UNCENTRESOCIO
CULTURELPOURJUIFS
ETARABESAHAÏFAMISE
A LHONNEUR PAR
UNQUOTIDIEN SENEGALAIS
Source : le site du quotidien LE SOLEIL
de Dakar en ligne le 14 décembre
PROCHE-ORIENT
A Haïfa, Juifs et Arabes apprennent
à vivre ensemble
La ville de Haïfa est construite entre mer et montagne. Ce grand port méditerranéen est l’une des quatre plus grandes villes israéliennes. La large autoroute d’une centaine de kilomètres et à trois voies, qui la relie à la capitale Tel-Aviv, est parcourue par notre chauffeur en une heure.
Tel Aviv, (Israël) - Haïfa, vieille cité cosmopolite, est très animée en cette journée de mardi. Nous y avons rendez-vous avec les responsables de Beit Hagefen, un centre arabo-juif. La structure a été créée en 1963. Son objectif : rassembler les communautés juives et arabes de la ville afin de mieux les sensibiliser à la coexistence pacifique, au bon voisinage et à la tolérance.
À Haïfa, il n’y a pas que des juifs et des musulmans. On y trouve aussi des druzes, des chrétiens et des membres de la religion bahaïe. Ces derniers y ont d’ailleurs érigé un immense temple qui surplombe la ville, avec des jardins bien entretenus et une haie de lumières qui part du sommet de la montagne jusqu’à la route située en contrebas.
La ville compte aujourd’hui près de 270 mille habitants dont 30 mille arabes.
La communauté arabe est composée de plus de 25 % de musulmans et de près de 75 % de chrétiens. C’est peut-être ce cosmopolitisme qui a encouragé la création du Centre arabo-juif Beit Hagefen. La structure est gérée par une organisation à but non lucratif soutenue par la municipalité de Haïfa, le ministère israélien de l’Education, de la Culture et des Sports, ainsi que par diverses associations. Ses bureaux, en plein cœur de la ville, sont répartis dans trois bâtiments situés dans les quartiers Wadi Nisnas, Colonie allemande et Abbas. Le comité de direction du centre est composé de quatorze membres dont sept Juifs et sept Arabes, pour respecter une certaine... parité communautaire.
Nous sommes accueillis par le directeur de la structure, Abed Abadi, la soixantaine, un arabe musulman né à Haïfa d’une vieille famille de la ville qui y est établie depuis de nombreuses générations. Son école primaire se trouvait à l’actuel emplacement du centre. L’un de ses grands parents a d’ailleurs été maire de la ville. Il nous en parle avec fierté. Cet homme sympathique et disponible répond à nos questions tout en nous faisant visiter le quartier de Wadi Nisnas, dans le vieux Haïfa fait d’anciens bâtiments restaurés dont certains pans de murs ont été joliment décorés par des artistes de la ville. Lui-même est artiste et l’une de ses œuvres trône sur une façade, au détour d’une ruelle de Haïfa. Les fresques, sculptures et peintures qui ornent le quartier sont réalisées chaque année par des artistes arabes et juifs à l’occasion de la « Fête des fêtes », un festival multiculturel et pluridisciplinaire créé en 1993 et dont le symbolisme fait référence à trois fêtes religieuses : le Hakunah juif, le Noël chrétien et la fin du Ramadan musulman. Durant cet événement, diverses manifestations culturelles sont organisées dans la cité : concerts, marche de la coexistence, foire d’antiquités, expositions dans des galeries, musiques liturgiques dans les églises, récitals de poèmes, etc. Des milliers de personnes, venues de tous les coins d’Israël, y participent.
Le centre Beit Hagefen s’implique également dans d’autres manifestations culturelles comme le Mois culturel arabe, créé en 1979 et qui se déroule chaque année entre mai et juin. Cet événement se déroule simultanément dans une quarantaine de villages arabes, à travers tout le territoire israélien. On peut ainsi y assister à une Foire internationale du livre arabe, une fête des arts et du folklore, des visites culturelles guidées, des représentations théâtrales, des spectacles musicaux et des expositions d’œuvres d’art.
Le directeur du centre arabo-juif Beit Hafen, Abed Abadi, qui est également le conservateur du festival la « Fête des fêtes », nous explique que le premier maire de Haïfa, en 1975, a eu cette vision multiculturelle qui consistait à favoriser la cohabitation entre des peuples de provenance et de religions différents, mais qui ont décidé de vivre ensemble malgré les difficultés et les heurts pouvant survenir.
Dans un pays comme Israël caractérisé par ses relations tendues, violentes et dramatiques avec la Palestine, le visiteur qui y débarque pour la première fois est surpris d’apprendre qu’arabes et juifs œuvrent ensemble dans des activités culturelles afin de gommer les différences et donner une chance à la paix. Même si cela ne va pas faire tomber les barrières séculaires et effacer les haines et les rancœurs d’un seul coup de baguette magique, l’espoir est permis de voir un jour Israéliens et Palestiniens oublier ce conflit qui ensanglante la région et plonge tout le Moyen-Orient dans la tourmente.
En tout cas, le directeur du centre arabo-juif, Abed Abadi et son collègue Kasem Shaaban, un autre arabe musulman qui dirige le Théâtre Beit Hagefen, sont convaincus que les activités culturelles peuvent contribuer à apaiser les tensions communautaires et, par conséquent, favoriser la paix dans cette partie du monde en proie aux démons de la division depuis de si longues décennies.
De notre envoyé spécial Modou Mamoune FAYE
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