VERDICTDUPROCES
DESASSASSINS
DILANHALIMI
Source : lexpress.fr via l'Agence Reuters à 23h 32
sur Diasporablog à 23h 48


Perpétuité pour Fofana,
les peines des coaccusés contestées


PARIS


Reconnaissant le caractère antisémite du crime, la cour d'assises de Paris a condamné vendredi 25 personnes à des peines allant de six mois de prison avec sursis à la perpétuité pour l'enlèvement, la séquestration et l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi en 2006.



A l'entrée du palais de justice de Paris, où d'importants renforts de gendarmerie avaient été déployés vendredi avant le verdict du procès de 27 personnes jugées pour l'enlèvement, la séquestration et l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi en 2006. Youssouf Fofana a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté incompressible de 22 ans, la peine maximale prévue par la loi. Vingt-quatre autres accusés ont été condamnés à des peines allant de 18 ans de réclusion à six mois de prison avec sursis et deux accusés ont été acquittés.

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Après deux mois et demi de procès, la réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté incompressible de 22 ans, la plus forte peine prévue par la loi, a été prononcée contre Youssouf Fofana, 28 ans, chef présumé du "gang des barbares" de Bagneux (Hauts-de-Seine).

A l'énoncé du verdict, Youssouf Fofana, vêtu d'une tunique africaine colorée, a mimé des applaudissements. Les autres peines commencent ensuite à 18 ans de réclusion criminelle et sont plutôt inférieures aux demandes de l'accusation.

En l'absence de la famille d'Ilan Halimi au délibéré, son avocat Francis Szpiner a demandé à la ministre de la Justice de susciter un appel.

"Je regrette que la cour ait fait preuve d'une particulière indulgence pour ceux qui ont aidé et assisté Youssouf Fofana dans son crime", a-t-il dit.

"Je ne peux qu'inviter madame le garde des Sceaux, qui est en charge de l'ordre public, à inviter le procureur général à interjeter appel de la décision qui vient d'être rendue, s'agissant de ceux qui ont participé à l'arrestation et la séquestration d'Ilan Halimi", a-t-il ajouté.

La défense juge au contraire le verdict adapté au dossier, aucun accusé ne se voyant reprocher l'assassinat à part Fofana. "C'est un verdict conforme à ce qui fut la responsabilité de chacun", a dit Me Didier Seban, avocat d'un complice de Fofana.

Cette affaire est devenue emblématique de l'antisémitisme en France. Ilan Halimi, exhumé et enterré à Jérusalem en février 2007, est devenu un martyr de la communauté juive.

Près de 200 gendarmes ont été déployés au palais de justice avant le verdict pour éviter tout incident entre communautés et ils ont mis fin rapidement après le verdict à des échauffourées.


NEUF ANS POUR "L'APPÂT"

Les deux lieutenants présumés de Fofana, Samir Ait Abdelmalek, 30 ans, et Jean-Christophe Sombou, 23 ans, qui encouraient aussi la perpétuité, sont respectivement condamnés à 15 et 18 ans de réclusion alors que l'accusation demandait 20 ans contre les deux hommes.

La jeune fille de 21 ans qui a attiré Ilan Halimi dans le piège mortel est condamnée à neuf ans, alors que le parquet demandait entre dix et douze ans. La cour retient contre l'avis du parquet l'excuse de minorité au moment des faits.

Il y a ensuite sept peines allant de 10 à 15 ans de réclusion criminelle, prononcées contre les kidnappeurs et les geôliers d'Ilan Halimi.

Les accusés qui n'ont pas dénoncé les faits alors qu'ils en étaient informés sont frappés de peines plus légères, quelques années de prison ferme à six mois avec sursis. Deux accusés sont acquittés.

Lors du procès, la défense des coaccusés de Fofana a soutenu qu'ils n'avaient jamais pensé que l'affaire déboucherait sur la mort d'Ilan. A la fin du procès, les complices de Fofana ont demandé pardon à la famille Halimi.

Au fil de l'audience, Fofana a lancé "Allah Akhbar" ("Dieu est grand"), s'est livré à des déclarations antisémites, a jeté ses chaussures vers la partie civile, a renvoyé successivement tous ses avocats.

Enlevé le 20 janvier 2006 à Sceaux (Hauts-de-Seine), où il avait été attiré dans un guet-apens, Ilan Halimi a été détenu nu, aveuglé et entravé durant 24 jours dans un logement puis une cave d'un immeuble de banlieue. Il a été torturé.

Après de vaines négociations avec sa famille, qui avait prévenu la police, autour d'une demande initiale de rançon de 450.000 euros, il a été tondu, poignardé et brûlé à l'essence, puis laissé pour mort près d'une gare RER dans l'Essonne. Il est décédé lors de son transport à l'hôpital.

Thierry Lévêque