BRÛLANTEAUCENTRE
DUNCOLLOQUEANÎME
LEJEUDI14MAI
Derrière les initiales A. E. se cache une des chevilles ouvrières de l'Union des Etudiants Juifs de France, dans le sud-ouest de la France. Infatigable partisan du dialogue entre les différentes communautés, A.E cherche à déceler les racines du mal. On appréciera la clairvoyance de son analyse sur cette propension qu'ont certaines populations, en particulier, en Europe, à vouloir prolonger le conflit israélo-palestinien sur leur propre territoire déplaçant ainsi la confrontation proche-orientale en conflit d'identité. A. E pose de réelles questions à la communauté européenne qui regarde ces soubresauts inter-communautaire comme des épiphénomènes au nom d'une certaine idée de la liberté d'expression. Mais elle en oublie son passé. "L'EUROPE ET LES RELIGIONS, FACE A L'MPORTATION DU CONFLIT P¨ROCHE-ORIENTAL" est l'objet d'un important colloque qui aura lieu ce jeudi 14 mai à Nîmes. Réflexions sur ce thème par A. E, l'un des organisateurs de cette manifestation, à haut risque dans la capitale de la tauromachie.
Bernard Koch
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Diasporablog
TEXTE INTEGRAL
« L’Europe, et les Religions, face
à l’importation du conflit Proche-Oriental ».
Il est constant, lorsque l’on tente d’aborder de près ou de loin, le conflit israélo-palestinien, d’entendre des remarques de gens effarouchés, refusant de débattre ou de discuter d’un sujet aussi épineux. Et pourtant, cette thématique sans conteste passionnelle, est chaque jour abordée, que l’actualité s’y prête ou non. Si on croit laisser cette question à nos portes, par modestie, lâcheté, neutralité, méconnaissance ou simplement par humilité, le conflit n’en brûle pas moins sous nos fenêtres.
En effet, qu’un évènement au Proche-Orient ait lieu ou non, nos mosquées s’embrasent, nos synagogues brûlent, les lieux de cultes, les centres communautaires, et les cimetières sont menacés, incendiés, tagués ou profanés, des mères tremblent pour leurs enfants, d’autres pleurent et hurlent des propos de haine, en appelant à la vengeance et à la justice divine. Nul n’est à l’abri. Quiconque porte un signe ostensible, ou est suspecté d’appartenir à telle ou telle communauté est potentiellement victime, et est en tous les cas, cible de la haine. Les victimes se multiplient, comme les propos ouvertement racistes, antisémites, ou négationnistes.
Un conflit lointain engendre devant nos yeux une méconnaissance de l’autre, une négation de sa personne et de son histoire ; ses spécificités deviennent objets de haine, nourrie de préjugés, d’amalgames et de raccourcis. Le triste et indéniable constat que l’on retire de ces observations, c’est qu’un fossé d’incompréhensions mutuelles de plus en plus grand, se creuse au sein même de toutes les Sociétés, qu’elles soient Orientales ou Occidentales. L’Union Européenne n’échappe malheureusement pas à cette pandémie de craintes et de haines, qui fait étrangement écho, à une Histoire et à un passé pas si lointain, qui raisonne encore dans toutes les consciences et mémoires.
L’Europe, loin d’être épargnée par cette haine, malgré son passé récent, qui faut – il le rappeler, constitue l’une des raisons de la naissance de L’Union Européenne, (originellement CECA), se voit devenir le berceau et la base des idéologues de tout bords, qui sous le voile pudique et innocent des libertés fondamentales (liberté d’expression, de réunion, de circulation…), réutilisent, revisitent, redécouvrent, ce passé, avec ses idées, ses idéologies et ses pulsions sanguinaires, aux relents racistes, xénophobes et fascisant. Dans tout ceci, ils plongent et récupèrent des idées et combats qu’ils font leurs, trouvant dans l’Histoire, la matière première de leur propre lutte, les motifs d’espoirs de succès, agrémentés du rêve toujours vivace, et qui se transmet de générations en générations, d’un règne prochain semblable à la grandeur passée.
La particularité de la situation actuelle, c’est que, ceux qui soufflent sur les braises de haine et d’antisémitisme encore chaudes, sont des européens, ce qui est classique, mais sont les nouveaux européens, enfants des dernières vagues d’immigration, qui font donc leur un passé qui ne l’est pas. Et dans le but de soutenir « leurs frères palestiniens », et combattre « l’ennemi sioniste » absorbent et revisitent les théories qu’on pensait mortes dans les camps de la Seconde Guerre Mondiale. Ils s’allient sans vergogne aux xénophobes, aux extrémistes de tout bords, et à tous les nostalgiques de cette période.
Les flammes qui brûlent au Proche – Orient, se reflètent dans les yeux de gens désœuvrés, incultes, ou au contraire d’intellectuels qui conceptualisent la haine et en font le cheval de bataille d’un combat dont ils se sont érigés en porte-voix, ou tribun occasionnel, guidés par les seules pulsions de vomir leur haine de l’autre, ou leur amour d’une patrie qu’ils ne peuvent défendre les armes à la main, et qui par conséquent mitraillent par dépit, de leurs mots, propos, attaques, dénonciations, injures, ceux qui s’opposent à leur Etat ou à leur rêve d’Etat, ou à leur fantasme de grand Etat.
Ces yeux enflammés, ont propagé et propagent la haine, dans les cœurs, les bouches, les poings levés, jusqu’à l’embrasement d’êtres et de populations avides de sang et de vengeance. Cette haine, contagieuse et rampante, gagne chaque jour de nouveaux adeptes, et le nom de victimes, où l’énonciation d’attaques contre tel ou tel lieux à caractère culturel ou cultuel, font parfois la « Une » des journaux.
De l’individu lambda à l’intellectuel, du croyant à l’athé, du pratiquant à l’intégriste, de l’humaniste au souverainiste, tout le monde est ici, spectateur de ce fossé qui se creuse au sein de notre République Française fraternelle, et de notre Europe pacifique.
Les accords de Maastricht entendaient supprimer les frontières et rendre patent ce qui n’était qu’un espoir et un rêve pour les pères fondateurs, faire naitre ces « Etats-Unis d’Europe » que Victor Hugo appelait autrefois de ses vœux, en permettant ainsi des avantages réels aux citoyens, grâce à une large liberté de circulation des biens, des individus et des richesses dans l’espace européen.
Quelques années après, on peut faire un premier bilan de ce Traité, de l’évolution et de la construction européenne. Les conséquences en sont contrastées. L’ouverture des frontières, avantage indéniable, n’est pas sans conséquence, surtout au lendemain du 11 septembre 2001. Ainsi, beaucoup de critiques fusent sur diverses thématiques particulières, notamment la question sécuritaire, qui est le sujet majeur qui anime et inquiète l’Europe toute entière. Des voix de plus en plus audibles chez les partis d’extrêmes – droites, réclament ouvertement l’expulsion de certaines populations, et regrettent de plus en plus la disparition des frontières, solutions selon eux à tous les maux des sociétés européennes.
Mais une frontière n’est pas nécessairement faite d’un mur ou de barbelés. Elle ne suit pas obligatoirement de façon fidèle, les frontières que nous offrent les cartes géographiques. Ainsi, des frontières peuvent exister simplement dans l’esprit de tout un chacun, entre des individus d’origine, de nationalité, de culture, ou de religions différentes, et ce alors même qu’ils se côtoient et vivent dans les mêmes quartiers, où grandit chaque jour entre ces populations, une forte haine ou indifférence.
A l’inverse, certains peuvent s’estimer proches de populations lointaines avec lesquels ils pensent posséder des liens les unifiant. Ils fondent leurs pensées ou propos sur une histoire qu’ils jugent commune, sur des similitudes ou identités religieuses, culturelles, ethniques, idéologiques, communautaires, sur l’actualité, ou simplement sur l’hostilité à l’égard d’un peuple, ethnie, nation, pays, jugé comme étant un ennemi commun. Malgré les distances, ou les différences indéniables, la frontière est alors niée. Seule compte la fraternité affirmée, la solidarité revendiquée, l’union prônée, et la haine hurlée à l’unisson, tous en cœur sous un même étendard, et le drapeau honni foulé du pied, et brûlé sous un flot de crachats.
Ces images nous les voyons sans aucun doute régulièrement à la télévision, mais les évènements se déroulent aussi, et de plus en plus souvent, ici, sous nous fenêtres, dans nos villes, nos quartiers, nos commerces ou centres culturels ou cultuels.
La négation des frontières résulte, tant de gens qui se revendiquent de communautés religieuses identiques, que de gens aux liens lointains, ou sensibles au poids de plus en plus fort des idéologies. Bien entendu, les plus universalistes et transfrontaliers, sont les plus intégristes. Ainsi, voit-on émerger des groupes ou groupuscules, qui niant leur situation présente et effective, en arrivent à revendiquer une identité, une nationalité, un attachement qu’ils n’ont pas.
Le cas le plus flagrant est sans conteste celui du conflit israélo-palestinien où, ici même en Europe, les cris « nous sommes tous palestiniens » le dispute aux paroles de bi-nationaux qui revendiquent leur seul amour d’Israël, délaissant parfois leur nationalité européenne. Ces individus clament cet amour, avec la même vigueur et force et conviction, qu’ils clament leur haine de la France, ou du pays dans lequel ils vivent en Europe.
Qui sont donc ces citoyens européens ? Qui sont donc les citoyens européens ? Où sont – ils donc ? Disparaissent – ils sous une bannière ou un étendard pour faire le Djihad ou leur Aliyah et défendre ainsi ce qu’ils considèrent comme leur Etat, au détriment de leur Etat national membre de l’Union Européenne ?
Même si on voit s’élever des murs de séparation relationnelle, de haine ou d’indifférence ici ou là, les frontières ne sont rien d’autre qu’un concept avant tout intellectuel. Ce concept n’est pas sans conséquence au grès des évènements du conflit israélo-palestinien. Des conséquences non seulement pour les acteurs ou figurants qui sont sur le terrain, mais aussi symptomatiquement de plus en plus au – delà des frontières du Proche–Orient pour s’inviter hors de nos télévisions et dans nos villes, maisons, cimetières ou lieux de cultes, heurter nos concitoyens européens.
C’est donc une véritable crise profonde qui est sous jacente à ces évènements ou heurts, une crise identitaire, phénomène patent, réel, palpable, et pourtant délaissé par les médias au profit de son frère siamois, plus porteur médiatiquement et qui répond plus aux attentes sensationnalistes des uns ou des autres, chacun selon ses opinions, « le communautarisme ».
La crise identitaire est d’autant plus profonde qu’elle est l’embryon de la future bête immonde, toujours rampante, selon les termes de Bertolt Brecht qui visait à nous faire garder la plus grande vigilance, et qui se redressera de nouveau, à défaut de solutions profondes et de grande ampleur. La nécessité d’agir, et de contrer l’importation du conflit Proche-Oriental en Europe est d’autant plus grande, que les agressions fluctuent au gré des évènements ou simplement des reportages quotidiens.
Le fossé religieux, culturel, d’ignorance, de méconnaissance et de haine de l’autre se creuse, au profit d’une glorification des plus farouches partisans d’un intégrisme sans bornes, d’une séparation radicale d’avec les autres, niant ainsi les fondements de notre société : la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Seul compte donc, non l’humanité enfantée par l’humanisme, symbole de l’ennemi comploteur, ni les échanges, ni les individus qui, selon les dogmes n’ont vocation à se mêler aux autres que dans un cadre public religieusement et strictement délimité, mais la communauté au sens le plus restrictif et la fraternité au sens ethnico-religieux du terme, elles seules comptent plus que tout.
L’Europe ne peut rester indifférente. Ses propres valeurs sont niées, dévoyées et réutilisées dans une optique non plus d’amour, et de construction d’une Europe unie et pacifique, mais dans une optique de haine, d’intérêts étrangers et contraires à l’Europe, pas seulement lors de manifestation de franges de population pro – X ou pro – Y, mais au quotidien, que les cris de haine retentissent, ou que les prières de haines soient prononcées en silence. L’Europe ne doit pas être esclave et spectatrice du drame qui germe dans ses propres entrailles, et ronge ses propres fondements, dont elle est victime, et contre laquelle les générations futures auront toute légitimité de reprocher ce silence assourdissant, ou ces déclarations tant maladroites que fuyantes de certains hommes politiques.
L’Europe est condamnée. Elle est condamnée soit à prendre conscience de sa réalité actuelle, de sa situation effective, de sa diversité niée, délaissée ou mal maîtrisée, des maux qui la rongent, des fossés qui fissurent les fondations et fondements de sa construction si durement réalisée au prix de millions de vies, et d’efforts dont l’Histoire témoigne. Soit elle est condamnée à se déchirer, en peuples, ethnies, communautés, groupes, groupuscules, idéologies, et ressombrer ainsi, dans les abymes des moments les plus tristes et obscurs de son histoire.
A l’heure d’aujourd’hui, et en l’état de la complexité de la situation, on préfère l’inaction, ou les sourires hypocrites censés rassurer les peuples. Mais en agissant ainsi, on creuse un fossé irréversible, entre Orient et Occident, entre riches et pauvres, entre démocrates et intégristes… Si les frontières sont un concept, le choc des civilisations aussi. On ne peut se contenter de théories, il faut du concret, des actes, des actions, et redécouvrir ce que les pères fondateurs tenaient comme acquis et comme base d’une Europe plus belle, car plus juste, où les haines, les préjugés, les inégalités et injustices n’auraient pas de place, car seul compterait le bonheur de tous les Hommes.
Les conflits Proche - Orientaux, même s’ils ne concernent à priori pas l’Union Européenne, sauf en matière d’affaires étrangères, sont en réalité pleinement ancrés dans l’espace public, politique, social, religieux, juridique… du territoire européen. Le conflit – israélo-palestinien, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Syrie,… sont donc chaque jour débattus sur les chaînes satellitaires des foyers des familles musulmanes, juives, chrétiennes, athées agnostiques…
Des barrières pour faire face se forment, sous l’égide d’autorités religieuses ou morales, d’intellectuels, d’hommes politiques, de citoyens, de militants associatifs, d’hommes de bonne volonté, empreint des valeurs de l’Union Européenne, ou Républicaine, qui luttent au quotidien, avec le souhait qu’au minimum l’Europe échappe aux flots de haine qui se déversent de plus en plus chaque jour, et qui font écho aux heures les plus sombres de notre Histoire.
En effet, il est loin le temps où l’on pouvait se contenter de rappeler l’existence de frontières, pour affirmer avec conviction que le danger ne nous toucherait nullement, et que nous serions miraculeusement épargnés. Tout d’abord, les frontières ont disparu, ou sont devenus perméables. Les moyens de communications ont réduit le monde, et l’on fortement fait évoluer pour le meilleur, mais souvent pour le pire. Et puis, nul ne peut nier qu’au fil des années, l’Europe est devenu cet espace multiculturel, multireligieux, donnant à l’Union Européenne son caractère métissé. Ce multiculturalisme, est promu par certain comme solution aux problèmes contemporains et futurs, mais contesté par d’autres qui y voit un danger pour l’avenir, et la source des difficultés actuelles, et de la montée grandissante des haines entre les différentes communautés de toute nature.
Les Etats membres ont chacun développé leur système (diversité, multiculturalisme, système républicain, égalitaire…), mais les mêmes flammes brûlent partout et en même temps, et chaque Etat se voit contesté la pertinence et la viabilité de son système. Et au sein même des Etats, chacun dénonce la faillite du système en place, aboutissant à une critique généralisée de tous les systèmes existants, sans pourtant fournir de modèles viables, laissant au demeurant un boulevard aux intégristes de tout bord qui, soulignant et accentuant ces critiques, tentent de convaincre que leur système d’essence divine est meilleur.
Apparaît donc une véritable crise des systèmes, des Etats et des nations, mais surtout, et par répercussion, ou comme un reflet de l’échec et des questionnements qui secouent les Etats d’Europe, une crise identitaire chez les individus.
Cette crise identitaire amène chacun à s’interroger sur son passé, sur son présent, et le conduit à se chercher des semblables et des alliés. Qui mieux qu’un frère peut être un allié sûr ? C’est ainsi que né l’identification aux acteurs du conflit israélo-palestinien, avec lesquels certains pensent partager les mêmes souffrances causées par les mêmes coupables. Une fraternité fantasmée, imaginée ou glorifiée, résulte du lien direct, étroit, fort et incontestable que l’on fait, ou que certains font, entre les habitants d’Etats européens d’origine immigrée, venus du monde Arabo-musulman, victimes du système (racisme, chômage, désœuvrement, oppression, agressions policières, xénophobie…) et « leurs frères » Palestiniens, frères de misère, également victimes du racisme, du chômage, de désœuvrement, de l’oppression quotidienne…
Les mêmes maux, les mêmes souffrances, les mêmes sentiments, rapprochent, et l’identification fait d’un jeune des cités un potentiel lanceur de pierre ou kamikaze. En effet, la montée de la haine, la radicalisation, le désœuvrement et le chômage des jeunes, s’accompagnent en même temps d’un matraquage audiovisuel de reportages et d’images des chaînes satellitaires. La vision quotidienne de chaînes ouvertement pro-palestinienne (Al Jazeera, Al Manar, Al Arabia....), aux reportages fortement orientées, notamment en ce qui concerne la haine de l’Etat d’Israël, contribue sans conteste et de manière générale, à un accroissement de l’antisémitisme en France et dans les différentes Etats d’Europe, et par la même occasion à faire renaître le mythe du complot juif, en lui redonnant une nouvelle vigueur, et une nouvelle jeunesse. Ces reportages ou montages, aux images à l’impact fort émotionnellement parlant pour les spectateurs, concourent indéniablement à un climat délétère et de farouche haine réciproque, et convainquent parfois les jeunes, à s'engager dans la voie de la haine, de l'antisémitisme et l'antisionisme.
Ces chaînes en donnant quotidiennement et en permanence une tribune à des imams et des personnes qui véhiculent ces idées, participent à l’appel au djihad contre les « infidèles », avec pour première cible, les juifs, « qui contrôlent tout ». Ainsi, ce n’est pas de manière injuste ou insultante, qu’elles sont souvent critiquées, et pointées du doigt, en raison du fait qu’elles assurent la publicité et la communication des différents groupes terroristes, et collaborent ainsi à donner du poids et de l’ampleur à leurs actions, mais aussi au terrorisme international et aux terroristes de manière générale. Les noms de ceux osent agir contre Israël ou les Etats –Unis, deviennent loués, et considérés comme des héros et des modèles par des personnes, qui en manquent fortement, car même s’ils se réfèrent très souvent à l’époque glorieuse de l’Islam, ils sont dans l’incapacité totale de citer un nom de héros de cette période…
La crise identitaire touche avec autant de force, voir d’avantage la population juive, qui possède un lien fort avec l’Etat d’Israël, dont la destinée constitue une préoccupation quotidienne. Le désir ou rêve d’Aliyah devient plus grand et fort, soit lorsque l’Etat d’Israël se trouve menacé, soit en raison des difficultés, racisme, haine, antisémitisme que subissent chaque jour, partout en Europe les populations juives, qui n’ont plus ce sentiment de sécurité, et qui font de chaque musulman, arabe ou supposé tel un potentiel ennemi ou agresseur. Le sentiment d’insécurité, est parfois paranoïaque, mais bien souvent réel, et il se jauge à l’aune de la haine tangible qui émane par exemple, des jeunes à l’encontre des « feujs », ou des attaques et agressions recensées chaque année à l’encontre des populations juives ou de leur patrimoine. La vigilance et l’insécurité, lorsqu’il s’agit de population juive sont légitime et constituent des remèdes, dont la notice des raisons se trouvent dans les livres d’Histoire.
On observe donc dans tous les pays d’Europe, les conséquences de cette opposition : déferlement de haine, et de jalousie pleine de rancune liée à l’échec social. La même haine transcende les peuples et les générations, condamnant d’ors et déjà les générations futures à des luttes, en l’absence de réactions fortes, concertées, immédiates et d’envergure, non seulement nationale ou européenne, mais aussi internationale.
L’Europe et les Religions sont des acteurs essentiels de la lutte contre l’importation en Europe du conflit Proche-Oriental, tantôt en favorisant le dialogue interreligieux et intercommunautaire, tantôt en permettant par leur inaction ou leur manque de coordination, une perméabilité de la haine, des idéologies fascisantes ou une libération du dialogue xénophobe, antisémite sous le voile transparent de l’antisionisme. En tous les cas, les Religions sont bien souvent des victimes de cette importation, de ce déferlement de haine, et du dévoiement des textes et de l’essence des Religions.
L’Union Européenne offre une diversité de réactions face aux Religions à l’instar des Etats membres, qui eux-mêmes adoptent des positions nombreuses. Si la laïcité est un concept partagé par l’ensemble des Etats membres, il est surtout formalisé en France et en Turquie (où il est constitutionnalisé). Dans le reste de l’Union Européenne, le principe de séparation des Eglises et de l’Etat est acquis dans quasiment tous les pays. En effet, au sein de l'Union Européenne, divers pays ont des systèmes confessionnels, c'est-à-dire que l'État reconnaît une religion officielle ou dominante : entre autres, le Royaume-Uni (Église anglicane en Angleterre et presbytérienne en Écosse) ; le Danemark et la Finlande (protestantisme luthérien) ; l'Irlande, la Belgique, l'Espagne, Monaco, l'Italie, Saint-Marin, (catholicisme) ; la Suisse (variable selon les cantons), la Grèce (orthodoxie grecque). Dans ces cas, il n'y a pas égalité de traitement entre les religions mais des prérogatives (souvent d'ordre financier, parfois juste d'ordre honorifique). Il convient de noter que parmi les Etats candidats à l’adhésion à l’Union Européenne, on trouve des pays à population majoritairement musulmane, à l’instar de la Turquie, de l’Albanie et de la Bosnie.
On rappelle souvent qu’en Terre Sainte (peu importe le point de vue) les trois Religions ont été réunies, mais on oublie aussi que c’est le cas en Europe également, où les trois religions cohabitent de façon variable en fonction des pays. La présence juive remonte à plusieurs siècles, de même que celle des musulmans (si Charles Martel a arrêté les Arabes à Poitiers, ceux – ci se sont maintenus dans le sud de la France durant des siècles, d’où sont issus divers métissages.), sans oublier de rappeler que l’Europe a une base originelle judéo-chrétienne.
Les Religions sont donc intrinsèquement des éléments inhérents à l’Europe, et ont historiquement été des acteurs de la construction de celle-ci. Dans l’histoire européenne, dans différents lieux et à différents siècles, on trouve des exemples de proximité et d’ententes entre les Religions, les communautés, les croyants et individus. Mais on trouve également l’inverse, l’horreur des persécutions, les pogroms, l’inquisition, les expulsions, la Shoah…
Il est donc indéniable, que les Religions, l’Europe, et l’Homme, sont intimement liés, et sont condamnés à trouver les moyens d’une entente, non pas à l’instar simplement de l’Andalousie Musulmane (souvent citée comme exemple), mais d’une nouvelle forme d’entente tenant compte des spécificités du monde actuel, de la situation politique mondiale d’aujourd’hui, et des particularismes qui tentent de s’affirmer en luttant farouchement contre la dictature de ce qui est déclaré comme l’Universel. L’Andalousie musulmane, doit donc être un modèle à étudier, mais surtout un modèle à parfaire et à compléter au sein de l’Europe.
Les Religions qui sont censés avoir le même but, celui du bonheur et de la Paix de l’Homme, influent également sur les débats sociaux qui secouent l’Union Européenne, l’euthanasie est le dernier exemple en date. Les Religions ne se détournent pas du fait politique, au contraire elles font entendre leurs voix dans les différents débats qui secouent l’Europe, et s’invitent ainsi de plus dans les réflexions, y compris celles qui ont pu concerner la naissance d’un Traité ou d’une Constitution européenne.
C’est l’objet même de la présente Conférence, que d’évoquer les dangers pour l’Europe, les Hommes et les Religions, liés à l’importation dans notre pays, dans nos villes, nos villages, nos quartiers, du conflit Proche-Oriental. Un peu à l’image de l’historien qui étudierait la période de l’Andalousie Musulmane, faisant le tri entre les fantasmes, les croyances, les réalités et les faits, il nous faudra, exposer la situation actuelle de manière la plus objective et précise possible, faire un état des lieux, décrire les situations diverses, dénombrer les actes d’hostilité liées aux évènements du conflit israélo-palestinien, et plus généralement du Proche-Orient, disséquer les maux. Et en toute humilité, analyser, et partager les expériences de chacun, et réfléchir sur les moyens d’enrayer le fossé grandissant, et cette haine qui s’ancre de plus en plus profondément dans chacune des communautés. C’est ainsi que seront pointés ensemble les carences ou les lacunes, les complicités ou les lâchetés des hommes politiques européens, les intégrismes ou les attitudes pyromanes des autorités religieuses, culturelles, cultuelles…, les communautarismes, mais surtout cette crise identitaire, qui ronge l’Europe elle-même, toute entière.
Sur cette base, et grâce aux œuvres et actions nombreuses déjà réalisées en silence par des personnes convaincus du combat antiraciste et pour le vivre ensemble, nous tenterons lors de cette Conférence de trouver des solutions grâce à l’expérience de ceux qui ont fait du combat contre les racismes, l’antisémitisme, le négationnisme, la xénophobie, le combat de leur vie, contribuant de toutes leurs forces et de tout leur charisme à promouvoir une frontière de fraternité, résultat du dialogue interreligieux dont ils sont de farouches partisans ou promoteurs, souvent au péril de leur vie. Refusant l’importation du conflit Proche-Oriental, ils sont à l’origine de rencontres, actions, évènements… pour tenter non seulement de faire cesser la vague de haine silencieuse ou explosive selon les périodes, mais aussi, au – delà de ces actions, de tenter de promouvoir un vivre ensemble, et une fraternité perdue, qu’ils tentent parfois d’exporter, et ce, autant que possible au Proche-Orient, au terme d’initiatives concrètes.
« Le 21 ° siècle sera religieux ou ne sera pas », il semble qu’aux portes de l’Europe certains ont décidé qu’il serait, non seulement religieux, mais surtout intégriste et haineux. Cette position dangereuse, trouve un écho de plus en plus grand dans nos villes, et nos lieux de cultes. Il appartient donc à chacun de se remettre en cause, et faire sa propre autocritique, préalable nécessaire pour renouveler des discours religieux souvent anachroniques, généralement orientés volontairement vers les pans les plus haineux, à l’encontre de ceux qui ne partagent ni leurs religions, ni leurs idéologies, ni leurs valeurs, ni leurs convictions.
La clé de la frontière de haine et de violence religieuse qui s’érige, tant aux frontières de l’Europe, qu’au sein même de l’Union Européenne, si, comme l’a éventuellement prédit André Malraux dans sa célèbre formule le 21° siècle devait être religieux, se trouve être la Liberté. En effet, la clé c’est la Liberté. Libre à chacun de prendre position, libre à l’Europe de garder le silence, ou de prendre position. Une position claire et commune. C’est dans cette alliance originale (Europe, ou Etats membres et Religions), généralement dévoyée, que l’on trouvera sans doute une frontière et un barrage à la haine, à l’antisémitisme, aux racismes, et à toutes les formes d’atteintes aux symboles et aux hommes, au sein de l’Europe dans son ensemble.
A. E.
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