PRESIDENTIELLE 2007
PASSERELLE
Source : liberation.fr en ligne le 19 février
Arrivé au second tour de l'élection de 2002,
le leader du Front national entend rééditer
sa performance en s'appuyant
sur de nouveaux électorats.
Aller au même rythme qu'il y a cinq ans. Et tenter d'élargir l'éventail de son électorat potentiel. Ce vendredi, une centaine de personnes se pressent devant le cimetière chinois de Noyelles-sur-Mer dans la baie de Somme et attend Jean-Marie Le Pen. Il vient rendre hommage aux 849 coolies enterrés là, débarqués avec les troupes anglaises lors de la Première Guerre mondiale. Les militants se mêlent aux habitants du bourg, dans un vent cinglant. De banquets patriotiques en déplacements sur des thèmes choisis, Le Pen reste persuadé que tout se jouera dans la dernière ligne droite. Convaincu également que les électeurs d'hier referont le même geste demain. Là, ce sont les 450 000 membres de la communauté chinoise qu'il courtise . «Ségolène Royal est allée sur la Muraille de Chine. Comme je ne peux pas me le permettre, j'ai tenu à leur rendre hommage dans ce petit coin de Chine en Picardie», se justifie-t-il.
S'il vient jauger sa popularité sur une terre qui ne lui fera pas défaut cette année encore, Le Pen ne néglige aucune catégorie de population. A l'heure de l'apéritif, ce vendredi, autour du chef, toute cette petite foule se retrouve au Rio, un thé dansant. Son patron, Daniel Lefebvre, juge que, «maintenant, il faut quelqu'un d'autorité. Le Pen est un homme politique respectable et responsable». Pour se hisser au second tour de la présidentielle, Le Pen doit renforcer son assise électorale. A la barre de cette manoeuvre de séduction tous azimuts, Marine Le Pen, directrice stratégique de la campagne. Désormais Le Pen se présente comme un homme de «centre droit» et joue sur la fibre républicaine. Dans son discours de Valmy, en septembre, largement inspiré par sa benjamine et par l'essayiste Alain Soral, il lance une invitation aux «Français d'origine étrangère» à le rejoindre. L'affiche avec une jeune Beurette, la visite de Dieudonné à la fête Bleu-Blanc-Rouge en novembre, les appels à voter Le Pen à destination des jeunes de banlieue lancés par des proches du fantaisiste ou encore les propos du rappeur Rost avouant que, entre Le Pen et Sarkozy, son choix se porterait sur le président du FN, tous ces coups bien orchestrés peuvent lui laisser espérer les suffrages de nouvelles catégories socioprofessionnelles. «Des jeunes diplômés ainsi que des cadres moyens manifestent aujourd'hui leur intention de voter pour Le Pen. C'est un phénomène nouveau», observe un responsable du FN. En 2002, Le Pen a conquis un électorat rural jusque-là rétif. Cette fois, ce sont les urbains, habitants des villes moyennes, les petits cadres, qu'il vise. Les électeurs de 2002 devraient, eux, répondre une nouvelle fois présents.
«Dans ce qu'il dit, il n'y a pas que des bêtises. Beaucoup qui ont critiqué ses slogans reprennent aujourd'hui ses idées», explique Claude Lemaire, adjoint au maire de Noyelles qui dissimule à peine son intention de rééditer son vote de 2002. Il y a cinq ans, au premier tour de la présidentielle, ce petit village rural de 280 habitants avait accordé plus de 20 % de ses voix au leader d'extrême droite. Au second tour, conforté par le vote des chasseurs, Le Pen a recueilli près de 22 % des suffrages dans la Somme. «J'ai voté le Pen pour la première fois en 2002 pour dire aux autres d'arrêter de se foutre de notre gueule. Visiblement, ils n'ont toujours rien compris alors je vais remettre ça parce que les problèmes, eux, ils restent les mêmes», s'emporte Jacques, ouvrier au chômage, chasseur et simple électeur lepéniste. Tranquillement, sans tambours ni trompettes, Le Pen engrange.
Christan FORCARI
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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