EXCLUSIF
DIASPORABLOGJ REPREND LA LETTRE QUE NOTRE CONFRERE ANTOINE SPIRE A ADRESSE, IL Y A UNE SEMAINE ENVIRON, A LA DIRECTRICE D'UN FESTIVAL DE DOCUMNTAIRES ET PUBLIEE EN EXCLUSIVITE SUR www.diasporablog2.canalblog.com
DIASPORABLOG2 PUBLIE EN EXCLUSIVITE LE COUP DE COLERE DU JOURNALISTE ANTOINE SPIRE, ANCIEN PRODUCTEUR DE FRANCE-CULTURE, COLLABORATEUR DE PLUSIEURS MEDIAS DE LA COMMUNAUTE JUIVE, DONT LA REVUE PRESTIGIEUSE "L'ARCHE", PROCHE DES MILIEUX DES DROITS DE L'HOMME.
SA COLERE SE PORTE SUR UNE DECISION D'UNE RARE BRUTALITE DANS UN SECTEUR D'ACTIVITE OU GENERALEMENT LA LIBRE EXPRESSION ET LE DEBAT DOMINENT L'ESPRIT PARTISAN, LA CULTURE.
LE CAS PRECIS QUI EST EXPOSE DANS LA LETTRE QU'ADRESSE ANTOINE SPIRE A LA DIRECTRICE D'UN HAUT-LIEU DU DOCUMANTAIRE, LUSSAS, MET A MAL LE MONDE DES FESTIVALS ET DES DIFFUSEURS DE PRODUITS CULTURELS. C'EST AUSSI UN MAUVAIS COUP ASSAINE A LA DEMOCRATISATION DE LA CULTURE.
Bernard Koch
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ANTOINE SPIRE
79 avenue Danièle Casanova
94200 – IVRY
Mail : a.spire@wanadoo.fr
A Madame Pascale Paulat, directrice
des Assises du documentaire de Lussas
Paris le : 30 Aout 2006.
Chère Madame,
Depuis plus de 10 ans, j'assiste aux Etats Généraux du film documentaire de Lussas ; dans l'ensemble, je suis attaché à la qualité de la manifestation. Sans doute vous souvenez vous qu'ayant contribué à l'animation de quelques séminaires (mémoire, la pensée dans le documentaire ) j'avais amené à Lussas Armand Gatti et Jacques Derrida.
Je voudrais vous dire combien j'ai été choqué par la décision que vous avez prise concernant la déprogrammation de documentaires israéliens. L'an dernier, malgré les retombées de la guerre Iran Irak, vous n'aviez pas déprogrammé de documentaires iraniens pour les remplacer par des documentaires irakiens. Cette fois vous l'avez fait au prétexte de l'urgence de l'actualité. Cela vous a conduit à sacrifier des documentaires pour passer des "ciné-tracts " libanais et israéliens. Le temps de la création ne peut pas être le même que celui de l'actualité. Mais, en remplaçant des documentaires israéliens par des documentaires libanais et palestiniens , vous avez décidé d'écarter des films et des cinéastes invités;ce choix revient à censurer des créateurs qui n'en peuvent mais ,pour la seule raison de leur identité nationale. C'est d'autant plus inadmissible que la totalité des cinéastes israéliens prévus sont des réalisateurs légitimement très critiques par rapport à la politique de leur gouvernement. Vous auriez pu profiter au contraire de ces 3 jours consacrés aux docus israéliens pour faire naître un véritable débat (quitte à projeter des films libanais ou palestiniens en plus mais sans rien supprimer de la programmation prévue:D'autres sections du festival auraient pu être raccourcies sans grand dommage
D'où un résultat absurde : la juxtaposition de films israéliens libanais et palestiniens tous engagés dans la même direction : la critique du gouvernement israélien. En Israël, même en temps de guerre, d'autres problèmes se posent à la société et aux individus dont les documentaristes continuent de rendre compte : problèmes sociaux, déclin des kibboutz, conflits de générations, rivalités séfarades / ashkénazes , présence des russes etc. Mais pour vous, tout doit passer par le filtre de la guerre ; l'un des responsables du cycle ayant même affirmé dans une interview qu'on ne peut pas s'intéresser à la poésie en temps de guerre.
Ce qui est grave aussi c'est que les spectateurs n'ont jamais eu la possibilité de donner leur point de vue sur cette déprogrammation : le débat démocratique a été soigneusement évité Vous lui avez préféré une conférence géopolitique sans rapport avec les documentaires projetés: inquiétante a été la tonalité de l'après midi dont vous avez confié la responsabilité à Marie José Mondzain ; son invité , Georges Corm, y a parlé plus de trois heures de temps ; les questions du public n'eurent leur petite place qu'après 2 heures 30 de conférence. Georges Corm y a défendu un point de vue extrêmement partial qui aurait mérité un vrai débat ; il a été jusqu'à dire que Hariri avait fait du Liban un lupanar – ce que le film libanais projeté le lendemain démentait explicitement sans qu'on puisse avoir la possibilité de le souligner pour les spectateurs ; Georges Corm a dit aussi que le Hezbollah était "comme une ONG", sa thèse étant que la responsabilité occidentale dans l'extermination des juifs pendant la 2e guerre mondiale n'avait aucune raison de peser sur les peuples du Moyen Orient, laissant entendre que la présence d'Israël au Moyen Orient pouvait être légitimement contestée par les peuples de la région.
Cette suite de fautes qui a occasionné, comme vous le savez, la réaction de spectateurs et de créateurs mais aussi le retrait solidaire de certains documentaristes israëliens m'amène à vous suggérer de réfléchir à ce que pourrait être une réparation de ces erreurs : vous pourriez programmer en 2007 les films israëliens prévus, ceux que vous avez censurés comme ceux qui ont été retirés par leurs réalisateurs.
Dans l'attente de votre réponse, je vous adresse l'expression de ma méticuleuse attention
Antoine Spire
Revue de presse, panorama du monde, blog de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, ouvert au dialogue, l'autre image d'Israël, la culture juive à la rencontre de toutes les cultures, le monde juif tel qu'il est.
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