DIASPORABLOG
aime...
LA DANSE CONTEMPORAINE ISRAËLIENNE
FESTIVAL DE DANSE DE MOTPELLIER 2008
Performeuse particulière
INTERVIEW DE YASMEEN GODDER
Propos recueillis par Mathieu Laviolette-Slanka pour Evene.fr -
Juin 2008
A cheval sur les cultures, dépassant les genres classiques de la scène, Yasmeen Godder pratique l'art délicat de la performance. Invitée de l'édition 2008 du festival Montpellier Danse, elle y présente sa dernière création, 'Singular Sensation', pièce qui met en évidence les contradictions de notre société où masse et individualité s'affrontent.
La scène israélienne, de plus en plus présente en Europe, met à jour des talents que la distance culturelle avait jusqu'alors dissimulés aux yeux occidentaux. Transcendant le temps et les mots par le mouvement, des chorégraphes comme Emmanuel Gat ou Yasmeen Godder apparaissent comme les vecteurs d'une pensée universelle, condensation de cultures et d'inspirations multiples. Lauréate de nombreux prix nationaux et internationaux, la chorégraphe développe un langage du corps bien particulier, refusant le principe d'une écoute passive de la part du spectateur. Quitte à le déranger dans ses attentes pour mieux le réveiller. Dans 'Singular Sensation', elle analyse l'acte de regarder et la place de l'individu dans un groupe où plaire est un principe, voire une nécessité.
Voir l'événement 'Singular Sensation
'Vous vous situez au croisement de nombreuses cultures. Vous sentez-vous représentative de l'une d'entre elles ?
C'est une situation intéressante. J'ai grandi en Israël et à New York, et mes grands-parents sont originaire d'Europe et du Moyen-Orient. J'ai donc toujours eu le sentiment d'être animée par une identité très complexe. C'est pour cette raison que je ne me rends pas bien compte de la portée réelle de mon influence au sein d'une "culture israélienne". Cependant, j'ai vécu pendant ces neuf dernières années en Israël, j'y ai la plupart de mes racines et je suis à la fois touchée et très impliquée dans le fait d'y vivre et d'y travailler. Donc si j'ai effectivement un rôle de figure représentative - avec laquelle je ne suis pas toujours à l'aise -, je suis surtout heureuse de pouvoir ouvrir une fenêtre sur les différents courants artistiques et les nombreuses voies culturelles qui s'élèvent dans ce pays.
2008 est le soixantième anniversaire de la fondation de l'Etat d'Israël. En voyez-vous des répercussions dans votre travail ?
Personnellement, je ne suis pas sûre que la danse, en général, soit réellement concernée par les événements politiques. Certains artistes ne peuvent assumer leur acte de création qu'en étant complètement impliqués dans une démarche de dénonciation ou d'analyse de l'actualité ; d'autres non. Il y a quelques années, j'ai monté une pièce directement inspirée d'une situation réelle : 'Strawberry Cream and Gunpowder'. Pour être exacte, c'était plus une pièce sur la représentation et la réception des événements politiques que sur ces événements mêmes.
Considérez-vous la danse comme un instrument de paix ou bien comme un combat ? Peut-être même comme un combat pour la paix ?
J'adhère tout à fait à cette notion de "combat pour la paix". Il y quelque chose dans la danse et dans les travaux que je mène qui ressemble à un rituel de purification et d'ouverture de nous-mêmes... C'est sans doute pour trouver "notre" paix. C'est comme si nous devions lutter et nous battre pendant toute l'élaboration d'un spectacle pour atteindre une sort de sérénité. Il en va de même pour le spectateur qui vient nous voir pour faire l'expérience de quelque chose qui, peut-être, ne sera pas facile à entendre ou même à comprendre mais qui, j'espère, lui permettra de s'ouvrir au monde tout comme de trouver un apaisement.
Pouvez-vous expliquer le concept du "contact-improvisation" ? Pourquoi avoir choisi de travailler à partir de cette technique ?
Ce n'est pas l'aspect le plus fondamental de mes travaux. Mais je reconnais que lorsque j'ai commencé à l'étudier, cette technique m'a ouvert des perspectives immenses, à l'instar d'autres techniques d'expression physique, comme l'utilisation du poids, de l'espace et de la dynamique d'un groupe en train de danser. J'y ai trouvé un moyen de travailler avec mes partenaires tout en développant des mouvements très personnels, en jouant avec mon poids et mon élan. Aujourd'hui, ce principe est profondément ancré en moi comme tous ceux que j'ai appris et ce sur quoi j'ai travaillé jusqu'alors. Mais je ne cherche pas particulièrement à en faire la preuve sur scène !Votre travail est construit sur la performance. Ne pensez-vous pas que le public puisse parfois avoir du mal à vous suivre dans cette voie ?Je ne crois pas que ça puisse éloigner les gens de mon travail, peut-être même au contraire. J'aime l'idée de travailler d'un endroit où tout est possible, où le corps ne se limite à rien. Le mouvement, la voix, un concept ou l'association avec d'autres éléments de la structure - des murs ou n'importe quel autre matériau - sont autant de chemins vers une nouvelle création dans le mouvement. Pour moi, c'est un moyen d'ouvrir sa perception à l'acte de la performance. Je ne veux pas me restreindre à une création réduite à la scène. Souvent, je me fais violence et tente de dépasser ma conception même de la danse. Le mouvement est un art, et cette question du déplacement en tant qu'art investit chacun de mes travaux.
suite sur :
http://www.evene.fr/theatre/actualite/interview-yasmina-godder-singular-sensation-israel-1409.php
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire