopolitique de l'eau", déposé le 13 décembre dans le cadre de la Commission des Affaires étrangères. La mission d'information est présidée par Lionnel Luca, député UMP des Alpes Maritimes, son rapporteur est Jean Glavany, député PS des Hautes Pyrénées.
Glavany est un "poids lourd" du PS même si il fait aujourd'hui partie des dinosaures du parti : chef de cabinet de François Mitterrand, plusieurs fois ministre et même Vice-Président de l'Assemblée nationale pendant un an.
Mais ils ne sont bien entendu pas seuls dans cette commission qui comprend des élus de toutes tendances politiques, dont certains, comme Renaud Muselier, se targuent d'être des amis d'Israël, ce qui ne l'a pas empêché d'adhérer à un rapport dont les termes sont outranciers.
Outre Lionnel Luca et Jean Glavany, la mission comprend donc :
UMP : Renaud Muselier (Bouches du Rhone),Nicole Ameline (Calvados), Claude Birraux (Haute Savoie), Jean-Claude Guiba ( Alpes Maritimes), Jean-Marc Nesme (Bourgogne).
PS : Jacques Bascou (Aude), Gilles Cocquempot (Pas de Calais), Jean-Pierre Kucheida (PS, Pas de Calais)
Gauche démocrate: Alain Bocquet (PCF, Nord)
Nous publions quasiment "in extenso", la totalité de "l'encadré N°3" de ce rapport, c'est-à-dire la partie concernant Israël.
L'eau, révélatrice d'un nouvel apartheid au Moyen Orient
Mise en place en 1948 par le premier ministre F. Malan, l'apartheid a vu le développement différencié des groupes ethniques en Afrique du Sud pendant un demi siècl.
Cette politique consistait à la fois en une ségrégation raciale et spatiale (cloisonnement des populations noires et "coloured" dans des espaces confinés appelés bantoustans) mais aussi en une ségrégation citoyenne, les libertés d'une partie de la population (restriction du droit d'aller et venir, du droit de se rassembler dans les lieux publics, violences policières) étant bafouées.(…)
Bien sûr, comparaison n'est pas forcément raison : la Palestine n'est pas l'Afrique du Sud, et les années 2010 ne sont pas celles d'avant 1990.
Pourtant, il est des mots et des symboles qui par leur force peuvent avoir une vertu pédagogique.
Or, tout démontre, même si bien peu nombreux sont ceux qui osent employer le mot, que le Moyen-Orient est le théâtre d'un nouvel apartheid.
La ségrégation y est raciale mais comme on n'ose pas le dire, on dira pudiquement "religieuse". Pourtant, la revendication d'un état "Juif" ne serait-elle que religieuse ?
La ségrégation est spatiale également : le mur élevé pour séparer les deux communautés en est le meilleur symbole. La division de la Cisjordanie en trois zones, A, B et C en est une autre illustration :
L'armée israélienne a transféré à l'Autorité palestinienne la responsabilité des affaires civiles, c'est-à-dire la fourniture de services à la population, dans les zones A et B. Ces deux zones, qui contiennent près de 95 % de la population palestinienne de Cisjordanie, ne représentent que 40 % du territoire.
La zone C reste entièrement placée sous l'autorité de l'armée israélienne. Cette zone représente 60 % du territoire de la Cisjordanie, avec toutes les réserves foncières et l'accès aux ressources aquifères, ainsi que toutes les routes principales.
La ségrégation est aussi hautaine et méprisante ("ces gens-là ne sont pas responsables"…répètent à l'envie certains responsables israéliens), vexatrice et humiliante (les passages aux check point sont restreints ou relâchés sans prévenir) voire violentes (la répression des manifestations fait régulièrement des morts…).
C'est donc bien d'un "nouvel apartheid" qu'il s'agit.
Et dans cette situation, l'eau est ainsi un élément particulier du conflit entre Palestiniens et Israéliens, au point qu'elle constitue le "5ème volet" des accords d'Oslo.
La Déclaration d'Oslo du 13 septembre 1993 reconnaît les droits des Palestiniens sur l'eau en Cisjordanie. L'accord intérimaire de Taba du 28 septembre 1995 prévoit un partage des eaux jusqu'à la signature d'un accord permanent. Mais ce partage est incomplet : il ne porte que sur les aquifères ; le Jourdain en est exclu, les Palestiniens n'y ayant plus accès.
