"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, mars 12, 2007

DIASPORABLOGJ
YETAIT...

CEREMONIE DU BICENTENAIRE
DU GRAND SANHEDRIN
A L'HOTEL DE VILLE DE PARIS


C'est sous les lustres scintillants de la grande salle de réception de la Mairie de Paris, là-même où Napoléon réunit deux cents ans plutôt le Grand Sanhédrin qui permit à la communité juive de l'époque de s'organiser en tant que communité religieuse tout en restant fidèle à l'Empire Français, puis plus tard à la République Française, que s'est déroulé, hier dimanche 11 mars, la célébration du Bicentenaire du Grand Sanhedrin, sur l'égide du Maire de Paris, Bertrand Delanoë, et l'initiative de Joël Mergui, Président du Consistoire de Paris. Structure crée au lendemain de cette réunion voulue par l'Empereur.

Ce fut, partagés par près de deux mille convives, de grands moments d'émotion et d'hommage à la communauté juive de France pour sa contribution à l'édifice de la nation française, comme la plupart des intervenants (Philippe Landau, le Ministre Renaud Dutreil, le Grand Rabbin de Paris, David Messas, le Grand Rabbin de France Joseph Sitruck, Bernard-Henri Lévy) l'ont rappelée, avec beaucoup, il faut bien le dire, de sincérité, au cours de leur discours.

Pour bien faire sentir, l'atmosphère chaleureuse, pleine d'affections et l'esprit de concorde dans laquelle a eu lieu cette journée, nous publions intégralement les deux principaux discours qui l'ont marquée . Celui de Joël Mergui et celui de Mme Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Défense, emprunt de reconnaissance et de respect à l'égard des Juifs de France qui malgré "les vicissitudes que leur a fait subir l'Histoire de leur pays" comme l'a souligné Joël Mergui dans son intervention, à l'ouverture de cette célébration, ont voulu garder la France dans leur coeur en en faisant leur Patrie.

Voici donc le discours de Mme Alliot-Marie, Ministre de la Défense, dans son intégralité grâce à l'aimable autorisition du conseiller de presse au Ministre de la Défence :




Discours de Michèle Alliot-Marie,
Ministre de la Défense
prononcé le 11 mars 2007

