"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, juillet 12, 2007

PASSERELLE
Source : lefigaro.fr
en ligne le 12 juillet


Juifs et Arabes de France,
un combat commun
Par Isabelle Wekstein-Steg,
avocat à la cour,
et Souâd Belhaddad,
journaliste, écrivain et comédienne.

Il y a trois ans, lorsque, dans notre pays, il y a eu une recrudescence d'actes antisémites, nous avons éprouvé le besoin de nous rencontrer. Nous ? Deux Françaises attachées à nos valeurs républicaines tout autant qu'à nos identités respectives juive ou arabe, et bien déterminées à lutter contre le communautarisme.
Nous rencontrer, donc, pour comprendre. Non pas les raisons de cet antisémitisme puisque, outre le condamner, nous considérons qu'il ne peut y en avoir aucune justification possible, mais comprendre comment nous en étions arrivés là. Et soulever cette interrogation : le conflit israélo-palestinien, même si nous avons des divergences à son sujet, doit-il nécessairement faire de nous des ennemis en France ? La guerre, la vraie, avec bombardements, explosifs, attentats, n'a pas lieu sur notre territoire hexagonal, que nous sachions. Alors, au nom de quoi la transposer ? Du communautarisme ? Qui ferait ainsi que l'agression contre tout porteur de kippa dans les rues de Paris serait motivée ?
Non, pour nous, le conflit n'a pas et n'aura pas lieu en France. Plus que de se diaboliser, Juifs et Arabes de France ont un combat commun à mener : celui contre les discriminations que les Français issus de l'immigration subissent au travail, dans l'accès au logement, aux boîtes de nuit. Celui contre les préjugés qui ont amené à la mort atroce d'Ilan Halimi, « forcément » riche parce que Juif. Celui contre le communautarisme présenté comme une nouvelle identité antirépublicaine. Celui contre le tabou des mots qui permet à un humoriste et à des hommes politiques de parler sans grande incidence, de la Shoah comme pornographie mémorielle, de Juifs coupables de l'attentat de Copernic, des harkis comme de sous-hommes...

On croit pouvoir tout dire, sous prétexte qu'on a le droit de tout penser. Et on voudrait que notre jeunesse retrouve d'elle-même le chemin de la République lorsqu'elle l'a perdu ? Nous avons donc décidé de partager nos positions en nous rendant dans des classes de Seine-Saint-Denis et de Paris, dans des établissements publics, privés, laïques, juifs, où le corps professoral nous accueille chaleureusement. Nous, nous croyons au tabou du verbe et au repère de la loi, et nous voulons réintroduire et l'un et l'autre dans l'espace des écoles. Rappeler que le racisme, l'injure antisémite, ce n'est pas une opinion, c'est une infraction. « Qui est la Juive ? Qui est l'Arabe ? Qui est l'avocate, qui est la journaliste ? Qui est Souâd, qui est Isabelle ? À quoi le décidez-vous ?.. » Nos interventions commencent toujours ainsi. Notre volonté ? Rompre la banalisation du préjugé, des blagues et des insultes sur l'origine des uns et des autres et transmettre notre forte conviction que la lutte contre les discriminations est un devoir républicain qui ne doit pas dépendre de notre seule appartenance à une communauté. Pas question de défendre la mémoire de la Shoah seulement si on est juif, la mémoire de la colonisation et de l'immigration uniquement si on est maghrébin ou celle de l'esclavage si on est noir. Nous refusons cette concurrence des mémoires : il y a une place pour tous dans la République, si tous se sentent concernés les uns par les autres.

Mais être concerné par tous ne veut pas dire amalgamer toutes les mémoires. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de hiérarchie entre elles qu'il n'y a pas de différences. Aussi, il ne s'agit pas de mettre en miroir antisémitisme, racisme, discriminations. Longtemps, nous avons pensé que notre action n'était qu'une goutte d'eau. Sans la prétention naïve de changer les choses. La tâche est trop grande, et nous sommes trop peu armées. Mais nous pensons que les éventuels « territoires perdus de la République » ne le sont pas à jamais, si de telles initiatives se multiplient

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