LESANTILLES
ENEBULITION
Source : rfo.fr en ligne le 16 février
Revue de presse
Après avoir quasiment ignoré le conflit social en Guadeloupe durant les deux premières semaines de grèves et de manifestations, la presse hexagonale a fini par réagir à l’occasion du déplacement d’Yves Jégo aux Antilles. Revue de la presse écrite du 11 février.
par Philippe Triay
Le Canard enchaîné
« Une crise comme la Guadeloupe, si on ne la règle pas dans les quarante-huit heures, on ne peut la régler normalement ». C’est le premier reproche fait par Sarko à son secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo » relève l’hebdomadaire satirique. « Il a « merdé » aurait ajouté Sarkozy selon le journal, qui enfonce le clou : « Si Jégo a attendu deux semaines avant de s’envoler pour Pointe-à-Pitre, c’est tout simplement parce qu’il voulait rester à Paris jusqu’au 31 janvier, jour de la réunion de son club groupusculaire Nouvelle Société. » « Deuxième reproche de Sarko à son secrétaire d’Etat », selon Le Canard : « Sur place, Jégo a lâché trop vite. Dans une telle négociation, si on lâche tout tout de suite, c’est la fuite en avant assurée » aurait dit le président. « Dommage que Sarko n’ait pas expliqué tout ça lors de son interview télévisée » ironise l’hebdomadaire.
Dans la même édition, Le Canard enchaîné précise : « Une fois n’est pas coutume, l’Elysée et Matignon sont tombés d’accord pour décider ensemble le rapatriement en catastrophe du sous-ministre. Suivi de son renvoi là-bas quarante-huit heures plus tard. Mais cette fois encadré par deux « médiateurs ». « Jégo était allé à la limite de ses compétences, assure un collaborateur du Premier ministre. Il n’avait pas mandat pour négocier les augmentations de salaire dans le privé et encore moins pour laisser entendre que l’Etat prendrait à son compte la totalité du surcoût pour les entreprises locales de l’augmentation de 200 euros pour les bas salaires. Et le même d’ajouter : Il fallait absolument reprendre en main Jégo. Car le risque de contagion à la Martinique, à la Guyane et à la Réunion existe bel et bien. A preuve les manifestations qui ont
LE FIGARO
« Annulations de réservations en cascade et fermetures temporaires d’hôtels » annonce Eric de La Chesnais dans les pages Economie du journal, sous un titre édifiant « En pleine haute saison, les touristes désertent ». « Quelque 15 000 clients français ont déjà été empêchés de se rendre en Guadeloupe, selon le Syndicat national des agences de voyage (Snav). La grève générale, qui affecte l’archipel depuis le 20 janvier, a des conséquences de plus en plus sérieuses sur le tourisme, l’un des poumons de l’économie locale représentant 7 % de son PIB, presque un point de plus que la moyenne française » poursuit l’auteur. « (...) Outre le manque à gagner pour les entreprises touristiques, les salariés locaux pâtissent déjà de cette activité réduite. « Le taux d’occupation des hôtels est tombé à 20 % et des licenciements sont inéluctables », prévient Nicolas Vion, président du groupement hôtelier et touristique de Guadeloupe, rappelant que « 80 % du chiffre d’affaires est réalisé sur les mois de décembre, janvier et février ». À plus long terme, les effets de ce conflit sont dévastateurs. « On est en train de réduire à néant les efforts de promotion et de communication qui avaient été entrepris depuis dix-huit mois pour redresser la situation, déplore le président du Snav, Georges Colson. L’image de cette destination devenait un peu plus positive alors que la concurrence avec les îles voisines, comme la République dominicaine ou Cuba, est de plus en plus forte. » « Un fossé qui se creuse depuis 2001 » note le journaliste. « L’an dernier, la République dominicaine s’est classée comme la première destination long-courrier depuis la France devant les Antilles françaises. Une part de marché qui ne cesse de s’éroder. »
Dans la page Opinions du quotidien, sous le titre « Le gouvernement dans le piège de l’outre-mer », Rodolphe Geisler remarque que les relations entre Paris et les départements d’Outre-mer « répondent toujours aujourd’hui à des considérations souvent plus affectives que vraiment objectives. Un peu comme dans un vieux couple où le mari et l’épouse sont las l’un de l’autre mais, finalement, ne peuvent vivre l’un sans l’autre. » « Toute la difficulté aujourd’hui pour le gouvernement est de trouver le bon interlocuteur », affirme le journaliste du service politique du quotidien. « Pas moins de 130 revendications catégorielles, de celles des femmes de ménages à celles des pompistes, ont été mises sur la table ! Or, contrairement à la métropole, l’Etat ne négocie pas directement avec tel ou tel syndicat, mais avec des « collectifs », généralement très politisés, voire sous la coupe des indépendantistes, qui misent systématiquement sur le « pourrissement ». « Le risque d’embrasement est déjà fort », avertit Rodolphe Geisler. « Déjà, la Martinique et la Réunion se mobilisent. La solution ne résiderait-elle pas finalement dans un « Grenelle » de l’outre-mer ? Voire dans un processus d’indépendance... » conclut l’auteur du texte.
Libération
« En refusant de satisfaire la principale demande du Collectif LKP sur la hausse des salaires, l’Elysée et Matignon ont pris hier le risque très calculé de voir la situation guadeloupéenne s’envenimer. » analyse Antoine Guiral. « Mais par sa décision sans équivoque, l’exécutif espère stopper la contagion des revendications sociales qui s’étend déjà à la Martinique (en grève générale depuis hier) et à la Guyane. En cédant sur l’outre-mer, le gouvernement craignait par-dessus-tout d’envoyer un signal fort en métropole où il rejette tout coup de pouce au Smic et autres petits salaires pour amortir les effets de la crise. » « A quelques jours de la grande table ronde du 18 février à l’Elysée avec les syndicats voulue par Nicolas Sarkozy, il n’était pas question d’ouvrir une telle brèche. Réclamée par les syndicats lors de la grève du 29 janvier en métropole, la piste des hausses de salaires a toujours été exclue par le chef de l’Etat. (...) En montant hier en première ligne sur le dossier guadeloupéen, François Fillon risque d’être désormais considéré comme l’interlocuteur - voire la cible - des manifestants antillais » souligne le journaliste.
Le Monde
« Céder. Jusqu’où et dans quelles conditions ? » s’interrogent Michel Delberghe et Béatrice Gurrey. « La grève générale qui se poursuit en Guadeloupe et en Martinique "contre la vie chère" suscite les plus vives inquiétudes au sommet de l’Etat. Avant la rencontre sociale du 18 février convoquée par Nicolas Sarkozy, le gouvernement redoute que les mesures en faveur du pouvoir d’achat qui seraient consenties dans les îles servent, en métropole, de référence aux syndicats. » « (...) Pour le gouvernement, la tentation reste forte de réduire cette revendication à un "conflit entre patrons et syndicats". Mais tancé par le secrétaire d’Etat qui, lors des négociations, a dénoncé les abus de certaines entreprises locales et des compagnies pétrolières, le Medef de Guadeloupe s’est aussitôt retourné vers Paris pour obtenir des contreparties : il demande des compensations supplémentaires aux allégements de charge qui s’appliquent à hauteur de 1,4 à 1,5 fois le SMIC. Une sorte de donnant-donnant qui embarrasse fortement le gouvernement » notent les auteurs.
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