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LEDERNIER
CRIMINELJUGE
Source : lemonde.fr en ligne le 12 mai
Crimes nazis :
John Demjanjuk condamné,
mais libre
John Demjanjuk a été jugé coupable de complicité dans l'extermination de 28 060 Juifs au camp d'extermination nazi de Sobibor, en 1943 en Pologne.
Munich (Allemagne)
Envoyé spécial
Condamné à cinq ans de prison à midi trente, John Demjanjuk est sorti libre du tribunal trois heures plus tard, après la fin de l'énoncé du verdict. Ainsi en a décidé, jeudi 12 mai, la cour d'assises de Munich, à l'issu d'un procès de 18 mois, au terme de deux heures de délibérations, et après avoir lu un procès-verbal de plusieurs dizaines de pages détaillant une décision "qui n'a pas été facile à prendre", selon les propres mots du juge Ralf Alt à l'issu de l'audience.
L'ancien soldat de l'armée rouge d'origine ukrainienne, fait prisonnier par les Allemands en 1942 et aujourd'hui âgé de 91 ans, a été jugé coupable de complicité dans l'extermination de 28 060 Juifs en tant que gardien du camp d'extermination nazi de Sobibor, en 1943, en Pologne.
SATISFACTION DES PARTIES CIVILES
Toutefois, le tribunal a estimé que John Demjanjuk, en raison de son âge, de son statut d'apatride, qui l'empêche de quitter le territoire allemand, ne risquait plus d'essayer de se soustraire à la justice allemande. Celle-ci devant désormais valider le jugement de Munich avant de décider si le condamné devait retourner derrière les barreaux après les deux années qu'il vient de passer dans le centre pénitencier hospitalier de Munich. Une décision qui pourrait prendre plusieurs mois, voire plus d'un an en cas d'un recours de la défense. "A plus de 92 ans, il est peu probable qu'un juge prenne la décision d'enfermer quelqu'un, même un John Demjanjuk, sachant qu'il a déjà pratiquement purgé la moitié de sa peine", souligne Rainer Volk, historien et commentateur sur la radio publique bavaroise.
Visiblement émues et satisfaites du jugement, les parties civiles, une trentaine de Néerlandais, enfants et membres de familles de déportés juifs morts à Sobibor, sont tombés dans les bras l'un de l'autre en sortant de la salle du tribunal. "Pour nous, c'est un verdict satisfaisant, ce qui importe, c'est qu'il ait été condamné", a glissé David van Huiden, dont les deux parents ont été exterminés en juin 1943. Pour Thomas Walther, l'ancien magistrat à l'origine des poursuites allemandes contre John Demjanjuk, "nous n'aurions jamais imaginé, lorsque nous avons commencé à travailler sur son cas en 2008, qu'un tribunal puisse le condamner à plus de deux ans de prison".
Comme à son habitude, John Demjanjuk est resté impassible tout au long de la journée. Allongé sur son lit pendant l'audience, casquette bleue encollée sur la tête, couverture blanche sur le corps, il a répondu "non" en ukrainien lorsque l'offre de s'adresser à la Cour avant le verdict lui a été faite. Il risquait 15 ans de prison, le procureur avait réclamé 6 ans, et sa défense l'acquittement. En sortant de la salle, et pour la première fois, il enleva en silence ses lunettes noires devant le crépitement des flashs. Comme une ultime bravade d'un condamné, mais libre.
Nicolas Bourcier
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