UNAUTREVISAGE
SURLABANLIEUE
FRANCAISE

Sur



Jeudi 25 Novembre à 22h 10



"9 3,
La Belle Rebelle"

Documentaire
de
Jean-Pierre Thorn

Prod : Zébrock - Arte



UNE BANLIEUE NATURE


«Pour liquider un peuple, on commence par lui retirer la mémoire». Cette phrase choc de Milan Kundéra, en exergue du dossier de presse du documentaire de Jean-Pierre Thorn «93, La Belle Rebelle»* que diffuse la chaïne culturelle Arte ce jeudi, sert de leit-motiv à cette description, sans lyrisme, mais avec passion, de ce département maudit, mal-aimé de la région parisienne,
mal-menée par les médias.

Une banlieue abandonnée à elle-même, qui n'a pas vu passer le train de l'avenir. Comme dit Marc Perronne, ce «révolutionnaire» de l'accordéon, « le 93 est un turn-over de la population, un turn-over de la construction. Un lieu de pasage. Un capharnaüm moderne». Entre bidonvilles et cités HLM. Entre villes populaires et campagnes de résistance. Entre passé et présent inachevé.

C'est cette existence en zigzague, ces histoires appartenant à chacun, qui sont aussi des bouts de la mémoire collective, que le film de Jean-Pierre Thorn visite et revisite. La musique de tous les temps installe le fil conducteur. Du Rock au Punk, du Raggae au Slam, en passant parle Rap. De la musique des années 60 à la musique des années actuelles. La musique, force de témoignage d'une époque, d'un vécu à l'autre, trait d'une société.

Manière de comparer l''une à l'autre et poser son regard sur la distance parcourue. Et puis la voix de Loran, du groupe mythique «Les Berrurier Noirs», las de constater : «on a voté Mitterrand pour que ça change. Rien n'a changé»

Au bout du film, c'est D'Kabale de la Cie de Hip-Hop La Riposte qui ajuste l'état d'esprit de ses camarades : «je suis un gars du 93, j'ai épousé la culture Hip-Hop, c'est après que je suis devenu antillais. Et si je suis devenu pluriel, c'est parce que je suis né ici»

Histoire de dire que naître et vivre dans cette banlieue à la fois «troublante» et «turbulante» n'est pas un délit, une maladie en soit. Tout au contraire, une source de croisement culturel et de richesse humaine.

Derrière, ces terrain vague, ces taudis, ces tours infernales, ce «capharnaüm moderne», l'homme. L'homme et ce son, au fond de lui, qui l'accompagne.

Dans son très captivant documentaire, «93, LA BELLE REBELLE», Jean-Pierre Thorn nous emmène dans une banlieue bien loin des clichés,, bien loin des idées reçues.
Une banlieue toujours près de son passé, jamais éloigné de son présent, à la recherche de son avenir.

Une banlieue qui concentre rêves et réalités. Une banlieue nature.


Bernard Koch


*Sortie en salle
Janvier 2011