"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

jeudi, septembre 14, 2006

PASSERELLE

Source : liberation.fr
en ligne le 14 septembre



A Gaza, le désespoir
au bout des fusils

Les businessmen appellent les politiques à réagir pour en finir avec le chaos économique.

Par Didier FRANÇOIS


Jamais article de presse n'aura fait autant de bruit dans le microcosme politique palestinien. La tribune de Ghazi Hamad intitulée «Gaza est contrôlée par des bandits» reste au centre de toute discussion, de chaque débat. Deux semaines après sa publication sur un site Internet, l'analyse au vitriol de ce journaliste au caractère bien trempé nourrit encore d'innombrables controverses sur les forums électroniques. L'ancien rédacteur en chef du magazine Rissala, revue théorique très proche du mouvement islamiste, ne ménage pas ses critiques. «Marchant dans les rues de Gaza, je m'oblige à fermer les yeux pour ne plus voir l'inimaginable chaos qui y règne, l'indifférence des policiers devant ces jeunes garçons en armes qui paradent avec fierté et ces familles en deuil qui reçoivent des condoléances pour un proche tué au milieu de la rue.» La charge est rude. «Gaza souffre sous le joug de l'anarchie et le sabre des bandits», poursuit Ghazi Hamad, semblant oublier qu'il a lâché sa profession d'éditorialiste depuis déjà neuf mois, pour devenir le porte-parole du gouvernement du Hamas et la voix officielle de son Premier ministre, Ismaïl Haniyeh.
Faiblesses. «Je voulais juste attirer l'attention de notre peuple sur le fait que nous souffrions de l'accumulation d'une multitude d'erreurs commises par tous les partis, toutes les factions, jure-t-il sans jamais se départir d'un grand sourire. Et afin de pouvoir repartir du bon pied, il faut arrêter de rejeter toute la responsabilité de notre situation sur l'autre.» Entendez sur le puissant voisin israélien. Plus que la description sans complaisance du chaos gazaouite, l'originalité du texte de Ghazi Hamad tient dans sa tentative d'analyser sans fard les faiblesses de la société palestinienne. «Nous avons toujours peur de parler de nos erreurs, que nous avons l'habitude d'attribuer à la seule occupation, regrette-t-il. Nous restons prisonniers de ces théories du complot qui nous empêchent de réfléchir. Nous avons été contaminés par le virus de la bêtise, avons perdu notre boussole et ne savons plus dans quelle direction nous diriger.» Ghazi Hamad ose surtout s'attaquer à un tabou en dénonçant la conception purement militaire de la résistance à l'occupation qui s'est développée au cours des six dernières années d'intifada, au détriment des stratégies de résistance civile qui avaient conduit au succès de la première «révolte des pierres».
«La vie est devenue un cauchemar, un fardeau insupportable», écrit ce héraut autoproclamé d'un courant de pensée bien réel de la société palestinienne, qui a ses partisans jusqu'au sein du Hamas. «Ayez pitié de Gaza, ayez pitié de nous et faites-nous grâce de votre démagogie, de votre chaos, de vos armes, de vos fripouilles, de vos affrontements, demande-t-il aux diverses milices. Laissez Gaza respirer un petit peu. Laissez-nous vivre.» Un tel appel public n'a pas été du goût de tous les cadres du mouvement islamiste. «Cet article ne représente ni les principes ni les positions du Hamas, gronde Khalil Abou Leïla, l'un des théoriciens de l'organisation. Il ne doit être ni accepté ni soutenu.» Néanmoins, ce dirigeant orthodoxe reconnaît lui-même que le Hamas «n'a pas avancé d'un pas dans la résolution du problème de sécurité qui empoisonne la vie de nos concitoyens». Le rétablissement de l'ordre était pourtant l'une des promesses électorales centrales des islamistes. Et la direction du Hamas doit désormais répondre aux exigences d'une bonne partie de sa base traditionnelle, issue de la petite bourgeoisie commerçante et pieuse, plutôt conservatrice, effrayée par les conséquences que fait peser sur l'économie et sa sécurité l'enthousiasme bien plus révolutionnaire des jeunes miliciens des camps de réfugiés.
L'ensemble des associations d'hommes d'affaires de Gaza a ainsi emboîté le pas à Ghazi Hamad. Dans un appel lancé ce week-end «aux forces nationales et islamiques», l'état-major qui coordonne, autant que faire ce peut, les opérations des groupes armés, la chambre de commerce et de l'industrie plaide en faveur d'un arrêt des attaques sur le terminal commercial de Karni. En réponse aux menaces qui pèsent sur ce poste de douane, unique point de passage pour les marchandises en direction ou en provenance de Gaza, les autorités israéliennes ont maintenu fermées les installations en moyenne une journée sur deux au cours des neuf derniers mois. Et les délais imposés par les fouilles minutieuses des conteneurs lors de ces périodes d'ouverture réduisent le trafic à 30 % de sa capacité. Un vent lourd, brûlant, chargé de sable, de sacs plastique, balaie les étendues désertes de la zone industrielle. Pas un camion à quai devant les plates-formes de chargement, aucun ouvrier aux portes des usines closes. «En temps normal, 2 000 personnes travaillent ici et ces hangars ressemblent à une ruche, explique Bashir Rayes, le directeur de la zone franche. Aujourd'hui, c'est une ville morte.»
«Décisions courageuses». Depuis le début de la seconde Intifada, en septembre 2000, les groupes armés ont planifié au moins cinq attentats contre le terminal de Karni. La dernière tentative d'utiliser une voiture bourrée d'explosifs pour la lancer comme un bélier contre les installations bétonnées et cernées de miradors a été déjouée, le 26 avril. «Nous sommes ceux qui donnent à Israël les excuses pour maintenir son blocus économique contre Gaza, regrette Mohammed al-Qidwa, l'un des dirigeants de la chambre de commerce de Gaza. Les points de passage ne peuvent pas fonctionner sans sécurité. Et sans point de passage, les industriels délocalisent leurs activités à l'étranger. Ces délocalisations affectent 30 000 emplois. Il est donc grand temps que les forces nationales et islamiques prennent des décisions courageuses pour empêcher les forces d'occupation de poursuivre leur siège.»

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