"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, février 22, 2006


DéVéDé


LA BIBLE DEVOILEE
Documentaire d'Isy Morgensztern
et Thierry Ragobert

Coffret de 2 dvd
Editions Montparnasse



Pour diasporablogj,
L'AVIS DE MAURICE-RUBEN HAYOUN



Cette Bible dévoilée met une fructueuse et très instructive confrontation entre la Bible hébraïque et les recherches archéologiques ou épigraphiques à la portée du grand public cultivé, désireux de mieux connaître les sources et les fondements de la culture et de l'identité européennes (et par delà de l'humanité judéo-chrétienne). C'est tout le débat autour de la Bible conçue comme livre d'histoire ou recueil de légendes, ce qui, même dans ce dernier cas, n'ôte rien à son caractère fondateur puisque l'on sait que les récits légendaires et hagiographiques ont indéracinables du cœur de l'homme…De quoi s'agit-il dans ces émissions ? Il s'agit de savoir si le livre de la Genèse qui commence par rendre compte de la création de l'univers par la divinité et des premiers pas d'Israël sur la scène de l'histoire mondiale, incarné par le patriarche Abraham, est aussi conforté par le témoignage des pierres, c'est-à-dire par l'archéologie. C'est surtout le périple d'Abraham qui quitte sa région natale d'Ur en Chaldée qui retient l'attention. Cette pérégrination est censée avoir eu lieu, selon les sources bibliques, vers le XVIIIème siècle avant l'ère chrétienne. Or, les détails fournis par les textes hébraïques de la Genèse font intervenir des sites et des animaux qui n'étaient guère familiers à l'époque sus-dite. En revanche, on remarque, grâce aux témoignages archéologiques, que le recours au chameau, par exemple, comme bête de somme et moyen de locomotion, remonte, au mieux au VIIe siècle. Il y aurait donc de fortes chances pour que la rédaction de ces textes soit datée de cette époque et que les rédacteurs hébraïques aient parlé d'une époque reculée (XVIIIe siècle avant JC) en recourant à un paysage contemporain familier, le VIIe avant JC…La même remarque semble s'imposer pour le grand événement fondateur de la nation hébraïque, à savoir l'Exode ou sortie d'Egypte. Selon les sources, la datation nous mène vers la seconde partie du XIIIe siècle, mais là aussi, les toponymes mentionnés n'existaient pas à l'époque dite et surtout la présence de garnisons égyptiennes puissantes en terre d'Israël, notamment sur le site de Bet-Shé »an, plus d'un siècle après la conquête de Josué, laisse planer un doute sérieux sur l'historicité du récit. Est-il concevable que des soldats égyptiens, chargés de veiller à la sécurité des frontières, aient laissé s'échapper des esclaves fugitifs et que le Pharaon lui-même ait ensuite lancé sa cavalerie à leur poursuite ? Enfin, le nombre d'hommes en armes, 600. 000, paraît incroyable, d'autant qu'il faut y ajouter les femmes, les vieillards et les enfants, ce qui nous rapproche des 2 000 000 d'âmes. Il est peu probable qu'une telle saignée n'ait pas infligé à l'empire un irréparable dommage. Enfin, le livre de Josué est lui aussi placé sous la loupe des chercheurs et des archéologues. On ne trouve pas trace des fameuses murailles de Jéricho, renversées par les clameurs des soldats israélites et le souffle de leurs trompettes. Mieux, à cette époque, il semblerait plutôt que la ville ait été un champ de ruines, désertée par ses anciens habitants. Là encore, nous avons probablement affaire à une rédaction tardive située au VIIe siècle, dans les collines de Judée. Mais que se passait-il donc en ce temps là autour de Jérusalem ?La clé de ces énigmes semble être la volonté réformatrice etl'esprit conquérant du roi Josias qui entreprit une réforme religieuse en profondeur en 622 avant JC. C'est son école de chroniqueurs royaux qui fut chargée de réécrire ou tout simplement d'écrire une histoire officielle d'Israël afin de galvaniser les forces vives de la nation et de forger des figures héroïques -donc forcément légendaires- de l'épopée israélite. En réécrivant l'histoire dans un sens royaliste, en faisant du roi Josias le continuateur de l'œuvre des rois David et Salomon, on organisait le passé -que l'on voulait glorieux- et en le projetant dans un avenir exaltant à souhait. C'est ainsi que les règnes de David et de son fils Salomon sont décrits en termes dithyrambiques… Un seul exemple devrait suffire à illustrer cette tendance : d'une simple chapelle royale, forcément modeste, on fit un temple à vocation universelle, le temple de Jérusalem… Josias, le pieux et conquérant monarque, dut louvoyer entre deux puissances régionales redoutables, l'Egypte qui obsédait littéralement le landerneau politico-religieux de l'époque, et l'Assyrie qui, déjà en 702/01 (voir le livre du prophète Isaïe) avait administré au royaume du nord, celui d'Israël, une terrifiante leçon en le faisant disparaître de la scène de l'histoire. La ville de Lakhish fut elle-même assiégée et soumise, ce qui conduisit le roi de Judée, Josias, à accepter de payer un tribut à Sennacherib, fils du roi Sargon… Mais, paradoxalement, cette soumission politique alla de pair avec une ère d'expansion économique et de développement grandiose de Jérusalem, obligée, par ailleurs d'accueillir les flux de réfugiés du royaume détruit d'Israël… Lorsque la férule assyrienne fut enfin brisée et que le gros de l'armée d'occupation fut rapatriée à la suite de graves troubles ayant éclaté dans d'autres parties de l'empire, le roi Josias, incarnation de ce grand renouveau national, songea à reconquérir le royaume d'Israël, situé plus au nord, et à unifier sous sa bannière un grand royaume d'Israël et de Judée. Pour réaliser un tel projet, il fallait que le passé des Israélites fût peuplé de figures aussi héroïques que légendaires : d'où une véritable transfiguration du patriarche Abraham, de Moïse, de Josué et bien entendu de la monarchie davidique… Par malheur, l'Egypte qui avait sombré dans une profonde léthargie, sortit de sone engourdissement et le bon roi Josias fut mis à mort par le roi d'Egypte… Ce qui paraissait être à portée de main, cet avenir grandiose d'une nation réunie et confiante en son avenir, fut remis à beaucoup plus tard et inspira sans conteste les visées messianiques d'Israël. L'espérance juive allait connaître un sursis sans fin.Cette reconstruction de l'histoire de l'Israël antique est certes brillante mais repose aussi sur de nombreuses hypothèses qui ne manqueront pas, de connaître elles aussi, de cruelles remises en cause à la suite de découvertes archéologiques futures… C'est la loi du genre. Raison de plus de regarder avec soin ces brillantes émissions.



Maurice-Ruben HAYOUN

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