DEBATTONS
L'ENQUETE DE LACROIX
3è volet
Les Religions face à la critique
LE JUDAISME
Des affaires récentes
S’il n’y a pas eu, à proprement parler, d’« affaires » qui ont fâché les juifs depuis ces vingt dernières années, ceux-ci souffrent cependant régulièrement de paroles et d’actes antisémites, plutôt en progression, qu’il s’agisse de violences faites aux personnes, de synagogues brûlées, de tombes juives saccagées… « Le judaïsme accepte toute critique et toute liberté d’expression tant qu’on ne franchit pas la ligne jaune », précise Haïm Musicant, directeur général du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Les juifs souffrent aussi de l’amalgame qui est souvent fait entre Israël et le judaïsme. Or « Israël n’est pas un État juif », souligne le rabbin parisien Haïm Korsia. Et surtout, lorsque des images des conflits entre Israéliens et Palestiniens se focalisent sur des soldats israéliens frappant des enfants. « Ce genre d’infos télévisées, quand il y a dérapage, nous renvoie au mythe des crimes rituels des juifs, résume Haïm Korsia. On ne peut rien contre ça, car c’est complètement irrationnel et injuste. »
Les points sensibles
Les sujets qui font mal, du côté juif, concernent surtout l’histoire et la mémoire millénaire de ce peuple. « On a été pourchassés, exilés, tués, brûlés pour ce que nous étions, rappelle Haïm Musicant, si bien que toute menace pouvant rappeler ce passé nous replonge dans une crainte existentielle. » Ainsi, la Shoah reste pour tout juif un sujet extrêmement « sensible ». Dans ce domaine, « il y a deux choses inacceptables, ajoute Haïm Korsia : sa banalisation, qui consiste à voir des ‘‘Shoah’’ partout, et son inversion, qui consiste à dire que les victimes sont devenues bourreaux, ou que victimes et bourreaux finalement, c’est la même chose ».Des questions, comme le statut de la femme dans les communautés ultraorthodoxes, ne sont guère évoquées publiquement, sinon par des écrivains ou cinéastes juifs.
Le statut de la critique
Pour autant, le judaïsme n’a jamais réagi par la violence à ce type d’attaque contre sa mémoire. Il faut dire que, dans le judaïsme, on a l’habitude, de longue date, de l’autodérision. Preuve en est le nombre infini d’histoires de Moïse, du roi David ou de rabbins qui sont racontées par les juifs eux-mêmes. D’ailleurs, chaque année pour la fête de Pourim, il est permis – et même recommandé ! – de boire du vin jusqu’à perdre la tête pour mieux se moquer de toutes les figures d’autorité. Dans les écoles rabbiniques, les élèves singent leurs enseignants ; dans les familles, les enfants se moquent de leurs parents ; et en Israël, c’est dans la rue qu’on se moque des hommes politiques. Le judaïsme encourage donc le débat en son sein.
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