DEBATDOULOUREUX
ENISRAËLAUTOUR
DELALIBERATION
DEGUILADSHALIT
Source : lemonde.fr en ligne
le 25 novembre à 14h 57
sur Diasporablog à 15h 14
Le "cas" Shalit ouvre
un débat douloureux en Israël
Jérusalem
Correspondant
Israël redoute une nouvelle déception : la libération du caporal Gilat Shalit , qui a également la nationalité française, est-elle "très proche", comme l'a assuré le ministre israélien du commerce et de l'industrie Benyamin Ben Eliezer, "imminente", ainsi que l'affirment des journaux arabes, ou doit-on parler de "quelques semaines au plus", a corrigé, mardi 24 novembre, le ministre israélien de l'intérieur, Eli Yishai ?
Les faits Un accord serait "très proche" pour la libération du soldat Shalit
Edition abonnés Archive : Une vidéo de Gilad Shalit envoyée par le Hamas à Israël
Les Israéliens retiennent leur souffle : depuis ce 25 juin 2006, jour de la capture du soldat Shalit (aujourd'hui âgé de 23 ans) à la frontière de la bande de Gaza, par des combattants du Hamas infiltré en territoire israélien, on ne compte plus les occasions où l'annonce de la libération de celui qui est devenu une icône nationale a fait naître des espoirs déçus.
Il est difficile, hors d'Israël, de mesurer l'ampleur d'un tel phénomène : il faut "sauver le soldat Shalit" est devenu progressivement le cri de ralliement de toute une nation. Une tente a été érigée face à la résidence du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, les visages de Noam et Aviva Shalit, ses parents, sont connus de tous, et les manifestations de soutien sont innombrables.
Cette pression populaire explique pourquoi le premier ministre israélien s'apprête à conclure une négociation dont les termes seraient jugés inacceptables dans la plupart des pays : la libération d'un seul soldat israélien en échange de celle de 1 200 ou 1 400 prisonniers palestiniens, dont beaucoup sont responsables des pires attaques terroristes perpétrées sur le sol israélien.
M. Nétanyahou fait face à l'une des décisions les plus difficiles de sa carrière, "un énorme dilemme", a-t-il reconnu. "D'un côté, je veux sauver une vie et, de l'autre, je dois éviter de nouveaux enlèvements par les terroristes." Tant que rien n'est acquis, le premier ministre reste prudent : "Il n'y a pas de conclusion, pas de décision, pas d'accord", a-t-il insisté mardi soir. Mais la machine médiatique est lancée, les indiscrétions se multiplient, et on connaît déjà presque tout de la négociation, sauf l'essentiel : sa conclusion.
Une délégation du Hamas, conduite par Mahmoud Zahar, a quitté Le Caire mardi pour Damas, où elle va rendre compte de la négociation avec les intermédiaires égyptiens et allemands, à la direction du Hamas en exil. Israël aurait accepté de libérer un premier groupe de 450 prisonniers palestiniens, lorsque Gilat Shalit aura été transféré de la bande de Gaza en Egypte.
Puis 500 autres prisonniers seraient remis en liberté. Enfin, plus tard, un autre groupe de plusieurs centaines de prisonniers serait relâché. Ces derniers seront vraisemblablement des membres du Fatah, le mouvement qui contrôle l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas. Il s'agirait d'un "geste" envers M. Abbas, dont l'autorité va être encore affaiblie avec cette "victoire" du Hamas. Les autorités israéliennes savent qu'elles vont avoir un mauvais moment politique à passer avec les manifestations de triomphe qui auront lieu à Gaza lorsque l'échange aura été effectué.
La liste des prisonniers est la question la plus délicate à régler. Au moins une demi-douzaine d'entre eux, qui se sont illustrés dans la lutte armée, pose problème : le plus connu est Marouane Barghouti, haut responsable du Fatah, condamné à la prison à vie en Israël. Figure charismatique, son éventuelle libération doit être pesée au trébuchet : Marwan Barghouti représente un défi politique majeur pour Mahmoud Abbas, mais il est probablement le seul au Fatah capable d'initier une réconciliation avec le Hamas.
La perspective de ces libérations alimente un âpre et parfois douloureux débat en Israël : faut- il remettre en liberté des terroristes ? Doit-on capituler devant la terreur ? Encourage-t-on ainsi d'autres prises d'otages ?
A ces questions, l'Etat israélien a déjà partiellement répondu : en 1985, 1 150 prisonniers palestiniens avaient été relâchés en échange de la libération de trois soldats. Le premier ministre a assuré que les membres du gouvernement et de la Knesset (le Parlement) pourront se prononcer. Le débat traverse toutes les couches de la société israélienne : les parents des victimes d'attentats-suicides sont rejoints dans leur opposition par les rabbins d'extrême droite et par... le beau-frère de M. Nétanyahou, qui enjoint le premier ministre à démissionner, plutôt que de "donner un coup d'accélérateur à la terreur".
Le dilemme de Benyamin Nétanyahou n'est pas mince : la libération du "soldat Shalit" devrait renforcer sa popularité ; celle de centaines de prisonniers palestiniens aura l'effet inverse.
Laurent Zecchini
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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