RENCONTRE
SCANDALEUSE
DEL'AMBASSADEUR
D'ISRAËLAL'ONU
ETDELAPRESIDENTE
UNEPOLEMIQUE
QUIEMBARASSEISRAËL
Source :lemonde.fr en ligne
le 4 novembre 2011

Israël dément tout souhait
de contacts avec le Front national




L'ambassadeur d'Israël aux Nations unies, Ron Prosor, et Marine Le Pen, à New York, jeudi 3 novembre.AFP/EMMANUEL DUNAND



Jérusalem, correspondant


C'est peu dire que le ministère israélien des affaires étrangères est embarrassé par la brève mais très polémique rencontre, jeudi 3 novembre, entre Marine Le Pen et l'ambassadeur d'Israël aux Nations unies, Ron Prosor.

Conscient des proportions que cette affaire est susceptible de prendre en France comme en Israël – où personne n'a oublié la phrase de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz ("un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale") –, M. Prosor a appelé, jeudi soir, "avec un sentiment d'urgence", Yigal Palmor, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, pour lui raconter les circonstances de sa rencontre avec Mme Le Pen.

Selon Yigal Palmor, interrogé vendredi matin par Le Monde, M. Prosor "cherchait une salle où devait avoir lieu un événement organisé par la mission française". "Je suis entré par erreur dans cette salle où se tenait le déjeuner de Mme Le Pen. Le temps de me rendre compte de mon erreur, il était trop tard", rapporte M. Palmor en citant l'ambassadeur israélien.

"TOMBÉ LÀ PAR ERREUR"

Selon le porte-parole, M. Prosor lui aurait dit : "Tout le monde me regardait. Je ne voulais pas faire un scandale. Je ne savais pas quoi dire… J'ai prononcé quelques phrases polies sur le fait qu'Israël apprécie la diversité d'opinions, j'ai serré la main de Mme Le Pen, et voilà."

Selon M. Palmor, M. Prosor a tout de suite compris que cette rencontre "serait mal interprétée". "Il est tombé par erreur là où il ne fallait pas, il a tout fait pour en sortir aussi vite que possible en restant poli, mais il est évident qu'Israël ne souhaitait pas cette rencontre", insiste-t-il. Et d'ajouter : "Nous maintenons notre politique de non-contact avec le Front national, il y a une continuité de cette politique."

"NI UNE RENCONTRE,
NI UN RENDEZ-VOUS"

A Paris, Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, (CRIF), minimise le sens de la rencontre entre M. Prosor et Mme Le Pen. "Il s'agissait d'une réunion publique. M. Prosor s'y est rendu, puis il s'est rendu compte qu'il n'avait rien à faire là et il n'est pas resté longtemps", affirme-t-il. "Ce n'était ni une rencontre, ni un rendez-vous, ni un face-à-face, insiste M. Prasquier, et on ne m'a pas dit qu'ils s'étaient parlé."

Dans ce contexte, M. Prasquier se refuse à donner un sens politique à cette rencontre. "Il ne s'agissait pas de quelque chose de prémédité, tendant à montrer que le gouvernement d'Israël éprouve une sympathie quelconque pour Mme LePen, dit-il. Le gouvernement israélien n'a jamais accepté de la rencontrer, et cela ne semble pas à l'ordre du jour."



Laurent Zecchini
(avec Stéphanie Le Bars, à Paris)