à l’occasion du bicentenaire du Grand Sanhédrin











Le 200e anniversaire du Grand Sanhédrin commémore l’arrivée du judaïsme parmi les religions organisées et reconnues par l'Etat. C'est l’apport de la France napoléonienne au judaïsme présent dans notre pays depuis deux millénaires.
Le message du premier ministre, la présence du ministre des PME et la mienne témoignent de la part que le Gouvernement et au-delà la République tout entière prennent à cet anniversaire.
Ce colloque que les Consistoires ont organisé est l’occasion de marquer la reconnaissance de la Nation française à la communauté juive de France pour tout ce qu’elle lui a apporté, tout ce qu’elle lui apporte encore aujourd'hui, et tout ce qu’elle lui apportera.
Cette journée est aussi celle du dialogue et de l'échange, à un moment où la France, en proie aux difficultés de toute société en croissance, réfléchit sur ce qu'est sa propre identité, profitant d’une époque charnière propice au débat.
L'histoire de votre communauté, son engagement sans réserve au service de la France et de la République, dans la fidélité à ses valeurs et à sa foi, est un exemple à méditer.
Le 9 février 1806 les représentants des communautés juives présentes sur le territoire national se réunissaient pour la première fois à l'invitation de l'Empereur Napoléon 1er. Cette rencontre marquait l'acte de naissance de votre communauté en tant qu'institution. Deux cents ans plus tard, les Consistoires sont toujours présents, représentatifs et actifs.
Certes, il y a 200 ans, la Déclaration des Droits de l'homme avait proclamé l'égalité de tous, ouvrait une ère nouvelle de liberté et de tolérance pour les juifs de France, comme pour les autres minorités religieuses présentes sur notre sol. Il fallait malgré tout compter avec le poids du passé.
Dans cette France, qui s'est construite peu à peu autour de la chrétienté et de l’Etat, l'ostracisme et les préjugés à l'égard des juifs ont marqué quinze siècles d'histoire. Ce furent les règlements restrictifs et les mesures d'exception ; l'interdiction faite aux juifs d'exercer un grand nombre de métiers ; le port obligatoire et infamant de signes distinctifs, telle la rouelle imposée par Louis IX, lointain ancêtre de l'étoile jaune de sinistre mémoire. Ce furent longtemps l’incompréhension, le mépris, les préjugés.
Certes, des îlots de quiétude et de sérénité ont toujours existé. Je pense avec fierté à ma région du pays basque avec les belles et prospères communautés que l'on appelait « portugaises » de Saint Esprit à Bayonne ou Peyrorade. Je pense au Comtat Venessin où les juifs du pape avaient un statut plutôt moins défavorable qu'ailleurs. Pour autant, sur l'ensemble du territoire, la situation était loin d’être idyllique.
Faire passer dans les esprits la pleine citoyenneté des juifs de France exigeait plus que la seule Déclaration des Droits de l'Homme. Voilà pourquoi l’obstination de l’Abbé Grégoire. Voilà pourquoi de longs débats seront encore nécessaires, des débats souvent passionnés, exprimant l'ignorance de ce que sont la foi et la culture juives, mais aussi l’élan et la générosité révolutionnaires. Ce sont les seconds qui finalement, l'emporteront.
Le décret du 27 septembre 1791 reconnaît enfin la citoyenneté aux juifs de France. Ce grand pas enfin franchi suscite une profonde reconnaissance parmi les juifs. Tout n'est cependant pas encore gagné. Il reste à vaincre les mythes, les préjugés et les peurs encore ancrés dans les esprits. Il reste, pour reprendre le credo de Jules Isaac et de Jacob Kaplan, à passer de l’enseignement du mépris à celui de l’estime. Il reste à faire passer les principes et les textes dans les faits et les habitudes de vie, dans les esprits et dans les cœurs. Un long apprentissage commence.
En homme de son temps, Napoléon exprime lui aussi méconnaissance et réserve à l'égard des juifs. En héritier des Lumières, il aspire à les mieux connaître et à comprendre la religion juive. C'est pourquoi il réunit le Grand Sanhédrin. Il questionne ses éminents représentants. Il donne ainsi aux juifs la possibilité de s’adresser à l’ensemble de leurs compatriotes.
La trame des questions posées aux juifs est simple : la stricte observance des traditions et des obligations de la foi juive permet-elle l'obéissance aux lois de la France ? Permet-elle aux juifs de prendre toute leur part de la vie nationale ? Les juifs en ont-ils la volonté ? Défendront-ils la Patrie en danger ?
Ces questions, et d'autres, dont la lecture peut nous choquer aujourd'hui tant elles traduisent une volonté de mainmise de l'Etat sur une religion, un soupçon de moindre fidélité à la Patrie, les deux siècles écoulés y ont répondu autant que les réponses formulées alors.
Oui, l'Histoire témoigne de l'engagement constant des juifs de notre pays au service de la France et de la démocratie. Engagement civique d'abord, avec l'action des Consistoires. Fidèles à leur devise « Patrie et Religion », ils mèneront, grâce aux rabbins s'exprimant et pensant en français, une action exemplaire en faveur de l'usage de la langue française, pour la participation des jeunes juifs au service militaire, pour la diffusion des vertus patriotiques.
Les juifs savent que la République, c'est pour tous la possibilité de vivre pleinement sa foi, ses convictions, ses traditions, pour peu que l'on accepte et respecte ses lois. Sur le chapitre des devoirs, le Grand Sanhédrin réaffirme le « la loi de l’état est la loi », ce qui est une façon de conjuguer fidélité à la France et au judaïsme.
Engagement patriotique aussi, dès que la Nation est en péril, et chaque fois que la Nation est en péril. Que de sang versé pour la France, et en particulier au cours de la Grande Guerre ! Il suffit pour s’en convaincre de contempler en la synagogue de la Victoire le lourd alignement des quatre immenses plaques de marbres gris portant les noms de centaines de juifs de Paris qui ont donné leur vie pour la patrie.
Ce sacrifice rendra d'autant plus inimaginable pour les juifs français ce qui adviendra plus tard pendant les années sombres de la deuxième guerre mondiale.


