"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

dimanche, février 01, 2009

INVESTITURE
DUNOUVEAU
GRANDRABBINDEFRANCE
GILLESBERNHEIM


Interview de Gilles Bernheim,
nouveau Grand Rabbin de France
paru dans LE MONDE
daté du dimanche 1er février/lundi 2 février
mise à jour sur le site du quotidien à 18h 13



Le grand rabbin de France critique Benoît XVI


Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, devait être officiellement investi dans ses fonctions lors d'une cérémonie à la grande synagogue de la Victoire, dimanche 1er février. Placée sous la présidence du président du Consistoire central, Joël Mergui, elle se déroulera en présence de nombreuse personnalités politiques, religieuses et intellectuelles. Agé de 56 ans, M. Bernheim a été élu en juin 2008, en remplacement du grand rabbin Joseph Sitruk. Il est également vice-président de l'Amitié judéo-chrétienne de France.


Comment réagissez-vous à l'annonce par le pape Benoît XVI de la levée de l'excommunication de quatre évêques intégristes, dont l'un, Mgr Williamson, a tenu des propos explicitement négationnistes ?
Cette annonce m'a fait très mal en tant que juif et en tant que militant du dialogue entre les religions. Nier la Shoah, c'est insulter la mémoire des six millions de juifs morts dans les camps. Les propos de Mgr Williamson sont abjects. En France et en Allemagne, ils sont punis par la loi. Une fois passé le choc, j'ai entendu les condamnations de mes amis chrétiens. Oui, " ces propos ne sont pas ceux d'un chrétien", comme l'a dit Mgr Barbarin, l'archevêque de Lyon.
Néanmoins, j'ai aujourd'hui plusieurs questions sans réponse. Comment le pape pouvait-il ignorer le négationnisme de Mgr Williamson ? Si la levée de l'excommunication est une invitation à la réconciliation, comment se réconcilier avec celui qui s'est exclu de la chrétienté par ses propos ? Comment dialoguer avec cet autre qui voit dans la négation de la Shoah une opinion personnelle ? Et que se passera-t-il si les quatre évêques qui ne sont plus excommuniés continuent de refuser Vatican II et Nostra Ætate (la déclaration adoptée en 1965 par le concile Vatican II affirmant le lien historique entre les judaïsme et le christianisme) ?
Ces questions m'inquiètent. Comme beaucoup de chrétiens et de juifs, j'attends des réponses claires.


Comment jugez vous la part prise par les institutions juives dans la gestion des tensions liées à l'offensive israélienne de ces dernières semaines dans la bande de Gaza ?
Avant de parler des institutions, je voudrais évoquer les Français juifs qui, dans leur immense majorité, ont marqué leur attachement indéfectible à Israël avec beaucoup de dignité face aux diverses formes de violences dont cet Etat est victime. Les institutions , Conseil représentatif des institutions juives de France, Consistoire central..., ont rappelé qu'il ne s'agissait pas d'un conflit contre un autre peuple ou une autre religion, mais d'un conflit entre Israël et le Hamas, et qu'il ne fallait pas le transférer en France. J'ai dit ma compassion pour les victimes civiles israéliennes et celles, palestiniennes, prises en otage par le Hamas dans la bande de Gaza.
Un rabbin est d'abord une autorité religieuse et morale. Et mon souhait le plus cher est que se lèvent dans toute cette région du monde des artisans de paix et de justice. Que le nom de Dieu n'y soit plus invoqué pour la violence et que s'ouvrent des chemins de pardon et de réconciliation. Je veux témoigner ici de mon affection profonde pour les responsables musulmans qui affichent cette même volonté.


Avez-vous entendu les critiques sur une possible contradiction entre le "soutien indéfectible à Israël" et les appels à s'abstenir de toute analyse sur le conflit pour ne pas l'importer en France ?
Il y a un fossé entre exprimer une opinion, sa solidarité ou sa compassion et importer un conflit, c'est-à-dire avoir un comportement violent. Quand on parle de soutien indéfectible, on ne peut oublier que la très grande majorité des Israéliens accepte l'idée qu'il puisse y avoir un Etat palestinien aux côtés d'Israël. Le Hamas a, quant à lui, la volonté de faire disparaître Israël de la carte. Dans l'absolu, comment réagir face à celui qui veut vous anéantir ? De façon modérée ? C'est à cette question qu'il faut répondre.
Les Français juifs sont souvent interpellés sur la disproportion de la réaction d'Israël. Les missiles du Hamas auraient pu tuer des centaines de personnes si Israël n'avait pas tout fait pour protéger sa population civile. Parce que c'est un principe biblique que de privilégier la vie. Le Hamas, lui, se livre à l'exaltation du martyre et de la mort. Quand les guerriers du Hamas s'infiltrent dans les écoles, les mosquées ou les hôpitaux, ils savent qu'ils seront, par la suite, la cause de nombreuses victimes civiles.


Quels seront les effets de ce conflit sur les relations judéo-musulmanes en France ? L'Association judéo-musulmane (AJM), créée en 2004, n'y a pas survécu, et les responsables religieux ne sont pas parvenus à produire un texte commun...
L'AJM est une association encore très jeune, peu préparée à surmonter les difficultés posées par ce conflit. Quant au texte commun que les autorités religieuses françaises n'ont pas su produire, il aurait dû marquer une volonté sans faille de condamner les actes racistes, antisémites et antimusulmans qui ont été commis dans notre pays. Et appeler les personnes qui se sentent solidaires des populations d'Israël et de Palestine à s'opposer ensemble au mépris, à la haine et à la violence. Mais le consensus ne s'est pas encore fait.


Dans quel état d'esprit se trouvent aujourd'hui les communautés juives ?
Face aux actes violents et antijuifs qui se multiplient et se banalisent, et qui portent atteinte aux valeurs essentielles de la République, la communauté juive reste calme et confiante dans les pouvoirs publics. Lors de la deuxième Intifada, au début des années 2000, elle avait éprouvé un sentiment prolongé d'insécurité. Je suis sûr que tout est fait aujourd'hui pour empêcher que cela se reproduise.


Dans ce contexte, quels seront vos chantiers à la tête du grand rabbinat ?
Je constate une très grande attente des petites et moyennes communautés qui manquent d'enseignants et de rabbins. Joël Mergui, le président du Consistoire central, et moi-même avons une conscience aiguë des efforts à effectuer pour répondre à leurs problèmes. Ensemble, nous cherchons chaque jour des solutions. Et nous réussirons avec l'aide de nos rabbins, formés à l'école rabbinique de Paris, munis à la fois d'une profonde érudition dans la loi juive et du large savoir culturel qui est aujourd'hui indispensable en France pour rendre accessible à tous, croyants ou non, l'apport de notre sagesse.


Propos recueillis
par Stéphanie Le Bars

Aucun commentaire: