SOUTIEN
DESPALESTINIENS
ALAREVOLTE
DUPEUPLESYRIEN
Source : Guysen International News
en ligne le 1er août 2011
Les Palestiniens du Liban
soutiennent la révolte syrienne
Sophie Mir
Lorsque Suleiman Ghanel s’est rendu à Daraa pour se marier fin mars, ses amis de Sabra ont plaisanté en lui disant qu’il allait là-bas pour mourir. Ils l’ont photographié. Ce portrait prémonitoire surplombe dorénavant la rue principale du marché de Sabra, au Liban, en hommage au jeune martyr de la révolution syrienne.
Le portrait du jeune homme de 24 ans est attaché aux fils électriques désolés qui pendent au-dessus de cette banlieue palestinienne pauvre et surpeuplée de Beyrouth. Ici, on a longtemps soutenu le régime syrien pour la dureté de sa politique à l’égard d’Israël et parce que les conditions de vie sont assez bonnes comparées à celles des Palestiniens du Liban. Mais aujourd’hui, ce soutien semble vaciller.
« J’étais contre la révolution au début, je pensais que les Syriens étaient riches », dit Mohammed Qatantani, 27 ans, gardien de magasin. Il a beaucoup voyagé en Syrie et en a toujours admiré les infrastructures, les soins médicaux abordables et des droits accordés aux Palestiniens qu’il n’a jamais vus au Liban.
« Mais ensuite j’ai vu les infos, les fosses communes, les exécutions et la torture. On aurait dit qu’Israël avait envahi la Palestine. L’oppression n’est pas belle à voir, où qu’elle soit », dit-il. Il ajoute qu’il a soutenu la révolution égyptienne depuis le premier jour à cause de la manière dont Hosni Moubarack traitait les Palestiniens de Gaza : la fermeture répétée du point de passage de Rafah, et les répressions violentes du gouvernement sur les protestataires.
Il a passé trois mois dans la Syrie révoltée, incapable de croire que son voisin, un jeune homme qui vendait des CD et qui allait se marier, faisait partie des bandes armées que le gouvernement syrien accusait de fomenter les troubles.
Une série d’incidents pendant le soulèvement a contribué à l’érosion du soutien des Palestiniens au régime de Bachar al-Assad. Dans une conférence de presse télévisée du 24 mars 2011, la porte-parole du gouvernement Bouthaina Shaabab a accusé les étrangers, y compris les Palestiniens, d’incitation à la violence.
Les manifestations à la frontière nord d’Israël les jours de la Nakba et de la Naqsa ont renforcé la méfiance des Palestiniens lorsque plusieurs d’entre eux sont morts. Ils sont nombreux à penser que le gouvernement syrien a joué un rôle implicite dans ce drame en autorisant les activistes à atteindre la frontière.
Ces morts ont déclenché une mutinerie dans le camp de réfugiés de Yarmouk, à Damas. Les habitants ont ouvertement accusé leur chef local du Front de libération de la Palestine, soutenu par le régime.
La diffusion en mai d’une vidéo montrant le corps torturé de Hamza Khatib, un adolescent syrien de 13 ans, a conduit le poète égypto-palestinien Tamim Barghouti a rejeter le soutien du gouvernement syrien à la cause palestinienne.
« Celui qui torture un enfant à mort n’est pas apte à libérer une terre, ni à défaire un ennemi, ni à apporter son aide à un quelconque allié », a-t-il écrit. « Si la libération de la Palestine doit conduire à la torture d’un enfant de Syrie, alors laissons-la sous occupation, ce sera mieux pour les enfants syriens et palestiniens. »
A Sabra, un autre habitant, qui a préféré parler sous le couvert de l’anonymat, raconte qu’il n’était pas contre le gouvernement jusqu’à la mort d’un de ses amis. Il explique que, dorénavant, il suit de près les informations et juge que le gouvernement syrien commet « faute sur faute ».
Les tentatives du régime alaouite de gagner le soutien du public en soutenant la cause palestinienne semblent battre de l’aile auprès de ces anciens supporters loyalistes qui commencent à interroger le gouvernement.
« D’où viennent ces hommes armés ? », s’interroge Mohammed Q. « Ils tuent des manifestants pacifiques et des gens qui fuient pour se réfugier au Liban et en Turquie. Pourquoi ? Rien ? »
De fait, tandis que la révolte se poursuit en Syrie, nombre de Palestiniens semblent sympathiser avec les protestataires anti-gouvernementaux, en dépit des alliances traditionnelles.
« La position des Palestiniens est mitigée. D’un côté, la Syrie les traite mieux que n’importe quel autre pays arabe. Mais avec les chaînes satellites, les gens se forgent une idée sur ce qu’ils voient », explique Hilal Khashen, professeur de sciences politiques à l’Université américaine de Beyrouth.
Il ajoute que le communautarisme pourrait être un élément du soutien des Palestiniens aux révoltés, étant donné que, comme les Syriens, ils sont majoritairement sunnites, contrairement au pouvoir en place, qui est alaouite, une religion considérée comme une secte minoritaire par l’islam sunnite.
Il constate que le leader du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah, allié chiite de la minorité alaouite de Syrie, a multiplié les déclarations sévères à l’encontre de la révolte syrienne, allant jusqu’à accuser le mouvement d’être le résultat d’une conspiration étrangère. Le bureau officiel des représentants du Hamas n’a pas commenté ces déclarations.
M. Khashen suggère aussi que le soutien palestinien à la révolution syrienne pourrait être relié à la position israélienne.
« Israël ne veut pas de changement de régime (en Syrie). Elle presse les Etats-Unis de maintenir Assad au pouvoir. C’est pourquoi ces derniers font des déclarations embarrassées », ajoute-t-il.
Samer Abu Fakher, 21 ans, étudiant à l’Université américaine du Liban et activiste palestinien, soutient la révolte à cause de l’histoire de la répression en Syrie et au Liban. Mais il est inquiet de la place que pourraient prendre la confrérie des Frères musulmans ou des pays étrangers dans une nouvelle démocratie. Pour lui, l’une ou l’autre alternative serait une mauvaise chose pour la Syrie comme pour les Palestiniens.
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