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DESPEUPLESARABES
LEPEUPLELIBYEN
AUXPORTES
DETRIPOLI
Source : lemonde.fr en ligne le 28 février
"Tout le monde attend
la chute de Tripoli"
Comment organiser une alternative politique durable dans un pays en proie au chaos, sans partis, sans syndicats et sans Constitution ? C'est la question qui divise aujourd'hui les leaders de l'opposition au colonel Kadhafi, alors que la capitale est toujours aux mains du Guide de la révolution libyenne.
Dimanche 27 février, à Benghazi, fief de la contestation situé dans l'est du pays (voir la carte des villes libyennes désertées par les pro-Kadhafi), des dirigeants du mouvement insurrectionnel ont annoncé la formation d'un Conseil national indépendant de transition représentant les villes tombées aux mains des insurgés. Sa composition et son mode de fonctionnement n'ont pas été arrêtés. Selon son porte-parole, Abdelhafez Ghoqa, l'instance est surtout chargée d'incarner "le visage politique de la révolution". Elle ne constitue en aucun cas un gouvernement provisoire.
En cela, l'initiative se distingue de celle lancée la veille par l'ancien ministre de la justice, Moustafa Abdel-Jalil. Premier membre du gouvernement à avoir démissionné pour protester contre les violences du régime, ce dernier a évoqué samedi la création d'un gouvernement transitoire à Benghazi, sur décision "des membres des conseils locaux dans les régions de l'est libyen". En place pour trois mois maximum, l'entité composée "de personnalités militaires et civiles" devrait être chargée principalement de préparer des "élections justes" dans le pays.
"NOTRE CAPITALE EST
TOUJOURS ASSIÉGÉE"
Ambitieux, ce projet pourrait s'avérer viable à condition qu'il fédère. Or, pour l'instant, il est loin de faire l'unanimité. A en croire le porte-parole du Conseil national indépendant, l'ancien ministre originaire de Benghazi "ne représente personne sauf lui". Non seulement son idée de gouvernement transitoire relève de "vues personnelles", mais il est "prématuré d'évoquer des élections", estime Abdelhafez Ghoqa. "Notre capitale est toujours assiégée", rappelle-t-il.
"En somme, tout le monde attend la chute de Tripoli", résume Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, de Genève. "Les initiatives nées ces derniers jours à Benghazi sont des ballons d'essai. Les opposants s'efforcent de jeter les bases de ce que pourrait être l'après-Kadhafi, mais la centralisation du pouvoir a créé un vide immense", précise le chercheur. D'une ville à l'autre, le mouvement n'est pas coordonné (lire A Benghazi, libérée, la création d'un gouvernement transitoire fait débat, en édition Abonnés). "Les opposants veulent à tout prix l'éviter", affirme Hasni Abidi, mais il est trop tôt encore pour envisager une stratégie globale de reconquête du champ politique.
UNE ARMÉE AFFAIBLIE
Une tâche d'autant plus difficile que l'opposition est éclatée à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. La plupart des adversaires historiques au régime de Kadhafi vivent en exil à l'étranger. Installés pour l'essentiel aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Suède et en Allemagne, ils ont relayé les appels des insurgés sur leurs sites Internet et continuent d'entretenir des contacts avec les opposants sur place. Certains sont même rentrés, mais ils ont perdu l'influence acquise dans les années 1970-1980 depuis la réhabilitation du Guide sur la scène internationale (lire Libye : une opposition disparate et déstructurée). "Mis à part les islamistes, ils sont devenus inaudibles. C'est une opposition de personnes, d'état d'âme, pas de partis", précise Hasni Abidi.
L'armée elle-même est divisée. Si certains militaires ont rejoint les insurgés, notamment à Benghazi, des troupes fidèles au Guide tiennent toujours plusieurs places fortes du pays. Contrairement à leurs homologues égyptiens, les militaires libyens ne constituent pas un corps uni et solide.
"Longtemps marginalisée par les comités révolutionnaires [des milices apparues en 1977 avec l'instauration de la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste et chargées de protéger la révolution verte], l'armée est destructurée et affaiblie, note Hasni Abidi. Tant que la situation ne s'est pas stabilisée dans les villes libérées, elle doit tenir les places conquises par les insurgés. Il reste des poches, comme Syrte et Sedha, où le pouvoir est toujours fort. Pour faire chuter Tripoli, seuls les militaires en poste à l'ouest de la capitale peuvent agir."
Elise Barthet
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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