BARACK OBAMA
NOUVEAU PRESIDENT
DES ETATS-UNIS
Source : lenouvelobs.com en ligne le novembre
Les Arabes après l'élection d'Obama :
émerveillés mais sans illusion
Barak Hussein Obama, dans le monde arabe on retient évidemment le "middlename" d’Obama et son père musulman.Mais pas au point de partager cette victoire comme les Africains. Il y a bien sûr comme partout l’émerveillement devant cette élection historique et surtout le soulagement de voir finir l’ère Bush, mais peu d’espoir de grand changement de la politique américaine en Irak, en Palestine, en Syrie au Liban, etc…
La Syrie à contre-courant
Des larmes d’émotions partagées étouffent la voix de Rima ce mercredi 5 novembre à Damas : "quelle ironie du sort ! Au lieu de célébrer cette victoire tant espérée d’Obama, voilà que je pleure le départ forcé de l’institutrice de ma fille qui a pris l’avion ce matin avec tous ses collègues de l’école américaine et il me faut trouver d’urgence une autre école en pleine année scolaire."La fermeture de l’école et du centre culturel américains à Damas, ordonnée par les autorités syriennes en réaction à l’attaque américaine héliportée du 27 octobre à la frontière avec l’Irak, plongent dans la détresse cette jeune mère syro-américaine. Elle qui est allée voter mardi à l’Ambassade américaine de Damas, en état de siège "plus sécurisée que la zone verte à Bagdad" se désole de "ce pays toujours à contre-courant" où les médias officiels continuent de rapporter les "témoignages de solidarité après l’agression américaine" et d’organiser des manifestations de protestation "spontanées". Avec son mari Bassel, ils sont restés jusqu’à 5h du matin à attendre les résultats devant leur poste de télévision en zappant de CNN à Al-Jazira. "J’avais peur jusqu’à la dernière minute que le fond raciste des américains ne fasse trembler la main des électeurs d’Obama" dit Bassel, homme d’affaire d’une quarantaine d’années qui a fait ses études aux Etats-Unis.
Les Irakiens résignés
L’étonnement et l’enthousiasme sont évidents ici comme partout dans le monde pour "l’Amérique qui change de couleur aujourd’hui", comme titrait mardi 4 novembre à la une "Al-Akhbar" quotidien libanais proche du Hezbollah et de l’Iran. Mais ici, on célèbre autant la belle victoire d’Obama que la défaite de McCain qui risquait de prolonger le cauchemar de l’ère Bush si dévastatrice pour la région. "Il ne fera pas de miracle", dit un avocat sexagénaire, "il a tant à rattraper après les désastres qu’on a connu avec Bush. Il a détruit l’Irak ! Pourquoi l’Irak ? L’Afghanistan, on peut comprendre après les attaques du 11 septembre et à cause de Ben Laden, mais l’Irak…". Les Irakiens sont sceptiques eux aussi. Ils sont près d’un million et demi, réfugiés en Syrie pour fuir la guerre américaine puis civile dans leur pays. Najat, ancienne chef ingénieur au ministère de l’Habitat a quitté Bagdad il y a trois ans avec son mari et ses trois enfants. "Que voulez-vous que ce nouveau président change ? L’Irak est devenu une colonie américaine pour très longtemps". Les promesses d’Obama sur un retrait des troupes d’Irak dans un délai de 14 mois ne sont pour elles que "propagande électorale pour séduire une opinion américaine désireuse de voire rapatriés ses jeunes soldats". Elle ne croit pas non plus aux chances de stabilisation intérieure du pays : "stabilité ? nous avons un proverbe irakien qui dit "aussi stable qu’une épingle sur une tablette dans un train en marche", voilà le genre de stabilité dont on parle, celle qui dure trois jours ou une semaine au maximum." Les deux jeunes filles de Najat ne partagent pas son désespoir. Elles ont fortement soutenu Obama et elles suivent des cours d’anglais intensifs au British Council à Damas pour pouvoir passer les tests d’admission dans les universités aux Etats Unis ou au Canada.
La Palestine attendra encore !
Obama ou un autre, comme toujours dans le monde arabe, c’est sur la question palestinienne que l’on attend un renouveau de la politique américaine. Depuis Gaza, le Hamas a tout de suite appelé le nouveau président à tirer les leçons des erreurs et des échecs de Bush, en montrant moins de partialité et de soutien pour Israël. Plus diplomate, le Président palestinien a exprimé l’espoir que le Président Obama puisse accélérer les négociations israélo-palestiniennes. "A peine la victoire d’Obama annoncée, voici que nos dirigeants se précipitent pour solliciter son attention chacun sur son problème" dit Farid, journaliste libanais. «Toujours nombrilistes, les Arabes ont tendance à oublier les priorités américaines d’Obama, rendues plus urgentes encore avec la crise économique." Beaucoup croient en effet que les élections américaines se font pour ou contre les Arabes. "C’est encore plus vrai pour les Libanais qui ne réalisent pas qu’ils ne sont pas le centre du monde"."C’est quand même fabuleux la démocratie !"Pas de miracle attendu donc dans cette région du monde qui hésite entre la prudence réaliste et le fatalisme habituel de "la politique américaine ne changera pas.» Un sentiment de soulagement est perceptible toutefois quant aux risques disparus de nouvelles guerres aventureuses contre l’Iran ou même la Syrie. Mais c’est aussi une question de génération. Les plus jeunes, plus mondialisés, apprécient à sa juste valeur cette victoire miraculeuse. On retrouve au Moyen Orient aussi une génération Obama.C’est pourtant une octogénaire damascène qui exprime ce que les jeunes ne disent pas clairement. En voyant à la télévision John McCain féliciter son concurrent, elle s’exclame "c’est quand même fabuleux la démocratie".
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