JUIFS/MUSULMANS
UNTEMOIGNAGE
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DESETATSUNIS
Source : emarrakech.info en ligne le 11 avril
Casser la , grandir en tant que musulmane
parmi les juifs
Boston (Massachusetts)
En tant que musulmane américaine, je me suis rendue compte que mon diplôme de l'Académie hébraïque de Toledo (Ohio) était peu ordinaire. Cependant, compte tenu de la situation de ma famille et de notre identité, c'est tout à fait logique.Ma mère a émigré d'Inde aux Etats-Unis en 1963 pour s'installer dans le nord-ouest de l'Ohio deux ans avant que les lois relatives aux quotas ne soient modifiées afin de permettre une importante vague d'émigration en provenance d'Asie du Sud et d'autres pays non européens.
Mon père est arrivé à Toledo (Ohio) en 1967. Un an plus tard, mes parents se mariaient.Ethniquement seuls et profondément religieux, ils se trouvèrent des points communs avec la communauté arabo-musulmane locale composée de Libanais et de Syriens. Les Arabes accueillirent mes parents à bras ouverts et les intégrèrent rapidement dans leur communauté. Mes parents participèrent à la construction de la belle mosquée de la ville (laquelle, dans le pur style de l'Ohio, se trouve juste au milieu d'un interminable champ de maïs) et devinrent des membres actifs de la communauté musulmane. Pour finir, lorsque des personnes originaires du sous-continent indien arrivèrent, mes parents ne purent jamais vraiment s'intégrer à leur groupe. L'expérience de mes parents était exclusivement la leur. Leur identité culturelle correspondait à la somme de l'héritage du sous-continent indien dont ils étaient issus et de la communauté arabe qui les avait nourris, les deux parties étant inextricablement liées l'une à l'autre pour créer la culture familiale dans laquelle je suis née et j'ai été élevée.
Ce fut dans cet environnement familial qui a glorifié le pluralisme culturel que mes parents ont nourri mon identité culturelle de musulmane américaine. Ils m'ont montré, par la parole et le geste, le lien qui existait entre une musulmane fervente et une Américaine patriote.Dès mes quatre ans, mon père m'a emmenée faire du porte à porte pour la collecte au profit des sans abri. Un jour, rentrée de l'université pour l'un de ces typiques week-ends, ma mère m'a tiré de mon lit pour que j'aille construire des maisons avec Habitat pour l'humanité.
Donner en retour était un devoir et un privilège parce que nous étions musulmans et Américains. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Tout comme mes parents avant moi, mon environnement familial n'a façonné que partiellement mon identité.
L'autre partie de mon identité provient de ma vie de tous les jours, avec mes amis, et d'une notion encore plus large de la ''communauté''. L'attachement de mes parents à la religion et à leur pays les a non seulement conduits à donner en retour, mais il m'a aussi amenée à évaluer mes notions d'identité et à prendre possession de ce que je suis. Ils m'ont inscrite à l'Académie hébraïque de Toledo, une petite école juive de jour nichée dans la banlieue du nord-ouest de l'Ohio. Seule élève non-juive de l'école, j'ai appris l'hébreu et prié à la synagogue aux côtés de mes camarades de classe. Le dimanche, je suivais les cours d'arabe et de religion à la mosquée et célébrais la prière du milieu d'après-midi avec notre communauté musulmane.
Dans mon esprit ou au sein de notre famille, ces actions n'entraient pas en contradiction les unes avec les autres. Pendant neuf ans, cette routine a constitué pour moi la normalité. Ce passage sans heurts et quotidien d'un environnement juif à un environnement islamique m'a permis de réellement apprécier la foi de mes amis à côté de la mienne. Mes parents ont veillé à ce que je connaisse les différences entre islam et judaïsme, m'expliquant la perspective islamique sur chaque sujet qui m'était enseigné à l'école.
Parallèlement, ils prenaient toujours soin d'expliquer le respect que nous, musulmans, devions avoir pour nos frères et soeurs abrahamiques dans la foi. Nos divergences de vue n'annihilent pas la validité ou la vérité dans l'autre religion.J'ai terminé le cycle élémentaire à l'Académie hébraïque en 1993 pour ensuite intégrer un lycée non religieux. Pour autant que je sache, aucun musulman en dehors de notre fratrie n'est allé dans une école juive. De la même façon, alors que la communauté musulmane s'élargissait et commençait à créer ses propres écoles primaires en ville, aucun enfant juif n'y a jamais été inscrit.
L'accueil chaleureux que mes parents ont ressenti de la part des Arabes lorsqu'ils sont arrivés en Amérique s'est renouvelé en ma faveur au sein de la communauté juive qui m'a accueillie comme un membre de la famille s'assurant que j'aie toujours une cuisine où casser la matsah et une sukka dans laquelle agiter le lulav.Je sais que je dois une grande partie de mon adhésion à l'islam en tant qu'adulte aux amis juifs de mon enfance qui m'ont fait partager la joie et l'accomplissement spirituel qu'ils ressentaient en pratiquant leur religion. Leur attachement à la foi m'a inspiré et encouragé à explorer et comprendre la complexité de ma propre foi.
par Zeba Khan
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS
Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha
Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam
CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013
A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS
2 commentaires:
Cher administrateur de ce merveilleux blog,
permettez moi de vous dire que je me retrouve dans ce magnifique temoignage...
Allaoui Jamila
fidèle lectrice musulmane
En Tunisie la vie entre les différentes communautés était jadis comme ça!
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