Ensuite il gèle les utilisations antérieures et ne répartit que la quantité d'eau encore disponible, c'est dire 78 mètres cubes de l'aquifère oriental. Il est donc très défavorable aux Palestiniens qui n'exploitent que 18 % des aquifères ; soit 10 % de l'eau disponible sur le territoire.
C'est pourquoi sans règlement politique global, on voit mal comment ce qui est devenu un véritable "conflit de l'eau" pourrait trouver une solution.
Quelles sont donc les caractéristiques de ce "conflit de l'eau" ?
Du point de vue "hydrique", il concerne avant tout le fleuve Jourdain, où sont réunis tous les éléments prompts à déclencher une "crise de l'eau" : depuis le début du conflit, guerre après guerre, les "extensions territoriales" d'Israël, qu'on le veuille ou non, s'apparentent à des "conquêtes de l'eau", que ce soit des fleuves ou bien des aquifères.
Or, l'eau est devenue au Moyen-Orient bien plus qu'une ressource : c'est une arme.
Pour comprendre la nature de cette "arme" au service de ce "nouvel apartheid", il faut savoir, par exemple, que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d'eau que 2,3 millions de Palestiniens.
Sachons aussi entre autres multiples exemples que :
- la priorité est donnée aux colons en cas de sécheresse en infraction au droit international ;
- le mur construit permet le contrôle de l'accès aux eaux souterraines et empêche les prélèvements palestiniens dans la "zone tampon" pour faciliter l'écoulement vers l'ouest ;
- les "puits" forés spontanément par les Palestiniens en Cisjordanie sont systématiquement détruits par l'armée israélienne ;
- à Gaza les réserves d'eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements.
- et comme les zones A et B ne sont pas d'un seul tenant, mais fragmentées en enclaves entourées par des colonies israéliennes et par des routes réservées aux colons, ainsi que par la zone C, cette configuration entrave le développement d'infrastructures performantes pour l'approvisionnement en eau et l'évacuation des eaux usées.
La plupart des Palestiniens résident dans les zones A et B, mais les infrastructures dont ils dépendent se trouvent dans la zone C ou la traversent. Les déplacements des Palestiniens dans la zone C sont limités ou interdits ; l'armée israélienne autorise rarement les travaux de construction ou d'aménagement.
On peut citer plusieurs exemples de stations d'épuration programmées par le ministère palestinien de l'Eau et qui sont "bloquées" par l'administration israélienne.
Les Israéliens reprochent aux Palestiniens l'existence de puits non contrôlés responsables de pompages excessifs et d'une salinisation des aquifères. Ils citent l'exemple de Gaza où l'aquifère est en passe d'être perdu. Ils reprochent également l'absence de traitement des eaux.
Seuls 31 % des Palestiniens sont raccordés.
Mais le Comité n'a approuvé que 50 % des projets palestiniens, avec d'énormes retards, alors que son autorisation doit encore être suivie d'une autorisation administrative pour la zone C.
L'appropriation des ressources par les colonies et par le tracé du mur est également troublant. La surexploitation des aquifères est avérée.
Les Israéliens se fondent sur la théorie de la première appropriation pour défendre leurs droits et refusent toute gestion partagée dans une vision sécuritaire de l'eau. Israël propose des solutions, parfois intéressantes, mais où il garderait la maîtrise de l'eau.
Il a semblé à la mission que le pays préférerait abandonner les aquifères, en finissant de développer le dessalement, plutôt que de mettre en place une gestion partagée. Il n'y aura pas de partage de l'eau sans solution politique sur le partage des terres.
Pourtant, un comité conjoint sur l'eau (Water joint committee) a été créé par les accords d'Oslo II. Il a compétence pour toutes les questions d'eau relative aux seuls Palestiniens sur le territoire de la Cisjordanie. Ce n'est donc pas un organisme de gestion partagée et encore moins de bassin. Il fonctionne en outre sur le mode du consensus ce qui donne de facto un pouvoir de veto à Israël.
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