Tous ici, nous connaissons l’extraordinaire lettre de Maître Pierre Masse à Pétain juste avant sa déportation et son assassinat à Auschwitz : « Dois je reprendre sa légion d’honneur à mon neveu, mort au champ d’honneur… ».
La voix du Président de la République Jacques Chirac lors de son discours du Vel d'Hiv en 1995, résonne encore dans nos mémoires et dans nos coeurs.
Trahissant les valeurs, le génie, la parole donnée, la mission même de la France, l'Etat français et le gouvernement de Vichy se firent les complices de l'indicible. Mais il y eut également les lumières portées par les Justes que le Président de la République a honorés au nom de la France le 18 janvier dernier au Panthéon. Ces femmes et ces hommes ont sauvé trois quart de la communauté juive de France. Ils ont également sauvé l'âme de la France.

Civique, patriotique, l’engagement des juifs français est aussi intellectuel, culturel, spirituel. La France qui créée, la France qui invente, la France qui porte haut ses couleurs au sein de l’Europe, ne serait pas ce qu'elle est sans eux. Ils ont apporté à notre pays l’humanisme, la spiritualité, l’imagination, la capacité de rêver qui sont, depuis toujours, depuis le Joseph biblique qui interprétait les rêves du Pharaon, l'essence même du judaïsme.
Quel meilleur démenti pour tous ceux qui croient que l'identité se nourrit de l'identique ! Les juifs présents depuis des siècles sur notre sol, ceux qui, plus tard, les rejoindront, venant d'Europe de l'Est, d'Afrique du Nord, qu’ils soient citoyens français comme en Algérie depuis le décret Crémieux, ou non, comme ceux du Maroc, de Tunisie et d'ailleurs, tous ont apporté avec eux leurs traditions, leur sensibilité, leur histoire, leur génie. Ils ont pleinement contribué à la diversité et à la richesse de la France, au creuset qu'est la France dont, justement en hébreu, le nom Tsarfat désigne un creuset d'orfèvre.


Mesdames et Messieurs,

L'histoire du judaïsme de France parle à chacun d'entre nous. Elle nous impose la plus extrême vigilance. Nous savons qu’il n’est pas de mots innocents. Elle nous invite toujours à l'espérance et à la confiance.
Les juifs de France montrent que l'on peut vivre sa foi, ses traditions, sa culture, transmettre ses principes et son identité, tout en se reconnaissant dans les valeurs de la République et en aimant passionnément sa patrie.
Les jeunes polytechniciens, présents ici en grand uniforme, illustrent cette fidélité à la France en ce qu'elle produit de meilleur et à leur foi, « pour la Patrie, les sciences et la gloire », selon la devise de leur école.
La France que nous aimons, que nous voulons, n'est pas et ne sera jamais une mosaïque de communautés juxtaposées. C'est une Nation ouverte, généreuse, mais inflexible sur les valeurs qui la fondent.
Parmi ces valeurs, il y a l'idéal d'intégration. Et je dis bien ici, intégration, et non assimilation. C'est ce distinguo si ténu mais si important que Napoléon lui même a eu du mal à comprendre, mais deux cent ans de pratique lui ont donné raison d'avoir organisé un culte qui a su rester fidèle à sa vocation religieuse et fidèle à la France.

Aujourd'hui, les Consistoires sont les antidotes contre le communautarisme, car votre foi ne vous rend pas moins citoyen, bien au contraire.
Comme le présentait Napoléon, les juifs ont participé à la grandeur nationale et ils le feront encore longtemps.

Après l'interprétation par les Chœurs de notre armée, que j'ai eu plaisir à faire venir, d'une pièce en hommage à Napoléon et d'une pièce en hommage à la sortie de la Thora, c'est à dire au judaïsme, je leur laisse avec la Marseillaise, le dernier mot qui nous rassemblera tous.

C'est bien la vocation de la République de rassembler tous ses enfants.

Aucun commentaire: